233e jour - Les Rencontres Dreamlands/Deux ou trois choses changent de formule. La nouvelle règle du jeu : on ne propose plus une image mais un lieu d’exploration. Au jour J, on publie – Yannick Vallet, moi – au même instant le fruit de nos reportages respectifs, lui dans le réel, moi dans l’immatériel…
Pour cette nouvelle aventure, j’ai proposé, parce qu’elles me fascinent, les deux cheminées du centre de traitement des ordures ménagères d’Ivry – tout juste à la sortie de Paris…
2. Je ne me souviens pas de la première fois où je les ai vues. C’est un peu comme si elles avaient toujours fait partie du décor.
3. Je les vois régulièrement quand je prends le train vers le sud – gare de Lyon ou gare de Bercy – et c’est toujours un enchantement.
4. Les volutes qui s’en dégagent, parfois, se fondent avec la grisaille du ciel si bien qu’on pourrait les croire fabriques de nuages.
5. Elles me fascinent – elles sont aussi déterminantes dans la construction mentale que je me fais du paysage parisien que la tour Eiffel ou le Sacré-Cœur par exemple. C’est d’autant plus vrai que ces derniers monuments, je ne les aperçois finalement que très peu.
6. Jamais elles ne semblent s’arrêter de cracher... Et les panaches de vapeur d’eau qui s’en dégagent, fonction de la lumière, des courants de l’air, épousent mille formes, mille couleurs.
7. Ambivalence. Elles ont tout à la fois quelque chose d’angoissant – on ne sait pas trop ce qu’elles recrachent – et d’apaisant – elles sont le pouls de la ville, sa respiration.
8. Elles sont associées pour moi – avant tout et à tout jamais – aux Bluets, la maternité dont une partie des chambres et des salles de travail donnent sur leurs sommets.
Des Bluets, j’ai eu le temps de les observer, longuement – avant et après que Sacha soit né.
9. J’ai caressé le projet de les photographier de l’ensemble des points de Paris à partir desquels elles sont visibles. Et de dresser une carte aussi, sur laquelle seraient indiqués les rues d’où elles sont observables. C’est, d’une certaine façon, ce que j’ébauche ici.
10. Si j’en crois la documentation accessible sur le net, les gaz de combustion, avant d’être rejetés, sont épurés ; ils sont lavés à travers un filtre formé de fines particules d’eau ; ils sont analysés au cœur même de la cheminée.
11. Se documentant, on peut également apprendre que le centre d’incinération dispose d’une capacité de traitement de 730 000 tonnes d’ordures ménagères par an – et aussi, corollairement, qu’un habitant de la région parisienne produit plus de 500 kg de déchets ménagers par an !
12. J’ai amassé des images – pas tant que ça, en fait, car la lumière était souvent médiocre. Je suppose que Yannick en a fait tout autant. Je l’imagine volontiers, appareil à la main et tournant autour de l’usine de retraitement ou alors cherchant un promontoire alentour, histoire de disposer d’un point de vue dégager.
Sans doute a-t-il écrit aussi. Je ne sais pas. C’est une surprise – pour moi comme pour vous – et c’est ici : Deux ou trois choses.
Séance de rattrapage. Les Rencontres 1 à 5 sont accessibles à partir de l’onglet Rencontres en haut de page.