vendredi 31 mai 2013

Le jeu du vivant et de la mort - Wuppertal




1051e jour - À Wuppertal, je ne fais pas le malin… À cause de Pina Bausch, bien sûr, et de l'estime que j'éprouve – même si je ne le connais pas parfaitement – pour son travail.

Je déambule dans la ville, les yeux grands ouverts. Je cherche des traces d'elle. Je passe devant le Tanztheater et, ailleurs, devant ses studios de répétition.
J'ai beau savoir que la compagnie poursuit sa route, c'est un peu comme si je me promenais dans un cimetière ou dans la maison d'une personne fraîchement décédée.
Cancer fulgurant. Pina Bausch est morte le 30 juin 2009, cinq jours après qu'on lui ait diagnostiqué la maladie.
Une semaine plus tôt, elle était encore sur scène. Elle semblait en forme.



Les paysages que j'arpente ont été enregistrés en 2008, août ou septembre. Pina Bausch était encore vivante.
Et donc. À chaque instant, là, au hasard d'une rue ou derrière la vitre d'un monorail suspendu, je pourrais la croiser (deviner sa silhouette, son visage). Ce genre de réflexion suscite l'émotion.
Je regarde comme peut-être je n'ai jamais regardé.
En fait, j'aimerais que pareille rencontre se produise et dans un même élan le redoute. Que ferais-je d’une pareille image ? comment arriverais-je à ne pas la rendre obscène ?

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jeudi 30 mai 2013

Souvenirs… - Macao











1050e jour - Que reste-t-il d'un voyage ? Combien d'éclats ? J'aimerais écrire là-dessus. Mais aujourd'hui – trop marché ? –, je n'en ai pas la force.

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mercredi 29 mai 2013

Le voyageur - Macao



1049e jour - Il a coupé l'eau, l’électricité. Il a jeté un œil au mot laissé sur le guéridon de l'entrée à l'adresse de sa voisine qui viendra arroser les plantes. Il a jeté un dernier regard à la check-list, histoire d'être sûr de ne rien oublier.
Il a vérifié que la valise était bien verrouillée. Il a vérifié qu'il avait bien intégré la clé des serrures de celle-ci à son trousseau.
Un dernier tour aux toilettes. La chasse d'eau qui se vide sans se remplir.
Un dernier regard, une fois habillé, prêt à partir, à sa silhouette dans le miroir de l'entrée.
Une grande aspiration. Un presque soupir. La valise empoignée. Et hop, le voyage pouvait commencer.
Il a marché jusqu’à l'arrêt des navettes pour l'aéroport – un quart d'heure d'un bon pas, en traînant derrière lui la valise.
Un autre quart d'heure à attendre avant que le car n'apparaisse dans le haut de l'avenue.
Un signe en direction du chauffeur…
La valise en soute…
Et voilà. La circulation est fluide (fluide pour Macao), il sera maintenant bientôt à l'aéroport. Il a de la marge. Il devrait se détendre. Oui, il devrait. Mais une question le hante : a-t-il bien pensé à fermer les fenêtres.
Le doute le ronge, pénible.
Il se dit qu'une fois arrivé à l'aéroport – et tant pis s'il se montre ridicule ! – il appellera sa voisine. Pour qu'elle vérifie.

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mardi 28 mai 2013

Termitière - Macao

1048e jour - TERMITIÈRE, subst. fém.

Nid de termites dont une partie émerge du sol sous forme d'un monticule de terre durcie pouvant atteindre plusieurs mètres, l'autre étant formée de galeries souterraines. Ah! que je voudrais m'arrêter, m'asseoir, ici, sur le flanc de cette termitière monumentale, dans l'ombre obscure de cet énorme acacia (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 847).
P. anal. Lieu où sont rassemblés et où s'affairent de nombreux êtres humains. Synon. fourmilière. On l'a réduit [l'ouvrier] à n'être plus qu'un quelconque animal-producteur dans cette termitière qu'est l'usine! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 155). Autour de lui, dans l'ombre du rez-de-chaussée, ça grouille, c'est une termitière, en levant la tête il voit des mains d'un bleu pâle sur la rampe et une longue spirale oscillante de visages bleus (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 253).

Prononc. et Orth.: [tε ʀmitjε:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1830 (Dict. class. d'hist. nat., t. 16, p. 130, col. a); 1914 p. métaph. (Barrès, Cahiers, t. 10, p. 388). Dér. de termite* prob. sur le modèle de fourmilière*; suff. -ière*. Fréq. abs. littér.: 40.

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lundi 27 mai 2013

Voir la Chine - Macao

1047e jour - Chaque jour, durant mon séjour, je suis allé aux frontières de la ville. À l'ouest. Au nord. Pour voir la Chine, la vraie.
Des heures à contempler – une vie si proche, si lointaine…

Chaque jour, je me suis demandé si les gens que j'apercevais, là-bas, de l'autre côté, rêvaient eux aussi de franchir la frontière.
Et que voyaient-ils du monde dans lequel je me trouvais ? Et comment jugeaient-ils, eux, la liberté que moi, enfermé dans ma cage, j'estimais avoir ?

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dimanche 26 mai 2013

Une ville où il fait bon vivre - Colorado Springs


1046e jour - Plus tard, la conversation a dérivé sur la vie à Colorado Springs. L'homme dit : C'est marrant, si j'en crois la presse, Colorado Springs est une ville où il fait bon vivre – un paradis sur Terre ! Il y a pas longtemps encore, il y a eu un de ces classements… ce palmarès où la ville était placée assez haut…
Son interlocuteur : Elle était classée à la première place !
Lui : Oui, oui, c'est ça. À la première place !
Un temps.
Je me doute bien que la vie peut être pire ailleurs. Mais moi, quand je me promène en ville – et je me promène chaque jour – ce que je vois c'est beaucoup de misère, des maisons abandonnées, des gens à la rue… Peut-être mon regard est-il sélectif. Ou peut-être cela est-il dû, comment dire… à ma conscience de gauche. Mais quand même !

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samedi 25 mai 2013

L'état du ciel - Colorado Springs

1045e jour - Toujours l'homme dans la nuit, toujours sa voix grave. Il dit : Je ne suis pas photographe mais je passe mon temps à prendre des photos. Je photographie le ciel par exemple. En ce moment, on est gâtés : il y a souvent des orages, de grands mouvements symphoniques des masses comme des lumières.
Pour quoi je prends ces photos ? Je n'en sais fichtre rien. Ce que je sais c'est que quand j'aborde l'écriture d'une scène, immanquablement, la première chose à laquelle je pense c'est à la météo. Quel temps fait-il ? À quoi ressemble ciel ?… Et est-ce qu'il fait chaud ou froid ? Et est-ce que ces conditions sont appelées à changer en cours de journée ?

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vendredi 24 mai 2013

S'en faire une montagne - Colorado Springs


1044e jour - Colorado Springs, donc. Il est tard dans la nuit. Un homme à la radio. Il parle d'une voix grave, posée (évidemment, il parle en anglais). Il dit (je traduis) : À chaque fois que je passe devant un tas de sable – de sable ou de minerais –, je m'arrête pour prendre une photo, cadrée serrée : juste le tas et le ciel par dessus.
Un silence.
Ensuite, plus tard, quand je regarde la photo que j'ai prise, j'imagine des massifs montagneux, des sommets inatteignables. Et là, à ma façon, je voyage…

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jeudi 23 mai 2013

Ils attendent - Timisoara



1043e jour - Ils attendent. Tel est leur lot : charger, rouler, décharger, attendre…
Des heures à combler de peu : simili siestes, discussions (le foot, le temps, la famille), café, thé, radio, Dvd(s)…
Ils ne savent pas où ils seront ni ce soir ni demain. Ils savent juste qu'un jour ici – à hauteur de la gare de Timosoara –, ils se retrouveront.
Ils attendront alors qu'un container se vide.
Ils chargeront.
Ils boiront un dernier café.
Et puis, ils prendront la route. Qu'il neige ou qu'il vente, ils rouleront.

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mercredi 22 mai 2013

Un couple - Timisoara







1042e jour - Il dit : Je lui ai donné comme consigne, quand elle retournerait dans sa ville natale, d'y photographier tout ce qu'elle déteste. Et puis voilà, je viens de recevoir un lot d'images – des paysages urbains… Ce qui me frappe c'est que tout ce qu'elle déteste c'est ce que moi j'aime.
Un silence. Puis, l'air de rien, il conclut : Disons que ceci explique cela…

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mardi 21 mai 2013

“Double Standard”, 1961 - Los Angeles

1041e jour - Revenir sur les lieux où a été prise une image aimée, une photo de Dennis Hopper (elle date de 1961). Découvrir, ce faisant, qu'il ne reste rien de ce paysage du passé si ce n'est le tracé des montagnes sur l'horizon.
Et aussi. Remarque sans importance mais quand même : je pensais la photo de Dennis Hopper prise plus au sud, du côté de La Brea (dans une zone plane). Je suis surpris de la découvrir prise au nord de la ville, à proximité des vallons qui mènent à Mulholland Drive.

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lundi 20 mai 2013

Nuit contre jour - Los Angeles

1040e jour - Il y a trois panneaux indicateurs dans Mulholland Drive, le film – au début de celui-ci.
Le premier donne son titre au film. Les deux suivants apparaissent furtivement alors que Rita/Camilla Rhodes, encore sonnée de l'accident de la route dont elle vient d'être victime, descend vers la ville.
7400 W. Franklin Ave. ; 7200 W. Sunset Blvd…
Je fige l'image. Dans la nuit, je photographie la nuit. Et puis, dans la foulée, je me téléporte. Juste pour voir.






















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