434e jour - Elle s’appelait Edith Macefield et elle habitait un minuscule mais coquet pavillon dans le quartier de Ballard (un ancien village de pécheurs) dans le nord-ouest de Seattle. Elle s’était installée là en 1966. À l’époque, alentour, ce n’était que modestes demeures et terrains vagues. Mais bon, ça lui allait très bien.
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À l’orée des années 2000, des promoteurs décidèrent de construire un complexe commercial dans le coin – c’était un projet d’envergure. La maison d’Edith Macefield était sensée faire place à un supermarché ou à une salle de fitness.Les promoteurs proposèrent de l’argent. Beaucoup. Elle refusa. Ils surenchérirent – ils montèrent jusqu’à 1 million de dollars ! Edith Macefield entra en résistance.
Pressions, intimidations… Le combat, j’imagine, fut épique. Mais Edith Macefield ne céda pas.
Alors, de guerre lasse, les promoteurs décidèrent de construire quand-même. Et d’enclaver le pavillon d’Edith Macefield – autant qu’ils le pourraient – avec de hauts murs sans fenêtres.
La Google Car est passée dans Northwest 46th Street alors que le chantier était déjà bien avancé. La voiture bleue qu’on voit sur les images est celle d’Edith Macefield.
Edith Macefield, depuis, est morte un jour de juin 2008 – d’un cancer du pancréas. Elle avait 86 ans. Elle s’est éteinte dans sa maison, sur un lit improvisé dans le salon car elle n’avait plus la force de monter à l’étage où était sa chambre à coucher.
On sait d’elle qu’elle aimait l’opéra, Sinatra ou Garbo, qu’elle aimait visionner des films sur vidéocassettes.
Son histoire n’est pas sans rappeler celle de Là-Haut (Up), le film d’animation de Pete Docter et Bob Peterson. Les studios Pixar, du reste, ne s’y sont pas trompés en lançant la campagne de promotion du film en accrochant une flopée de ballons au toit de la maison de la défunte – la reprise médiatique, aux États-Unis, a été sensationnelle.
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Voilà. Étrangement, c’est Barry Martin, un type qui travaillait sur le chantier, qui a hérité de la maison – Edith Macefield voulant le remercier pour la gentillesse qu’il avait manifesté lors de la construction (il avait accordé beaucoup de son temps à l’écouter, à l’aider ; il l’avait soutenue dans certaines démarches administratives, il l’avait transportée…). Et en juillet 2009, Barry Martin a vendu la maison à Greg Pinneo pour310 000 dollars. Greg Pinneo, cofondateur de Reach Returns (une de ces crapuleries de boîte de coaching managerial) étant décidé à utiliser la maison comme un bureau à partir duquel diriger son cabinet.
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