lundi 16 novembre 2015
Je me souviens…
1586e jour - Je me souviens que la première fois que j’ai dîné au Petit Cambodge, j’ai été agacé qu’ils refusent mes chèques déjeuner (je ne sais plus si c’est parce que c’était le soir ou le week-end). Mais une semaine plus tard, j’ai milité pour qu’on y retourne tant j’avais apprécié ce que j’avais mangé.
Je me souviens que serveurs et serveuses, au début, nous demandaient systématiquement si l’on savait comment ça fonctionnait ici (au petit Cambodge, c’est le client lui-même qui note sur une feuille de carnet ce qu’il désire consommer).
Je me souviens que très vite, moi, j’ai pris l’habitude de commander un Natin avec du riz alors que Myriam était adepte du Bobun spécial crevette.
Je me souviens qu’on s’est beaucoup demandé, avant de déménager, comment on allait vivre, dorénavant, dans une ville où il n’y aurait pas d’endroits comme celui-là.
Je me souviens que la dernière fois que nous y avons mis les pieds – c’était il y a un mois à peine, juste avant le déménagement – je me suis dit qu’il risquait de passer du temps, maintenant, avant qu’on y mange à nouveau. Nous étions en train de quitter ce qui était un peu notre cantine du quartier.
Je me souviens d’après-midis passées au Carillon. Et de fin de matinées aussi.
Je me souviens y avoir surpris des conversations de rien et d’autres bien plus graves. Je me souviens notamment d’une histoire d’adultère, d’un type qui, chaque jour, se trouvait de nouveaux prétextes pour rejoindre une amante.
Je me souviens aussi que c’est ici que j’ai écrit les dernières lignes d’un livre qui doit sortir bientôt.
Je me souviens d’un dimanche matin, au printemps dernier, alors qu’il y avait un vide-grenier dans les rues adjacentes. Je m’y suis arrêté seul avec Gaspard (au départ, nous étions partis pour aller au marché et c’était la première fois que nous étions rien que nous deux dans un bar). Je me suis senti incroyablement fier d’être là avec lui. Ce jour-là, j’ai pris un café et mon fils un jus de pomme qu’il a bu à la paille.
Je me souviens du monde aperçu sur le trottoir devant le Carillon quand, le soir, nous rentrions en taxi. Je me souviens m’être alors dit que j’aurais aimé avoir vingt ans pour connaître le plaisir d’y traîner jusqu’au bout de la nuit.
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