samedi 31 mai 2014

J’aime… (2) - Gdansk

1298e jour - J'aime les reflets dans l’eau des flaques. J’aime que ces reflets contiennent un monde bien plus vaste qu’eux et qu’ils ne soient qu’une série de miroirs impossible à traverser.

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vendredi 30 mai 2014

J’aime… - Gdansk

1297e jour - J’aime les traces laissées sur un sol que ce soit dans le sable ou dans la boue. J’aime que ces traces soient les indices d’événements révolus. J’aime la presque abstraction de leurs dessins.
Quand il s’agit de traces de pneus, comme ici, je scrute la profondeur des marques et leurs motifs. Je tente de deviner à quoi ressemble le véhicule qui les a laissées, j’essaye d’imaginer les déplacements effectués et quel sens leur donner.

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jeudi 29 mai 2014

Surplomber les villes - Ankara


1296e jour - Quand cela est possible, j’aime gagner un promontoire pour observer une ville. C’est ainsi, en réalité, que j’ai découvert Ankara : à partir du parc qui englobe Anıtkabir, le mausolée d’Atatürk. C’était un lundi matin au sortir de l’hiver. La visite du monument ne m’avait guère passionné. Par contre, les paysages urbains vus de la colline m’avaient conquis.
Comme souvent dans ces cas-là, je m’étais perdu en rêveries ; j’avais tenté d’imaginer mille et une existences au-delà des murs des bâtiments entassés sur l’horizon.
Ce jour-là, j’avais aussi compté les aiguilles des minarets. Je ne me rappelle pas combien exactement j’en avais dénombré. Je me souviens juste que leur nombre ne m’avait pas paru si élevé que cela.

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mercredi 28 mai 2014

Uniformes - Ankara









1295e jour - Dans l’enceinte d’Anıtkabir ce jour-là, seules deux tenues semblaient possibles – uniforme militaire ou costume sombre avec badge sur la poitrine – si bien que moi, vêtu d’une veste à capuche, d’un jean et portant des baskets, je ne pouvais que me sentir en décalage.

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mardi 27 mai 2014

Traquer le passé - Ankara


1294e jour - Quand je suis tombé sur cette image dans mes archives, je me suis d’abord demandé de quel train, de quel véhicule, je l’avais prise. J’ai imaginé des campagnes traversées. J’ai tenté de me souvenir : Indiana ? Biélorussie ? Colombie ?…
Je suis revenu à l’image une heure plus tard. J’ai pensé alors à regarder la date de prise de vue. Par recoupement, la photo m’est “revenue” : j’étais à Ankara, je venais de visiter Anıtkabir, le mausolée d’Atatürk. C’était dans une des ailes du monument, à bonne distance du tombeau. La tache rouge dans la partie gauche de l’image est un drapeau turc posé sur je ne sais qu’elle chariot ayant servi au transport de la dépouille de Mustapha Kemal…
Je me suis souvenu aussi que dans l’instant – ou peut-être plus tard le soir, dérushant mes images – j’avais trouvé la photo sans intérêt. Je crois bien que j’avais prévu de la supprimer.

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lundi 26 mai 2014

Un autre rêve - Ankara




1293e jour - J’ai aussi rêvé de cela, je veux dire de moi sur une esplanade en plein vent à attendre que l’on me photographie…
Au départ, ça a tout d’un événement heureux, juste l’envie d’immortaliser un instant de félicité ou de fierté, je ne sais plus – portrait pris par un photographe officiel, avec badge en certifiant.
Et puis, dans ce rêve, ça patine. Le temps s’étire, les minutes s’écoulent. Et rien, en réalité, ne se passe. Le type poursuit ses réglages indéfiniment. Tout se fige, tout s’enlise.
Je réalise que je serai dorénavant condamné à rester cloué là, à tout jamais – c’est une terrible évidence. Je voudrais pouvoir rentrer chez moi, ou alors me réveiller, mais je sais cela impossible : je suis pétrifié.

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dimanche 25 mai 2014

L’espace du rêve - Mexico, Missouri

1292e jour - Elle dit : j’ai rêvé qu’il revenait. C’était un rêve hyper-réaliste. C’est rare que j’en fasse, je veux dire à ce point. J’étais à la fenêtre et je le voyais qui se garait en face, devant l’usine. Il coupait le contact. Il restait au volant. Une ou deux minutes s’écoulaient ainsi – sans qu’il ne se passe rien ; juste les voix des présentateurs du téléachat derrière moi.
Je me demandais s’il fallait que j’attende qu’il se décide… Finalement, ne tenant plus, je décidais de le rejoindre – je traversais la rue en courant ; je me faufilais côté passager ; j’ouvrais la portière. Je m’asseyais à ses côtés. Lui, il restait silencieux, le regard fixé sur le bout de la rue. Je risquais un “ça va ?” étouffé. Il répondait, voix nouée : “Oui, ça va… Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi… Je tiens à m’excuser pour le mal que je t’ai fait.” Il se tournait alors vers moi, les yeux pleins de larmes. J’esquissais un sourire bienveillant, avant de tomber dans ses bras.
C’est alors que je me suis réveillée !
C’était un moment merveilleux, vraiment, et c’est bien ça le problème car maintenant que je l’ai rêvé, je sais qu’il n’arrivera jamais.

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samedi 24 mai 2014

Envie de savoir - Mexico, Missouri


1291e jour - J’ai d’abord remarqué une femme sur le trottoir d’en face : elle semblait chanceler, tête basse, une main portée à son front. D’une voie étouffée, elle répétait, troublante litanie : Oh my God ! Oh my God !
C’est alors que j’ai lancé un regard alentour et que j’ai réalisé qu’il y avait tout un tas de flics dans les parages, et un ruban jaune pour barrer la route.
Comme d’autres, je me suis rangé derrière le cordon de sécurité. Et puis, j’ai tenté une photo en zoomant par dessus l’épaule d’une petite vieille devant moi.
J’ai jeté un œil à l’écran, j’ai aperçu une voiture de police garée sur la chaussée, rien de plus.
Maintenant, j’attends. Comme la plupart des gens autour de moi – comme un imbécile ! –, j’éprouve une furieuse envie de savoir.
Je devrais bouger, m’éloigner. Mais je n’y arrive pas.

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vendredi 23 mai 2014

Un décor parfait - Mexico, Missouri

1290e jour - Pas un nuage ; pas la moindre mauvaise herbe qui dépasse. Les volets sont parfaitement peints et les murs blancs. Même le bitume sur la route semble vierge de toute trace.
Quelques secondes durant, je me demande si je ne me promène pas, en fait, dans un décor de cinéma et, par rebond, ce qu’il pourrait bien advenir, dans ce cas-là, à la scène suivante, de la femme qui balaye.

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jeudi 22 mai 2014

Face au train - Mexico, Missouri

1289e jour - La mère de Timothy dit : C’est une sale habitude qu’il a prise quand il avait une quinzaine d’années. Il ne peut pas s’en empêcher. J’ai eu beau essayer de le punir, j’ai beau tenter de le raisonner. Et je ne suis pas la seule… Tout le monde a essayé de lui parler. La plupart des conducteurs de trains maintenant le connaissent. Ils ralentissent quand ils arrivent à hauteur du quartier mais ralentir ne servirait pas à grand chose si… Cet imbécile reste là, face au train, le plus longtemps possible. Il attend la dernière seconde pour plonger sur le côté. Il dit que c’est excitant, que c’est un peu comme être dans l’arène face au taureau. Il dit qu’il a de la marge de toute façon, que ce n’est qu’un jeu. Mais moi, ça ne m’amuse pas. À chaque fois qu’un train arrive mon cœur se met à battre la chamade ; je guette – je redoute d’entendre un coup de frein soudain. Je redoute le silence qui suivrait…

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mercredi 21 mai 2014

Drôle de truc - Mexico, Missouri

1288e jour - L’homme est assis sur le capot de sa voiture. Quand je passe à sa hauteur, montrant les pneus sur le trottoir d’en face d’un geste du bras, il dit : Je suis venu dans le coin il y a six mois tout juste, en octobre. Je viens de Saint-Louis, je suis dans le double-vitrage. À l’époque, j’ai fait la maison, là, à côté – il désigne d’un autre mouvement de bras. Et bien, je vais vous dire, j’en suis sûr : les pneus, à l’époque, ils étaient exactement dans la même position ! Les deux de gauche posés contre la palissade, le troisième couché au sol. Je vous avouerais que je ne sais pas trop quoi en conclure… Tout ce que je peux dire c’est qu’avec les tempêtes qu’il y a eu cet hiver et l’ouragan du mois dernier ça me paraît être un fichu drôle de truc, je veux dire qu’ils n’aient pas bougé d’un centimètre… Depuis tout à l’heure, je les observe. J’aimerais comprendre.
Il poursuit : Peut-être que le type qui tient la baraque est un maniaque, le genre à ne pas supporter que ses pneus soient posés autrement… Peut-être sont-ils fixés avec des vis pour ne pas bouger. Peut-être que ma mémoire me joue des tours mais non, je ne crois pas… Ou alors, c’est un hasard – je veux dire : peut-être que ce ne sont pas les mêmes pneus. Juste que ce matin, le gars a sorti ses pneus et hop, ils sont retombés pile-poil dans la même position…

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mardi 20 mai 2014

Pour voir - Mexico, Missouri





1287e jour - Il suffit que je vois “Mexico” inscrit sur une carte du Missouri pour avoir envie d’aller voir. Je sais que je n’apprendrais pas grand chose de la comparaison avec Mexico City, il n’empêche.
En fait, si j’y vais, c’est sans doute parce que je crois à une force insensée des mots ; une force qui tient de la magie. Comment expliquer autrement pareil désir.
Sinon, Mexico est une petite ville comme il y en a des milliers aux États-Unis, avec sa voie ferrée, ses silos, sa poignée de commerces, son Walgreens… Je ne suis pas sûr qu’il y ait grand chose à en dire. Et bien sûr cet état de peu m’attire ; me donne envie de rester quelques jours. Pour voir.

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lundi 19 mai 2014

J’aimerais aussi… - Zurich


1286e jour - J’aimerais savoir ce que ça fait de vivre à Zurich plutôt qu’à Paris – et ce qui est vrai pour Zurich l’est pour New York, Medellin, Macao ou Saint Petersbourg.
Et à Zurich, il faudrait, pour bien faire, que j’éprouve la vie dans un immeuble du centre ville tout autant que dans une villa posée sur les hauteurs ; et cette villa devrait pouvoir être une demeure bourgeoise début vingtième aussi bien qu’une habitation toute de verre.
En fait, je suis habité de rêves d’omniprésence.
Mon voyage y répond en partie – en partie seulement ; si peu, en fait, qu’avec du recul on peut considérer cela dérisoire. Mais disons que, faute de mieux, je m’en contente. Ou plutôt, pour être plus précis, que je suis prêt à me contenter d’une illusion.

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dimanche 18 mai 2014

Les mille et une vies d’un objet - Zurich


1285e jour - J’aimerais sur chaque objet du monde avoir une histoire à raconter. J’aimerais, par exemple, avoir un souvenir d’enfance lié à un moulin à vent bleu en tout point identique à celui de la photo ci-dessus ; tout comme lui accroché à un coin de balcon.
Ou alors, faute de souvenir, ce pourrait être une histoire qu’on m’aurait fait connaître, amusante ou tragique. Je serais prêt, sans doute, à me contenter d’une rumeur…
L’idéal, en fait, serait qu’il existe une base de données que l’on puisse interroger apercevant un objet – s’afficherait sur un écran (des Google Glasses ?) les mille et une histoires qui lui sont liées. Je suis sûr que je pourrais alors lire des heures durant, sans me lasser.

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samedi 17 mai 2014

Confession de fin de soirée - New York

1284e jour - C’est au comptoir d’un bar de l’Upper East Side. Il s’appelle Phil, il affiche une petite cinquantaine plutôt rayonnante de prime abord. Il vient de sortir un livre qui occasionne un peu de presse, on le sollicite pour donner des conférences, pour animer des ateliers d’écriture. Et pourtant, il dit : Je me suis perdu sur bien des routes. C’est une sorte de miracle, je crois, si j’en suis là, je veux dire avec ce livre en librairie, ce début de reconnaissance… J’ai patiné. J’ai cherché mon chemin. J’ai attendu… Plus souvent qu’à mon tour, je me suis retrouvé sur des voies sans issues, des voies de garage… Je sais ce que sont les impasses.

Il rajoute : La logique voudrait qu’aujourd’hui je m’en sente plus fort. Je pourrais avoir de moi l’image d’un warrior, après tout, je suis toujours dans la course. Mais il n’en est rien. Au contraire même : ma hantise est de me perdre à nouveau. Plus j’avance, plus j’ai peur d’un retour à la case départ. En fait, plus je suis fort, plus je me sens fragile.

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vendredi 16 mai 2014

In Memory of 9/11 - New York

1283e jour - Juste une image…

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jeudi 15 mai 2014

Les objets perdus du métro - New York


1282e jour - Tomber par hasard sur l’inventaire des objets récupérés durant une année par la Metropolitan Transportation Authority, la régie du métro new yorkais. Relever
697 ordinateurs, 28 482 téléphones portables, 90 talkies-walkies, 33 pompes à insuline,
6 déambulateurs, 1696 sous-vêtements, quelques dentiers (“un par semaine au moins” selon un des responsables du MTA) et des instruments de musique par centaine, des bijoux bien sûr, et 5 réveils ou 34 systèmes de navigation GPS…
Penser à tout cela en regardant passer une rame.

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mercredi 14 mai 2014

Le détail de l’image - Lamma Island (Hong Kong)

1281e jour - J’adore, après coup, zoomer dans le détail d’une image et découvrir dans l’ombre, au-delà d’une vitre entrouverte, un visage.


Cet homme, je ne sais rien de lui si ce n’est que sur la photo il a l’air affairé. Peut-être est-ce le patron, peut-être un des employés, peut-être un technicien venu réparer un quelconque appareillage – c’est dans un des restaurants qui donne sur la promenade à hauteur de la plage de Lo Shing.
Souvent, dans ces cas-là (quand je découvre après coup un détail ; quand je ne sais rien), je me dis qu’il faudrait que j’y retourne. Juste pour savoir.

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mardi 13 mai 2014

Combien de photos - Lamma Island (Hong Kong)




1280e jour - Combien de photos sont prises à chaque seconde ? J’ai cherché sur internet mais n’ai rien trouvé de bien fiable. Sans doute cela se compte-t-il en milliers.
Que reste-t-il de toutes ces images ? Sommes-nous en train de construire une mémoire ou, au contraire, par l’abondance, sommes-nous en train d’amasser un fatras insondable et d’effacer toute trace ?

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lundi 12 mai 2014

Marché couvert - Lamma Island (Hong Kong)










1279e jour - Bientôt ils débarqueront par centaines pour flaner ou se restaurer. Il faut dire que le port de Sok Kwu Wan est un objet d’excursion idéal – les ferrys sont nombreux à partir de Central (quai numéro 4) ou d’Aberdeen sur l’île de Hong Kong.
Bientôt, donc, il y aura des cris, des rires, des éclats (bruit des machineries ; vaisselles qui s’entrechoquent…).
Mais pour l’heure, tout est calme. Alors, chacun à sa façon en profite.

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