dimanche 2 juin 2013

La porte du paradis - Londres


1053e jour - Je suis déjà venu à Southgate. Il y a très longtemps. Chez une fille qui vivait en coloc' dans une maison sensiblement identique à celle de Jitka Nahodilova. La fille – Jana me semble-t-il mais je ne pourrais pas le jurer – n'était pas tchèque mais polonaise. Elle travaillait dans une friperie de Camden. C'est là que je l'avais rencontrée. Un ami commun m'avait envoyé à elle parce qu'il y avait un canapé de libre dans son salon. Je cherchais un endroit où dormir pour quelques jours.
C'était il y a bientôt trente ans.




Elle m'avait invité, sans sourciller. Elle m'avait donné une clé, une adresse, un plan.
Si je me souviens bien, il fallait prendre des bus, un train et puis marcher.
La maison était vide quand j'étais arrivé. J'en avais fait le tour.
Ils étaient trois à vivre ici : deux filles un garçon (je ne suis sûr bien que ne l'ayant que très peu fréquenté – et donc, en cela, bizarrement – que du prénom du garçon ; il s'appelait Alex et il était danois).
Je me rappelle, ce jour-là, avoir passé du temps, un peu, dans les chambres des deux filles, farfouillant dans leurs papiers, feuilletant un album photo ou reniflant les odeurs laissées sur des sous-vêtements déposés dans une panière.
Le silence de la maison m'était désagréable. J'avais l'impression d'être un intrus.
Je suis sorti.
J'ai marché dans le quartier en attendant l'heure que mon hôte m'avait indiquée comme celle de son retour.


Ensuite, des quelques jours passés dans cette maison de Southgate, je ne me souviens de presque rien si ce n'est d'avoir espéré/fantasmé coucher avec une des deux filles – elles étaient beaucoup plus adultes que moi je ne l'étais bien que majeur : elles travaillaient, fréquentaient des trentenaires, et les membres d'un groupe, aussi, dont j'avais déjà vu le nom dans le NME. J'imaginais qu'ils allaient devenir célèbres – je pourrais dire, ensuite, que je les avais croisés. Mais pas plus que je n'ai eu de relations sexuelles durant ce séjour, le groupe n'a percé.

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