mardi 30 avril 2013

Climat, climax - Berlin

1020e jour - La météo, la veille, à la télévision allemande, avait annoncé un temps exécrable : des trombes d'eau, un vent glacial. Mais toute la journée nous avions été baignés de soleil.
Je me suis promené dans des zones industrielles, cherchant des traces de l’Est. Mais je n'en ai pas trouvées.

J'ai marché et marché encore. L'après-midi touchait à sa fin. J'ai vu, littéralement, un bâtiment s'embraser. Et, dans le même instant, comme par enchantement, mon portable a sonné.
J'ai espéré que ce soit toi.
En fait, c'était un type sur une plateforme téléphonique du bout du monde qui cherchait à me refourguer des polices d'assurance.
Je l'ai laissé parler. C'est bête mais j'avais peur, si je raccrochais, que le bâtiment, en face, ne s'éteigne.

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lundi 29 avril 2013

Promesse de CinemaScope - Berlin



1019e jour - J'aime me retrouver dans les tunnels sous les voies des réseaux ferroviaires. Particulièrement en Allemagne où les architectes semblent avoir choisi de se rabattre sur un seul modèle, sans arches ni fioritures, à base de parallélépipèdes.
J'aime me projeter dans le paysage qui se profile côté sortie : un rectangle presque parfait qui se découpe sur le noir des ténèbres – comme une promesse de CinemaScope.

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dimanche 28 avril 2013

Je ne sais qu'en penser - Berlin

1018e jour - Il m'arrive, lors de mes pérégrinations, de tomber sur des scènes qui m'échappent.
Exemple : dans une zone que l'on pourrait qualifier d'industrielle, une personne – homme ? femme ? difficile de se prononcer quand on passe à la vitesse d'une voiture qui file – vêtue de noir, un instrument sur l'épaule, tournée vers un mur d'usine, immobile.
Pas le moindre mouvement.
Je remonte la rue, je me retourne. La personne est toujours là, face à son mur. Figée peut-être à tout jamais.

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samedi 27 avril 2013

Lettre à une amie allemande - Berlin

1017e jour - C'était un début d’été, une fin de soirée. Nuit noire. Nous avions marché à travers la ville. Pour éviter les correspondances tu m'avais mené jusqu’à cette gare improbable de Betriebsbahnhof Rummelsburg. je devais prendre un train pour retourner du côté de Köpenick, là où je logeais.
Sur le trajet, j'avais failli prendre ta main dans la mienne. Je n'avais pas osé.
Il faisait chaud.
Il n'y avait pas grand monde sur le quai. La ville n'était qu'une rumeur lointaine.
Tu m'as parlé de ton grand-père qui avait entendu à la télé qu'il était bon pour la santé de sauter sur place et qui, du coup, chaque matin, sortait dans la forêt derrière chez lui pour faire des bonds un quart d'heure durant. Nous avons imaginé la tête des animaux. Nous avons ri.
Et puis il y a eu un silence – nous nous sommes regardés.
Et puis nous nous sommes embrassés.
Voilà. J'ai quitté Berlin trois jours plus tard. Nous pensions que nous allions très vite nous retrouver.  Mais j'ai rencontré une autre femme à Paris. Tout est allé très vite. J'ai différé puis déprogrammé mon retour à Berlin. Tu as pensé venir à Paris. Je t'en ai dissuadée.
Nous ne nous sommes jamais revus.
Il faut que tu sache. Souvent, je me demande : Que se serait-il passé si, plutôt que de monter dans le train, j'étais resté sur le quai ?

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vendredi 26 avril 2013

Le goût des collections - New York, Denver

1016e jour - Open/Close Sign,w/ Please Call 
Again,11-1/2"x6",White/Blue 
US STAMP c/o IDENTITY GROUP

"Open/Closed Sign is designed for indoor and outdoor use. One side displays a bold "Open" sign written in all caps. The other side displays "Closed" in all caps above a cursive, "Please Call Again" and next to a "Will Return" time indicator. The hands on the clock face adjust easily."
SKU: USS9395                                                                                 $7.86

Les images ci-dessus ont été prises à New York pour les quatre premières, 
à Denver pour la dernière.

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jeudi 25 avril 2013

Au-delà du décor - Paris

1015e jour - Cela fait trois mois que Décor Lafayette est sorti, trois mois que je me dis qu'il faudrait que je marche dans les pas d’Anne Savelli.
Mais je la connais trop  (nous avons déjà partagé, entre autres, un Vase communicant, une lecture publique) ou pas assez (il est encore facile de compter les heures passées ensemble). Je voudrais trouver des mots pour dire toute mon estime, ne pas en faire trop.
Régulièrement, je me téléporte sur les lieux du livre (la rue, les Galeries Lafayette…). Mais eux aussi, j'ai l'impression de les connaître trop ou pas assez.
Et puis, ce matin, presque par hasard, devant les bâtiments du Printemps, à quelques pas à peine des limites du territoire du livre, je suis tombé sur ce placard faisant la publicité des miroirs.
L'image imprimée, échelle un, a l'aspect d'un reflet si réaliste que l'apercevant j'ai tourné sur moi-même pour la comparer au “contre-champ”.
J'ai trouvé ça fascinant, ce miroir qui n'en était pas un, ce trompe-l’œil.
Je me suis dit que l'image était belle pour accompagner un livre qui montre sans
montrer ; un livre ni boule à facettes ni miroir aux alouettes mais qui brille, incroyablement, de mille éclats.


Dans l'index qu'il y a à la fin de Décor Lafayette, j'ai cherché l'entrée “miroir” (13 occurences). Je suis remonté dans le livre, j'ai choisi trois extraits…
Extrait 1, page 54 :
Elle passe d'une boutique à l'autre, examine les chapeaux, les montres dont elle n'a que faire. Elle aimerait une horloge posée sur le manteau d'une cheminée.
Elle aimerait une chambre de bonne dimension.
Un matelas, un lit à sa taille, que les pieds ne dépassent plus.
Un broc. Un gant. Un volet à la fenêtre.
Un miroir.

Extrait 2, page 111 :
Après le couloir, les carreaux de faïence de la station de métro, c'est tout de suite le – 1, sans prendre par le hall. Pas de fenêtre : on entre dans une boule à facettes, se perd dans un labyrinthe dont les murs sont des fauteuils, banquettes, colonnes et miroirs, sentiers qui conduisent d'une marque à l'autre.

Extrait 3, page 122 :
Un camion dans le miroir au-dessus du percolateur, un homme dessinant près d'une femme rieuse et ce parfum retrouvé qui lui disait la robe serrée à la taille, les dix-sept, les vingt ans du bal.

Décor Lafayette d’Anne Savelli, éditions Inculte.

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mercredi 24 avril 2013

Un autre orage - Guardamar del Segura

1014e jour - Pas plus que celui d'hier, l'orage aujourd'hui ne se voit dans l'image. Et pour cause : celui-ci s'est abattu sur Guardamar del Segura il y a une vingtaine d'années déjà.
C'était au petit matin.
L'orage n'a pas été très violent. Il n'a pas duré.
Il a été suivi d'une sorte de pluie résiduelle. À grosses gouttes éparses.
Nous nous sommes retrouvés sur la plage – il devait être neuf heure du matin. Nous étions seuls.
Sous cette pluie d’après l’orage, nous nous sommes baignés.
Nous avons pris quelques photos – à l'époque, on faisait encore des diapos.
J'ai en mémoire les cratères que faisait la pluie dans le sable. Et le contact des serviettes de bain humides.
Je me rappelle aussi du soleil tentant de percer au travers des nuages qui filaient vers la Méditerranée.
Quittant la plage, nous avons repris la route. Barcelone puis la France.
D'autres orages n'allait pas tarder à gronder sur nos têtes – pouvions-nous seulement imaginer qu'ils allaient arriver ?

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mardi 23 avril 2013

Un orage - Austin

1013e jour - Le ciel noir et puis soudain le déluge. Un éclair toutes les cinq, six secondes. Des trombes d'eau.
Des gens courent vers leurs voitures ou les entrées du mall – dix mètres suffisent pour qu'ils soient trempés.
D'autres restent au volant et patientent.
L'eau ruisselle par vagues sur le goudron du parking – un peu comme si la marée montait.
Un coup de tonnerre plus retentissant que les autres. Suivi d'un éclair, soudain, aveuglant. Et quasi dans le même instant une déflagration.
Les phares d'une voiture. Le balayage vain des essuies-glace.
Un gobelet, frêle esquif emporté par le courant.
Journaux et prospectus plaqués au sol par la pluie.
D'autres éclairs. D'autres fracas, imperceptiblement plus lointains.
Une dernière bourrasque.
La pluie qui s'arrête. D'un coup.
Une première trouée déjà dans le ciel. La masse sombre s'éloigne.
Cinq minutes à peine suffisent pour que s'effacent les derniers nuages – pour que le ciel soit d'une étonnante pureté.

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lundi 22 avril 2013

Chasser le brontosaure - Carey, Great Falls, Kansas City…

1012e jour - Parce que j'aime les traces du passé, parce que j'aime les émerveillements de bords de route, pister les verts brontosaures de la Sinclair Oil Corporation pourrait devenir une de mes nouvelles obsessions…
Les images ci-dessus ont été prises, de haut en bas à Carey (Idaho), Great Falls (Montana), Kansas City (Missouri), Lake Delton (Wisconsin) deux fois, Manitou Springs (Colorado) deux fois et Saint-Louis (Missouri).

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dimanche 21 avril 2013

Un brontosaure en pays créationniste

1011e jour - Aujourd'hui, parce que j'avais dix minutes à perdre, je suis allé faire un petit tour dans l’Idaho, entre Twin Falls et Boise.
Des routes toutes droites.
Des paysages arides.
Et puis, sur le toit d'une station essence, un dinosaure !
C'était à Carey, village à population essentiellement mormone et j'ai apprécié le clin d’œil (rappelons que l'église mormone fait partie de celles qui voient, je cite : la théorie de l'évolution comme une “théorie de l'homme” fausse et mauvaise).
Je me suis promis d'enquêter sur les stations Sinclair…

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samedi 20 avril 2013

Une métaphore - Kolkata


1010e jour - Oui, je vois une métaphore dans ce qu'on me donne à voir ici, à l’Institut indien de statistique.
À chaque fois que je m'approche d'une sortie, je me retrouve face à une lourde porte, ou alors une grille. Fermées.
Je ne peux aller plus loin.
Il y a une ville, là, dehors, mais impossible de la rejoindre.
Street View comme une prison dorée ? Ou plutôt : comme une confrontation continuelle à des limites, à des murailles que l'on ne peut traverser…

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vendredi 19 avril 2013

Indian Statistical Institute - Kolkata

1009e jour - Wikipédia :
L'Institut indien de statistique (anglais : Indian Statistical Institute) (ISI), est une institution vouée à la recherche, l'enseignement et l'applications des statistiques, des Sciences naturelles et sociales.
[…]
Le siège de l'ISI est situé dans la banlieue nord de la métropole de Kolkata, à Baranagar, plus précisément à Bon-Hoogly non loin du Dunlop Bridge.
[…]
Les principaux objectifs de l'ISI, tels que décrits dans son Memorandum of Association,
sont :
 de promouvoir l'étude et la dissémination du savoir en statistiques, de développer les théories et méthodes statistiques ainsi que leur usage dans la recherche et leurs applications avec une attention particulière donnée au problèmes de planification du développement et du bien-être social ;
d'entreprendre des recherches dans les différents domaines des sciences naturelles et sociales avec comme but le développement mutuel des statistiques et de ces sciences ;
de fournir et d'entreprendre la collecte d'informations, des études, des projets et des recherches opérationnelles dans le but de planifier et d'améliorer l'efficacité du management et de la production.
Bon, sinon, l’Institut indien de statistique, c'est aussi un espace vaste (une sorte de campus), avec des étangs, des terrains de sport (football, hockey sur gazon…), avec des arbres nombreux et souvent peints de rouge et de blanc.

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