samedi 1 février 2014

Les angoisses du dimanche en fin d’après-midi - À proximité de Takayama

1179e jour - Nous nous sommes arrêtés dans ce village dont j’ai oublié le nom parce qu’Atsuko y avait repéré une pension. Nous avions prévu d’y passer la nuit avant de repartir, le lendemain, pour Fukui, notre but.
Nous sommes arrivés peu avant 16 heures. C’était un dimanche. Il faisait gris. À cause des montagnes qui dominaient la vallée, le village était déjà plongé dans l’ombre.
Tout était fermé. L’artère principale était déserte. Pas un son de machine, pas une présence humaine. Le seul bruit : celui de l’eau du ruisseau tonitruant qui longeait les habitations.
Nous avons traversé le village pour trouver la pension. Nous sommes passés devant des maisons sans savoir si elles étaient habitées (pas la moindre lumière visible de l’extérieur).


Un écriteau était accroché à proximité de l’entrée de la pension. Atsuko m’expliqua qu’il signifiait qu’exceptionnellement l’établissement serait fermé jusqu’à 18 heures. Elle proposa une promenade autour du village en attendant. Mais ce village vide, dans sa pénombre, m’angoissait.
J’ai proposé que nous reprenions la route – je me sentais suffisamment en forme pour rouler jusqu’à Fukui. Ce n’était pas tout à fait vrai mais je craignais trop de passer une minute de plus dans pareil endroit.
C’était il y a cinq, six ans. Depuis Atsuko est morte.
Souvent, il m’arrive de penser à cette halte d’un dimanche en fin d’après-midi, au bruit du ruisseau, à la fraîcheur de l’air, et à ces rues désertées. Et à chaque fois, aussitôt, le malaise est là. Je ne suis pas loin de considérer ce souvenir comme l’un des pires qui hantent ma mémoire.

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