jeudi 30 juin 2016

108, rue du Bac - Paris


1737e jour - Savoir que c’est là qu’ils ont habité – au 108, rue du Bac –, elle qui a songé, un temps durant, à prendre pour nom de plume Emily Mermonts (Emily comme la poétesse Emily Dickinson ; Mer-monts, l’eau et les montagnes, See-Berg en allemand) et lui, l’écrivain diplomate né Roman Kacew, devenu Gary de Kacew à Londres durant la guerre, pour finalement adopter, en 1951, le nom sous lequel il signerait (l’essentiel de) ses livres.
Jean Dorothy Seberg et Romain Gary…
Regarder le bâtiment comme s’il pouvait trahir quelques uns de leurs secrets.
Se rappeler que c’est là, un jour de décembre 1980, qu’il a choisi, lui, de se donner la mort d’une balle de revolver calibre 38 après avoir laissé comme seul mot pour expliquer son geste : “Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du cœur brisé sont priés de s’adresser ailleurs.”

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mercredi 29 juin 2016

Red’s Auto Parts - Havre






1736e jour - Parce qu’il pleut, parce que le vent qui souffle est glacial, se réfugier au Red’s Auto Parts. Y traîner. Plus que de raison. Se demander ce que l’on va bien pouvoir faire du reste de l’après-midi.

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mardi 28 juin 2016

Au fil du rail - Havre, Montana


1735e jour - Lecture, Au fil du rail de Ted Conover, éditions du sous-sol, page 166 :
Au premier abord, Havre était une petite bourgade typique du Nord-Ouest ; seule détonnait la taille démesurée des gares de triage. Elles étaient d’un côté de l’autoroute, et la ville de l’autre. […] je me mis à la recherche d’une mission, fatigué d’avoir mal dormi dans la fraîcheur des nuits précédentes, sentant le rhume poindre. Ne trouvant rien, je dilapidai vingt dollars pour me payer deux nuits au Shanty Motel, un véritable taudis qui portait bien son nom. Je passai l’essentiel de mes journées au lit, et me levai pour de bon le troisième jour, revigoré mais vaguement circonspect. Mes quelques promenades au hasard des rues ne m’avaient pas permis de trouver l’emplacement de l’allée des Hobos.


Loin de son heure de gloire des années cinquante, soixante (les “voyages” de Ted Conover, eux, datent des années 80), le Shanty Motel est devenu depuis un Budget Inn. Les prix s’élèvent aujourd’hui à une cinquantaine de dollars la nuit et le service, si l’on en croit les avis TripAdvisor qui déplorent des tâches sur les moquettes, une sécurité déficiente et des trains, à proximité, bruyants durant toute la nuit, n’est pas monté en gamme depuis la visite de l’auteur.

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lundi 27 juin 2016

Fiction - New York


1734e jour - Relire à la volée des passages d’un livre – Joueurs de Don Delillo en l’occurrence. Page 17, tomber sur ce lot de phrases :
L’homme se tenait souvent là, devant Federal Hall, à l’angle de Nassau et Wall Street. Maigre et mal rasé, avec le poil gris d’un septuagénaire, luisant de sueur dans sa chemise élimée et son complet usagé, il brandissait au-dessus de sa tête une pancarte bricolée, parfois des après-midi entiers, n’abaissant les bras que le temps de rétablir la circulation sanguine. La pancarte mesurait environ un mètre sur soixante ou soixante-dix centimètres, et portait sur ses deux faces des inscriptions tracées à la main, de nature politique. À cette heure-là, les badauds, pour la plupart assis sur les marches de Federal Hall, étaient bien trop distraits par les passants pour accorder autre chose qu’un coup d’œil superficiel à ce type avec sa pancarte – spectacle familier, après tout. Dans ce quartier, les hommes se rassemblaient encore solennellement pour regarder les filles. Il leur semblait qu’à travailler dans le rugissement de l’argent, ils méritaient ce droit résiduel.
Ensuite, aller voir, espérant sottement découvrir quelques échos au texte – oubliant, ce faisant, que le temps passe (Joueurs date de 1977) et plus encore que les mots du livre sont ceux d’une fiction.

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vendredi 24 juin 2016

La clé des songes - Oulan-Bator

1733e jour - Elle dit : “Cette nuit, j’ai fait un rêve étrange. On était dans un endroit bizarre tous les deux, difficile à définir, une sorte de bureau. Je me souviens de la porte d’entrée — avec une drôle de serrure, placée sur la poignée elle-même ! J’avais jamais vu ça. Et donc, nous étions là, tous les deux, les yeux rivés sur cette foutue serrure, incapables de nous en détacher. Avant d’éclater d’un retentissant fou-rire, tu as remarqué, faussement solennel : Ça arrive quand même que tu sois chiante. On ne peut pas dire que tu sois à proprement parler un aventurière. Pour bien faire, il faudrait que tu acceptes, de temps en temps, de prendre la clé des champs. Enfin, je veux dire, la poudre d’escampette !”

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jeudi 23 juin 2016

L’installation - Oulan-Bator


1732e jour - Poste centrale d’Oulan-Bator. Elle dit : “T’imagines ! Une installation là-dedans ! Un texte glissé dans chacune des boxes… une sorte de conte des mille et une nuits des temps modernes. Il s’agirait de les ouvrir pour découvrir !”
Elle marque une pause avant d’ajouter : “Bon, bien sûr, il faudrait se trimballer un putain de trousseau de clés parce que quand même ça fait un sacré paquet de serrures !”

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mercredi 22 juin 2016

Beauté des choses - Oulan-Bator


1731e jour - Un jour peut-être, pourrai-je dire à mes petits enfants, plein de fierté : voyez-vous, j’ai beaucoup voyagé. Je serai sans doute tenté de me lancer ensuite dans l’énumération de mes pérégrinations les plus insensées. Au sein de ces dernières, probablement ferai-je une place toute particulière à ce couloir du douzième étage du Khangarid Palace d’Oulan-Bator d’où, ce matin, j’ai longuement observé des plantes chétives sur fond de toits enneigés et de soleil levant.

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mardi 21 juin 2016

Portraits - Oulan-Bator



1730e jour - Combien d’êtres humains, sur Terre, dont je ne saurai jamais rien ?

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lundi 20 juin 2016

Pour changer, photographier des tableaux - Oulan-Bator



1729e jour - À Oulan-Bator, j’ai croisé d’autres tableaux que celui évoqué hier, d’autres paysages, ou alors des portraits… J’en ai vu dans les couloirs de la BNF mongole, à la poste centrale, dans divers édifices publiques, des écoles… À chaque fois, pour garder une trace, j’ai photographié.

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vendredi 17 juin 2016

In/Ex - Oulan-Bator

1728e jour - Il y a eu toute une période de ma vie, entre enfance et adolescence, où je me suis targué de peindre. Je passais du temps à reproduire des paysages de cartes postales sur de la cartonnette, avec, profondément ancrée en moi, l’impression que ce que je faisais tenait de l’art. Je pense à cela dans Bökhiin Örgö, la grande arène de lutte mongole alors que je découvre, au-delà des gradins, un tableau posé là pour dire l’esprit national qui passe tout à la fois par ce qui est représenté – la steppe – que par le médium employé – ce qu’on pourrait ironiquement qualifier de croûte.

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jeudi 16 juin 2016

Wrestling Arena - Oulan-Bator





1727e jour - La lutte, en Mongolie, est sport national. Ici, on pratique sans catégories de poids et il s’agit d’obliger l’adversaire à mettre un genou à terre, ou alors le dos ou les fesses. Un combat, paraît-il, ne peut durer plus de trois heures (mais trois heures, ça paraît déjà très long).
La compétition principale se déroule en juillet et réuni 1024 combattants. Gagner ce tournoi est un très grand honneur et permet de devenir Lion de la Nation. En renouvelant les victoires, on acquiert des titres honorifiques encore plus remarquables : avec deux victoires, on devient Géant de la Nation, avec cinq victoires, le summum : Indétrônable Géant de la Nation.

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mercredi 15 juin 2016

Attendre le bus - Aïmag de Dornogovi

1726e jour - Au bout d’une heure, j’ai commencé à m’inquiéter. Je suis allé aux renseignements auprès du seul type qui semblait également attendre, un peu plus loin sur l’esplanade. J’ai usé du peu de mongol que je connaissais pour surarticuler un simulacre de phrase, quelque chose comme : “Vous aussi bus Ou-lan-Ba-tor ?”
Il a dodeliné de la tête avant de tendre trois doigts devant lui avec, sur le visage, un air résigné. Je n’ai pas compris si ça signifiait trois heures de retard ou si le bus n’était sensé arriver que dans l’après-midi ; il était à peine dix heures du matin. Je n’ai pas insisté, tentant de calquer mon comportement sur celui de l’homme qui, lui, semblait prêt à trouver ça normal d’attendre ainsi. Il m’a fait signe d’approcher mon barda.

Nous avons donc été deux à attendre. Assis l’un à côté de l’autre. En silence.
Vers midi, il a sorti des beignets d’un sac en papier. Il y en avait deux et il m’en a proposé un. Je l’ai remercié avant de croquer dedans. Le beignet était incroyablement gras et sentait fort le mouton. Je me suis efforcé de sourire tout en mastiquant. Ce n’aurait pas été facile d’expliquer que j’étais plus ou moins végétarien. Un peu plus tard, à mon tour, j’ai sorti de la nourriture de mon sac à dos, c’était deux barres de céréales et j’en ai tendu une à mon voisin. L’homme autant que moi s’est mis à mâchonner en souriant pour marquer sa gratitude. Je ne saurai jamais ce qu’il pouvait bien penser en cet instant précis, s’il trouvait cela bon ou s’il estimait que c’était complètement dégueulasse.

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mardi 14 juin 2016

Frontière - Aïmag de Dornogovi



1725e jour - Du sable, de la poussière. Des températures, en début d’après-midi, qui frisent les quarante (dans la nuit ce sera une toute autre paire de manche). Une station essence d’un côté de la route, des toilettes de l’autre. Des 4x4 en procession qui attendent l’autorisation de traverser. Et de l’autre côté, là-bas, après un dernier poste de contrôle, la Chine !

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lundi 13 juin 2016

Face aux immensités - Aïmag de Dornogovi

1724e jour - Face aux immensités désertiques, on imagine avoir en tête des airs plein de quiétude, du Bach, du Arvo Pärt, je ne sais pas… Mais moi, c’est trop con, c’est une chanson de Capdevielle qui s’est glissée en moi depuis l’aube – Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps / Tu t’demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées / Du jeu qu’on veut te faire jouer / Les yeux bandés… J’ai beau essayer, impossible de l’évacuer. Elle tourne et tourne encore, souillant à sa façon, la beauté de l’instant.

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vendredi 10 juin 2016

Le goût des voyages - Aïmag de Dornogovi

1723e jour - Juste pour le plaisir, énoncer la liste des villes que l’on peut croiser dans l’Aïmag de Dornogovi, province sud-est de la Mongolie : Altanshiree, Ayrag, Dalanjargalan, Delgereh, Erdene, Hatanbulag, Hövsgöl, Ihhöt, Mandah, Örgön, Sayhandulaan, Sainshand, Ulaanbadrah, Zamyn-Üüd…

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jeudi 9 juin 2016

Un battement d’aile - Macau



1722e jour - Il y a quelques jours, au petit déjeuner, je ne sais plus trop pourquoi, j’ai tenté d’expliquer à mes enfants l’effet papillon, le battement d’ailes, les conséquences à l’autre bout de la Terre. Je n’étais pas très bien réveillé et je crois que je me suis enlisé dans mon explication. J’y ai repensé plus tard dans la journée. J’ai réalisé que je ne savais pas grand chose dudit effet. Alors, je suis allé voir sur Wikipédia. J’ai lu :
La formulation exacte qui en est à l'origine, fut exprimée lors d'une conférence scientifique en 1972, par la question suivante :
« Le battement d'ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » 
J’y repense, aujourd’hui, apercevant ce papillon à Macau, modeste bourgade brésilienne du Rio Grande do Norte. Forcément, je me demande : quelles seront les conséquences de son passage, dans les heures qui viennent, dans le monde virtuel texan ?

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mercredi 8 juin 2016

2401 Laurel Canyon Boulevard

 1721e jour - Laurel Canyon, d’Arnaud Devillard, page 34 :
Il n’y a pas grand chose à voir au n°2401 du boulevard, qui fait l’angle avec Lookout Moutain Avenue. Et le peu qu’il reste est masqué par une palissade. Quelques interstices laissent tout de même voir un vaste pré planté de beaux arbres et quelques ruines envahies par les herbes à flanc de colline. C’est dommage car il s’agit de l’une des plus célèbres adresses de Laurel Canyon, la log cabin où vécurent Frank Zappa et sa famille.


Ici, durant quelques mois, on croise Jeff Beck, Rod Stewart, Eric Clapton, Jimi Hendrix, John Mayall, Linda Ronstadt, Captain Beeheart, Mick Jagger, Joni Mitchell, Eric Burdon ou le Jefferson Airplane…
Alice Cooper vient auditionner à sept heures du matin alors que Zappa lui avait dit sept heures du soir ; Mick Jagger retire une écharde du pied de son hôte avant que les deux ne discutent d’histoire européenne […] Gail Zappa recoud le pantalon de Jimi Hendrix qui vient de le déchirer en dansant dans le salon

[…] Jusqu’à la péripétie de trop. Un après-midi, un étrange inconnu se présente. Il se fait appeler The Raven (le Corbeau), tend un flacon d’hémoglobine à Zappa et déclare “J’ai isolé le spécimen !” Avant de sortir un Colt .45. Tétanisée, l’assemblée réussit à ne pas paniquer et, calmement, à convaincre le Corbeau de “cacher” son arme dans la mare pour éviter que la police ne la trouve…
Plus de peur que de mal, l’histoire s’arrête là. Mais les Zappa, refroidis par l’épisode, ne vont pas tarder à déménager.

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mardi 7 juin 2016

Country Store - Laurel Canyon


1720e jour - Des commerces, dans Laurel Canyon, il n’y en a pas tant que ça et le Country Store est le plus célèbre d’entre eux. Il est cité dans deux chansons au moins : Love Street des Doors et Laurel Canyon Blvd de Van Dyke Parks.
Ici, on peut se faire préparer des sandwiches à la demande, ou alors des jus maisons – oranges, carotte ou canneberge.
Neil Young a beaucoup fréquenté les lieux et, aujourd’hui, on peut y croiser Keanu Reeves ou Matthew Broderick.
Grâce à Laurel Canyon, livre d’Arnaud Devillard (éditions Le mot et le reste), je sais aussi qu’un rayon de produits anglais y a été créé, il y a quelques années de cela, après que David Bowie ait été déçu de ne pas trouver de barres de céréales Cadbury et que Mama Cass Elliot des Mamas & the Papas a logé un temps dans le sous-sol avant d’emménager plus haut sur la colline.

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lundi 6 juin 2016

David Bowie a vécu là - Los Angeles


1719e jour - Au hasard d’une lecture, je tombe sur deux adresses : deux endroits où David Bowie a vécu à Los Angeles dans la deuxième moitié des années soixante-dix – 1349 Stone Canyon Road ; 637 North Doheny Drive. Sur le champ, je m’y projette pour découvrir (j’aurais pu m’en douter) qu’il n’y a rien à voir. Mais bon… j’imagine Bowie là, dans l’allée sur les hauteurs de Bel Air ou alors sur le trottoir de Doheny Drive. Bien vivant. Ce n’est pas grand chose mais je suis prêt à m’en contenter.

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vendredi 3 juin 2016

Il n’y a pas que StreetView dans la vie



1718e jour - Images prises, dans l’ordre, au-dessus de Kiel (2 images), Syracuse (2 images), Arcueil (2 images), Newcastle (2 images), Liverpool (2 images)
Il y en a d’autres, si ça vous chante, sur mon compte Instagram.

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