mardi 10 janvier 2012
Houmuresu - Tokyo
561e jour - À l’aube, peur d'être expulsés, peur de gêner, ils replient méticuleusement leurs “boîtes à dormir” et remisent cartons et couvertures sous une bâche protectrice souvent bleue.
Difficile de savoir exactement combien ils sont. Quelques milliers sur Tokyo. ce n'est pas énorme en regard de la population globale de la ville qui se compte en millions. Mais leur nombre augmente, sans cesse.
Le terme consacré ici pour "sans-abri” est Houmuresu. Certains de ceux-ci sont également des Johatsu (des évaporés), des exilés volontaires qui ont fuit le système pour ne pas faire peser le fardeau de leur déchéance sociale sur leurs proches (une loi interdit de saisir les biens d'une personne absente).
95% des Houmuresu sont des hommes et ceux-ci sont pour la plupart âgés de plus de cinquante ans (même si, avec la crise, les moins de trente ans se font de plus en plus nombreux).
Au Japon, quand on est à la rue, il est d'usage de se tenir. Les Houmuresu se veulent discrets, le plus possible. Ils ne mendient pas, ne sollicitent pas.
Ils vivent pour la plupart du recyclage de cannettes, de cartons ou de mangas trouvés dans les poubelles.
Certains d'entre eux dégottent régulièrement des emplois journaliers. Il arrive qu'ils soient payés pour faire la queue lors de grands événements qui déplacent des foules (sortie d'une nouvelle console de jeu vidéo par exemple).
Il n'est pas rare, devant leurs campements, de voir du linge soigneusement étendu pour sécher. Et comme pour se raccrocher à quelque chose, les Houmuresu continuent à pratiquer certains rituels comme de se déchausser avant d'intégrer leur “foyer”.
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