Une rue étroite, presque une ruelle (deux véhicules auraient du mal à s’y croiser).
Un chantier : une dizaine de personnes (des ouvriers, des géomètres) habillées de fluo, des engins ; le tout sur un carré de terre duquel émerge un dédale de fondations anciennes qui font penser à des fouilles archéologiques.
Des barbelés un peu partout : sur le haut des murets ou au sommet de grilles sommairement disposées en rectangle pour matérialiser l’espace d’un parking. La plupart des bâtiments paraissent inoccupés.
Un ado, survêtement noir et cheveux ras, traîne un ballon de foot à ses pieds.
Un camion-benne trimballe à ciel ouvert tout un vrac de fauteuils de bureau essentiellement bleus.
Et puis, je ne l’avais d’abord pas remarqué, il y a ce type au-delà du camion-benne, posé dans un carré de friche entièrement clos (des murs, des palissades ou des grillages de tous côtés).
Il tient dans l’une de ses mains un journal et dans l’autre un téléphone qu’il a porté devant sa bouche à la façon d’un talkie-walkie.
Je l’observe longuement. Je me demande comment il est arrivé là – je veux dire dans cet espace clos – jusqu’à ce que je découvre un coin de grillage relevé. Sans doute est-ce par là qu’il est passé.
Je reprend finalement ma route.
D’autres parkings de fortune, des pneus entassés à l’abri d’une cour.
Me vient une idée : aller jeter un œil à l’envers du décors – aller voir ce que cachent les palissades plantées derrière le type assis.
Je débouche sur Oldham Road. Une artère passante, quatre voies et des boutiques essentiellement tenues par des asiatiques. Au revers de la friche, un panneau publicitaire grand format, une affiche : Sky+ makes it all about quality not quantity.
J’aimerais me rapprocher, trouver un interstice où glisser mon œil pour voir au-delà du panneau, des planches. J’aimerais savoir s’il est toujours là, le type assis, ce qu’il fait maintenant, ce qu’il devient.