J’ai marché les yeux en grande part tournés vers le sol, pour collecter les traces du passage des hommes. J’ai trouvé des capsules de bière (Union, Lasko ou Heineken), un emballage couvert de terre (une marque était lisible malgré tout : Eksplor).
Plus loin, coup de chance, j’ai découvert une page arrachée à un magazine pour adultes, une image plein pot – un bord écorné, une pliure au centre, des traces laissées par les vagues successives de rosées.
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Sur la photo, une fille prise en contre-plongée, vingt ans à peine, brune, longiligne, sans doute refaite, sort d’une baignoire – corps humide, mousse sur les épaules et sexe épilé.J‘ai attrapé la page délicatement, par un de ses coins, pour la retourner. Figurait au verso une publicité pour des Dvds truffée de mots anglais : cumshot, handjob, mature, big tits…
Je suis revenu au recto, à la fille sortant du bain. Je l’ai déposée dans l’herbe, dans la lumière, au milieu des pâquerettes. En prenant garde de ne pas projeter mon ombre, je l’ai photographiée. Et puis, parce qu’il le fallait bien, j’ai poursuivi ma route.
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