1619e jour - Elle dit : une légende courrait dans la famille depuis toujours : mon grand-oncle, avant de gagner le maquis, avait enterré là, dans ce bosquet derrière la maison, une malle comprenant l’ensemble de ce qu’il estimait ses trésors. Il était sensé s’en être confié la veille de son départ : un dernier pot arrosé, une confidence… Et puis voilà, il n’était jamais revenu. Il avait connu une mort bête, pour autant qu’une mort puisse être plus bête qu’une autre : fait prisonnier en novembre 43, il s’était échappé quelques jours plus tard, avait traversé une bonne partie de l’Europe, la Manche… pour finalement glisser sur une plaque de verglas dans la banlieue de Londres. Bref. Ma grand-mère, dès la guerre finie, avait retourné la terre du bosquet. Et plus tard mon père et ses cousins. Moi-même, j’ai passé plusieurs étés à creuser. Nous n’avons jamais rien trouvé.
Tous, nous avons passé des nuits entières à rêver de ce trésor enfoui et des secrets qu’il pouvait bien receler.
Et puis, en juillet dernier, le plus jeune de mes fils, à peine quinze ans, a décidé de reprendre le flambeau à son tour. Il était persuadé, allez savoir pourquoi, qu’il ne fallait pas chercher dans le bosquet lui-même mais au-delà, dans le champ mitoyen. Le jour même il a déterré la valise. Il s’est précipité à la maison sans même l’ouvrir. Elle était relativement en bon état si l’on considère qu’elle venait de passer plus de soixante-dix ans sous terre. C’est le cœur battant que nous avons forcé les serrures. Avec précaution, nous avons soulevé le couvercle… pour découvrir au final, médusés, et pour ma part un peu gênée, des centaines de photos de filles dénudées.
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