928e jour - L'été, l'homme est là tous les jours.
Il arrive en milieu de matinée. Il reste jusqu'à ce que le ciel rosisse.
Il vient avec sa gamelle, un transistor…
L'homme passe l'essentiel de ses journées seul, regard posé sur le fil de l'eau. Ou sur l'autre rive – là-bas, c'est la Russie. C'est étrange que ce soit un autre pays. Il se sent estonien, c'est sûr, mais russe aussi un peu – ses parents arrivèrent ici peu après la seconde guerre mondiale. Il se voit comme un fils d'immigrés. Il a des attaches…
•
Les heures défilent.Les bateaux se font plutôt rares sur la Narva. Et les poissons tout autant. Mais ce n'est pas très grave, le plaisir est ailleurs…
•
Un homme au bord de l'eau.Sa femme est morte il y a 8 ans déjà. Son fils vit loin. Aux États-Unis, dans la banlieue de Boston. Il a une bonne situation, il est dans les affaires. Il a beaucoup de responsabilités. Il ne peut que très rarement revenir au pays (la dernière fois, c'était il y a deux ans).
De temps en temps, l'homme reçoit une carte, ou une lettre. Son fils régulièrement l'invite, il est prêt à payer le billet.
Il faudrait qu'il aille… Oui, il faudrait qu'il aille.
Il essaye d'imaginer la vie là-bas. Il se demande s'il y a des fleuves, des rivières. Il se demande s'il y a des endroits où s'installer pour pêcher.
/////// Si vous avez aimé ce post, peut-être apprécierez-vous celui-ci.