1616e jour - J’ai insisté pour la conduire jusqu’à la gare d’Orléans mais elle a refusé. Je l’ai déposée à l’arrêt de bus. Une dernière fois, on s’est promis de se rappeler mais l’un comme l’autre, nous savions que nous ne le ferions pas.
C’était fin juillet ; il y a six mois exactement.
Je n’ai pas roulé plus de cent mètres que l’orage a éclaté, éclairs, pluies diluviennes. J’ai failli faire demi-tour, revenir vers elle, mais finalement j’ai poursuivi ma route. J’ai avalé les kilomètres.
Il ne me reste plus d’elle aujourd’hui que deux ou trois photos, et des souvenirs. J’aimerais savoir si elle est retournée vivre en Angleterre, c’était ce qui était prévu. J’aimerais savoir ce qu’elle est devenue.
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jeudi 31 décembre 2015
mercredi 30 décembre 2015
La course lente du temps - Olivet
1615e jour - C’était l’été dernier à Olivet dans la banlieue d’Orléans. J’attendais une amie qui n’arrivait pas. La vieille femme s’approcha pour me demander l’heure. Elle semblait essoufflée, agacée par la lumière du soleil. Mais pour me remercier, elle força un sourire.
Elle reprit sa course lente, s’engagea sous le passage qu’il y avait de l’autre côté de la rue. Je l’observai ainsi qu’un nuage suspendu au-dessus de nos têtes. La vieille femme comme le nuage mirent un temps infini pour s’effacer.
Aujourd’hui, au cœur de l’hiver, je me demande bien, l’une comme l’autre, ce qu’ils sont devenus.
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mardi 29 décembre 2015
Lemmy Kilmister, portrait - Los Angeles
1614e jour - Lecture du jour, un portrait de Libération datant de 2006. Il est signé de Jean-Louis Le Touzet et titré “Lemmy Kilmister, Bock’n’roll”. Extrait :
Lemmy vit à Los Angeles depuis le début des années 90 : «Pour le soleil et parce que les filles sont à moitié à poil et puis j'en avais marre de l'Angleterre et de la pluie. Mais quand je retourne au pays, je vais voir ma vielle mère de 92 ans.» Il vit sur Sunset Boulevard dans un meublé de 45 m2 : «Pendant des années, on n'a pas gagné de fric car notre maison de disques nous a baisés sur les droits.» Le jogging du matin consiste à descendre au Rainbow Bar. Lemmy retrouve son tabouret, comme dans un tableau d'Edward Hopper. Le patron a maintenu, au risque de poursuites, le seul espace fumeur de la ville rien que pour lui.
L’article en entier est >>>> ici.
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Lemmy vit à Los Angeles depuis le début des années 90 : «Pour le soleil et parce que les filles sont à moitié à poil et puis j'en avais marre de l'Angleterre et de la pluie. Mais quand je retourne au pays, je vais voir ma vielle mère de 92 ans.» Il vit sur Sunset Boulevard dans un meublé de 45 m2 : «Pendant des années, on n'a pas gagné de fric car notre maison de disques nous a baisés sur les droits.» Le jogging du matin consiste à descendre au Rainbow Bar. Lemmy retrouve son tabouret, comme dans un tableau d'Edward Hopper. Le patron a maintenu, au risque de poursuites, le seul espace fumeur de la ville rien que pour lui.
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mercredi 23 décembre 2015
Bientôt noël - Punta del Diablo
1613e jour - Il dit : C’est ici que je vais passer les fêtes de fin d’année. Loin de tout. Le 24 au soir, je marcherai sur la plage. Et si la caisse est toujours là, bien enfoncée dans le sable, je jetterai un œil à l’intérieur. Pour voir, à tout hasard, si le père noël ne m’y a pas déposé un cadeau…
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mardi 22 décembre 2015
Garder une trace - Punta del Diablo
Je suis sorti de la voiture moi aussi. Je l’ai suivie, un peu à distance.
Elle prend son temps. Je la regarde faire. Dans moins de vingt-quatre heures, maintenant, nous serons à Paris. Nous retournerons au quotidien. Je suis sûr qu’elle pense à cela elle aussi, au retour de la routine. je suis sûr, contrairement à moi, que ça la chagrine.
Pour bien faire, il faudrait que je m’approche d’elle, que je la prenne peut-être dans mes bras, que je lui dise des mots de consolation, mais je n’y parviens pas.
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lundi 21 décembre 2015
Figé à tout jamais - Montevideo
1611e jour - De quoi me souviendrai-je de Montevideo ? D’un bâtiment ? D’une façade en particulier ? D’affiches ? De pancartes ? De messages peints sur des murs ? D’un nom – Belfort – apposé sur une devanture ? Ou alors d’une silhouette – un homme au
téléphone ? une femme avalant des marches avant de pénétrer dans une boutique ? Ou bien encore du regard croisé d’un homme, aperçu une fraction de seconde seulement mais figé, maintenant, à tout jamais ?
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vendredi 18 décembre 2015
Je les ai observés de loin, eux aussi - Montevideo
1610e jour - Ceux-là, je ne m’attendais pas à les trouver là. C’est dans le coin des décharges, à côté de l’aéroport. Je les ai observés : deux chevaux sur fond de champs pelés semés de détritus. Ils semblaient s’amuser.
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jeudi 17 décembre 2015
Je les ai observés de loin - Montevideo
1609e jour - Un père et son fils. Ils venaient de sortir le cerf-volant du coffre. Il n’y avait pas plus de vent que cela et le garçon avait beau courir pour donner des impulsions, le cerf-volant n’arrivait jamais vraiment à prendre de la hauteur. Immanquablement, au bout de quelques secondes, il repiquait vers le sol.
Le gamin aurait pu se décourager mais non. À chaque fois, il revenait vers son père pour mieux s’élancer à nouveau. Qu’est-ce qu’ils avaient l’air heureux.
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Le gamin aurait pu se décourager mais non. À chaque fois, il revenait vers son père pour mieux s’élancer à nouveau. Qu’est-ce qu’ils avaient l’air heureux.
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mercredi 16 décembre 2015
Every time it rains - Montevideo
1608e jour - Et puis, il s’est mis à pleuvoir. Nous avons pris la route avec, sur l’autoradio, une chanson de Randy Newman. La chanson disait : Every time it rains / I sit at home and wonder why / Ever since you said goodbye / I felt so all alone…
Je me suis souvenu d’un autre trajet sous la pluie, c’était deux ans ans plus tôt quelque part sur la côte d’Opale. C’est une autre chanson de Randy Newman, cette fois-là, qui avait accompagné le trajet : I Love L.A. Mon fils avait insisté pour que je baisse le son parce qu’il tenait à me lire la devinette de son Carambar. Accrochant certains des mots, il avait demandé : Pourquoi les sportifs aiment bien aller chez le coiffeur ? – j’avais donné ma langue au chat. Amusé, il avait rétorqué : parce qu’ils aiment bien les coupes.
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mardi 15 décembre 2015
Vivre là - Montevideo
1607e jour - Montevideo, à proximité du “Terminal Cuenca del Plata”.
Se demander ce que cela signifie de vivre là. Se demander à quoi ça ressemble quand le vent souffle sur la digue, quand les vagues submergent…
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lundi 14 décembre 2015
À distance - Montevideo
Il suit des femmes choisies au hasard, une façon comme une autre de s’occuper.
Il reste la plupart du temps à distance, il synchronise son pas sur celui de celle qu’il file. Il agit comme il imagine qu’un détective le ferait… Le jeu consiste à ne pas se faire repérer. Avec le temps, il a appris à développer tout un arsenal de stratégies : changer régulièrement de trottoir, ne pas fixer (profiter des reflets dans les vitrines pour observer), se laisser parfois distancer. Il arrive que ses filatures durent plusieurs dizaines de minutes. Ainsi, il traverse la ville.
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vendredi 11 décembre 2015
Ce qu’on ne voit pas dans une image - Col de la Faucille
1605e jour - Et puis un soir, au moment de me coucher, je suis tombé sur une image qui m’a émerveillé. Elle est de Cédric Delsaux, représente le col de la Faucille sous la neige. J’en ai fait une capture écran pour ne pas l’oublier.
Plus tard, je suis allé voir, voir à quoi ressemblaient les lieux dans le monde que je traverse. J’ai découvert, d’une certaine façon, tout ce que je ne voyais pas.
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jeudi 10 décembre 2015
La transparence des fantômes - Torrance
1604e jour - Confession : à force de me confronter à un monde de plus en plus virtuel, il m’arrive d’avoir l’impression de perdre, moi aussi, un peu de ma consistance. Il m’arrive d’imaginer que je suis gagné par la transparence des fantômes.
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mercredi 9 décembre 2015
Golden Donut - Torrance
1603e jour - Observer dans le détail, jusqu’à avoir l’impression d’être intime des lieux…
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mardi 8 décembre 2015
Rouge - Torrance
1602e jour - Enfant, j’adorais les catalogues de jardinerie et, dans ceux-ci, tout particulièrement les pages consacrées aux fleurs. Ces dernières étaient systématiquement saturées de couleurs. Ça me fascinait.
Les catalogues, une fois leur période de validité passée, étaient rapatriés à l’école. Là, ils servaient aux activités plastiques : on détourait pâquerettes ou pensées, on collait, sur des pots de yaourts ou des socles de plâtre. Nos “créations”, une fois terminées, devenaient cadeaux pour fêtes des pères et mères.
Je pense à cela à Torrance, au sud de Los Angeles, alors que je viens de prendre la photo d’une rose posée sur l’une des tables du Golden Donut (Mexican Food, Burritos, Tacos…).
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Les catalogues, une fois leur période de validité passée, étaient rapatriés à l’école. Là, ils servaient aux activités plastiques : on détourait pâquerettes ou pensées, on collait, sur des pots de yaourts ou des socles de plâtre. Nos “créations”, une fois terminées, devenaient cadeaux pour fêtes des pères et mères.
Je pense à cela à Torrance, au sud de Los Angeles, alors que je viens de prendre la photo d’une rose posée sur l’une des tables du Golden Donut (Mexican Food, Burritos, Tacos…).
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lundi 7 décembre 2015
Tracer les portraits - Torrance
1601e jour - Exercice de pensée : mentalement chercher à dessiner la carte de tous les points du globe où l’on peut imaginer trouver – exposées sur murs ou meubles, rangées dans des boîtes ou des albums, glissées dans des archives informatiques – des portraits de soi, ou de ses enfants, ou d’une personne aimée.
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vendredi 4 décembre 2015
Le tour des possibles - La Paz
1600e jour - Je me suis demandé ce qu’ils pouvaient bien se dire. J’ai tout imaginé : des confidences du cœur de la nuit, des confessions, des commentaires de l’actualité proche ou lointaine, un débat littéraire autour des œuvres de Carver ou de Vargas Llosa. Je me suis demandé si quelque chose les liait, si elle était une des habituées de l’établissement, s’il leur était déjà arrivé de se voir ailleurs qu’au comptoir, voir de coucher ensemble. J’ai essayé d’imaginer leurs vies. Je me suis dit que la mienne, de vie, ne suffirait sans doute pas à faire le tour des possibles.
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jeudi 3 décembre 2015
Jouer aux touristes, découvrir… - Vallée de la Lune
1599e jour - Wikipédia (ou presque) :
La Vallée de la Lune (en espagnol : El Valle de la Luna), qui se trouve à environ 10 km du centre de La Paz, en Bolivie, est une région due à l'érosion de la partie supérieure d'une montagne. Le sol, composé d'argile, est de nature fragile, et au cours des siècles, les éléments ont sculpté une œuvre d'art, semblable à un désert de stalagmites.
Les montagnes aux environs de la Paz sont formées d'argiles. Ce qui est remarquable est que ces argiles sont composées de certains minéraux qui paraissent différents ou en proportions variables d'une montagne à une autre. Ainsi, chaque versant a une couleur différente, créant une impression visuelle très plaisante. Ils sont en grande majorité d'une couleur claire proche du beige ou d'un marron très pâle. Mais on peut rencontrer également des zones quasiment rouges présentant des tons violets obscurs.
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mercredi 2 décembre 2015
Exercice de pensée - La Paz
1598e jour - Tenter d’imaginer le monde tel qu’il serait s’il n’y avait pas de continents, juste des îles parsemées sur un unique océan…
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mardi 1 décembre 2015
Fourmilière - La Paz
1597e jour - L’homme, haut d’environ cinq pieds, est assurément peu de chose dans la création. Un de ces êtres imperceptibles dit à quelques-uns de ses voisins, dans l'Arabie ou dans la Cafrerie : Écoutez-moi, car le Dieu de tous ces mondes m’a éclairé : il y a neuf cents millions de petites fourmis comme nous sur la terre, mais il n’y a que ma fourmilière qui soit chère à Dieu ; toutes les autres lui sont en horreur de toute éternité ; elle sera seule heureuse, et toutes les autres seront éternellement infortunées.
Ils m’arrêteraient alors, et me demanderaient quel est le fou qui a dit cette sottise. Je serais obligé de leur répondre : “C’est vous-mêmes.” Je tâcherais ensuite de les adoucir ; mais cela serait bien difficile.
Voltaire, Traité sur la Tolérance, 1763
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