1432e jour - J’ai parfois l’impression de déambuler au cœur d’un roman de Modiano. Des prénoms et des noms me reviennent à la mémoire surgis d’un brouillard lointain – Jeanine (ou Jeannine), Françoise, Éric, Ludo, Isaac, Wald, Comont… À ces prénoms, à ces noms, j’associe des silhouettes de jeunes gens. Ils avaient à peine vingt ans. Ils étaient beaux, incroyablement, insouciants. Ils rêvaient de fuir Saint-Quentin et ses piètres horizons. Il ne reste sans doute plus rien d’eux dans la ville.
Il faut avoir connu une jeunesse de province pour comprendre : d’énormes envies – incomprises – de créativité, de folie, d’urgence… Des soirées de fin de semaine en tous points similaires : mêmes beuveries, même shit, mêmes vannes, pareilles fins de nuits chez l’un plus que chez les autres ; parfois une embrouille, une baston, en guise de repères pour marquer le temps qui passe…
Les jeunes gens auxquels je pense, eux, ont fait péter les carcans. Ils sont partis. Ils ont connu des ailleurs. Ils se sont brûlé les ailes aussi. Ils ne sont pas tous vivants aujourd’hui.
À Saint-Quentin, ce ne sont plus que des des fantômes. J’aimerais écrire sur eux pour ne pas oublier.
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