C’est un quartier choisi au hasard – au sud-ouest de la ville – parce qu’il ne semble pas, vu d’avion, composé de hauts buildings d’affaire.
Je débarque au croisement entre South Carey et West Lombard. Des maisons basses effectivement, colorées, accolées les unes aux autres – l’habitat typique de Baltimore si l’on en croit Wikipedia. Mais ce qui frappe avant tout, immédiatement, c’est le nombre d’entrées de bâtiments barrées par des planches (NO TRESPASSING - PRIVATE PROPERTY bombé au pochoir sur du bois brut). Plus de la moitié des bâtiments dans certains secteurs ne sont plus habités.
Une claque : l’impression de plonger au cœur d’un ghetto. Et de découvrir, sans détours, les pans les plus sombres du décor américain.
White trash, black trash…
Des types qui ont tout de petits caïds de quartier.
Des SDF.
Des gens fraîchement posés devant leur maison avec ce qu’il leur reste de biens entassés autour d’eux dans des cartons…
La désolation à chaque coin de rue.
Cherchant à en savoir plus, je découvre qu’une série à succès, Sur écoute (The Wire), explore la vie de ces bas quartiers de Baltimore dévastés par la drogue et la magouille. David Simon, auteur de la série et Ed Burns, ancien inspecteur devenu enseignant, sont restés postés près d’un an, un carnet à la main, au coin de Fayette et Monroe, l’un des carrefours du deal. Ils ont tiré de leur immersion dans le quotidien du ghetto la matière d’un livre (The Corner) qu’ils ont ensuite adapté pour la télévision. The Wire est, paraît-il, la série préférée de Barack Obama.