“La première nuit où je pars à la recherche de la rue de la Clôture, je suis avec Lancien, dans la 405 blanche – blanche mais crade – qu’il possède à l’époque.
[…] nous franchissons le canal, nous remarquons sur la droite, entre la devanture d’une boucherie halal neuve et celle d’une boucherie Loubavitch en déshérence, l’enseigne lumineuse d’un night-club, le Zeralda, dont les lettres vertes, entourées d’un liseré de néon rouge, sont toujours en panne pour au moins deux ou trois d’entre elles.
Dans le pilier qui soutient le périphérique intérieur, une haute porte métallique entrouverte laisse filtrer un rai de lumière au moment où la 405 blanche passe à sa hauteur. Ce rai de lumière trahit la présence, à l’intérieur du pilier, de Gérard Cerbère […]
Puis la 405 blanche s’engage dans la côte que gravit la rue de la Clôture sur les cent cinquante derniers mètres de sa trajectoire. Sur la gauche, un peu en retrait, se dresse pour quelques mois encore le chapiteau de l’école du cirque.
Sur la droite, un talus planté d’herbe réunit le trottoir de la rue de la Clôture et le vaste territoire ferroviaire situé en contrebas. C’est sur ce talus que le 22 novembre 1999, dans la matinée, on a retrouvé le corps de Ginka Trifonova percé d’une vingtaine de coups de couteau.”
La Clôture, Jean Rolin, POL éditeur, 2002