lundi 31 mai 2010

Des Panneaux - Baltimore (4)


South Calhoun Street.
Coup sur coup, à quelques mètres de distances, deux panneaux : le premier (Senior Crossing) laisse supposer qu’une maison de retraite est située dans les parages ; le second (No Ball Playing) que des jeunes aussi fréquentent le quartier.

dimanche 30 mai 2010

En marge - une phrase de Georges Perec

Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec, page 12, extrait :
[…] décrire le reste : ce que l’on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages.

vendredi 28 mai 2010

Cul de sac - Manchester (5)

Je ne sais plus trop, à force de d’avancer, si je suis encore dans la ville ou déjà à sa périphérie. Le paysage ressemble à un paysage de banlieue : de grands espaces, des enfilades de maisons accolées les unes aux autres sur le mode des cités ouvrières, des blocs de temps à autres, construits tout en hauteur dans les années soixante, soixante-dix.


De la brique pour les maisons. Un rez de chaussée, un étage, un micro-jardin devant, dans lequel parfois, sur un fil tendu, sèche du linge.
Le temps est menaçant (des gouttes éparses). Une tondeuse à gazon dans le lointain, des groupes dans les allées adjacentes : des enfants qui chahutent, des adultes qui discutent (Dieu, que j’aimerais pouvoir tout comprendre de leurs propos).
Un couple qui jardine.
Un type qui s’est assis sur le perron de sa maison pour fumer.
Des retraités adossés à un mur.



Et puis, je tombe sur les premières maisons abandonnées – portes et fenêtres closes par des plaques de métal pour dissuader les squatters. Je finirai, explorant, par en découvrir d’autres dans le quartier, de ces maisons devenues fantômes. En quantité.


Des types de la voirie dans leur véhicule à l’arrêt.
D’autres types qui réparent une voiture à l’abri des regards dans la cour d’un atelier de fortune.
Les vestiges d’une usine qui devait employer du temps de sa splendeur des ouvriers par centaines.


Une nouvelle série de maisons dans une allée, aux ouvertures toutes condamnées. À l’entrée du passage, un panneau sur lequel est écrit : Chale Close - Cul de Sac. Une ironique façon de résumer ?

jeudi 27 mai 2010

mercredi 26 mai 2010

Une station-service - Seattle

C’est au nord de la ville. D’avion, je suis d’abord attiré par l’avenue (15th avenue W) : six voies ; des entrepôts près d’un port, une grande friche…


Plongeant dans l’image, je découvre la station-service. Je remonte la circulation à contre-sens pour photographier les bâtiments sous d’autres angles.


Je tombe sur la famille ours. Je soigne mes cadrages. Je fais plusieurs images. Je me dis qu’il faudra que je fasse une série sur les animaux – les vrais comme les faux. Je me dis qu’il faudra que je fasse une série sur les stations-services.


Je décide de faire le tour du pâté de maisons, pour voir. Je tourne à droite puis à droite encore pour passer derrière les bâtiments.
Un centre de tri postal, des villas en surplomb, un poteau étrangement décoré de guirlandes torsadées. Plus loin, une commode et des étagères abandonnées…


Je tourne à droite à nouveau, pour revenir à mon point de départ. Et voilà qu’il y a ce camion-poubelle avec ce type au volant. Il se penche : regard sombre, presque agressif. Et ce regard c’est pour moi comme une invitation à revenir fureter dans les parages.

lundi 24 mai 2010

Bon souvenir de Dreamland - Margate

Longtemps, l’une des fiertés de Margate, modeste station balnéaire au nord-est de Londres a été Dreamland, son parc d’attraction. Outre le Scenic Railway (le plus vieux du royaume), il y avait là des attractions qui se nommaient Looping Star ou Mary Rose


Le parc a fermé en 2003. On a d’abord cru qu’il allait être transformé en zone commerciale mais un groupe de résidents et de fans se battent depuis pour en faire un musée – plusieurs manèges ont été récupérés et sont en attente d’être montés (pour en savoir plus : http://www.savedreamland.co.uk).


Aujourd’hui, ne reste plus guère au promeneur pour se divertir qu’une poignée de salles de jeux d’arcade ou, sur la digue, la maison-musée The Shell Lady of Margate. Il peut suivre également le vol des mouettes au-dessus de sa tête et c’est à peu près tout.


Quant à Dreamland, c’est un nom que l’on retrouve un peu partout dans la ville, donné à un cinéma, par exemple, ou à un magasin de literie.

dimanche 23 mai 2010

Jogging - Las Vegas


On part à Las Vegas en imaginant que ça va être formidable. Mais on se retrouve face à des paysages gris, ternes, sans résolution. Seule une image sur huit ou dix offre le plaisir de la HD.
On flâne tout de même un peu, pour voir. On va, par exemple, du côté de l’aéroport qui est incroyablement près du centre ville. On tombe sur cette femme qui fait son jogging sur une voie rapide avec à l’arrière-plan un avion. On se dit qu’on va ramener au moins une image et que c’est déjà ça !

jeudi 20 mai 2010

La série préférée d’Obama - Baltimore

C’est un quartier choisi au hasard – au sud-ouest de la ville – parce qu’il ne semble pas, vu d’avion, composé de hauts buildings d’affaire.


Je débarque au croisement entre South Carey et West Lombard. Des maisons basses effectivement, colorées, accolées les unes aux autres – l’habitat typique de Baltimore si l’on en croit Wikipedia. Mais ce qui frappe avant tout, immédiatement, c’est le nombre d’entrées de bâtiments barrées par des planches (NO TRESPASSING - PRIVATE PROPERTY bombé au pochoir sur du bois brut). Plus de la moitié des bâtiments dans certains secteurs ne sont plus habités.
Une claque : l’impression de plonger au cœur d’un ghetto. Et de découvrir, sans détours, les pans les plus sombres du décor américain.


White trash, black trash
Des types qui ont tout de petits caïds de quartier.
Des SDF.
Des gens fraîchement posés devant leur maison avec ce qu’il leur reste de biens entassés autour d’eux dans des cartons…
La désolation à chaque coin de rue.


Cherchant à en savoir plus, je découvre qu’une série à succès, Sur écoute (The Wire), explore la vie de ces bas quartiers de Baltimore dévastés par la drogue et la magouille. David Simon, auteur de la série et Ed Burns, ancien inspecteur devenu enseignant, sont restés postés près d’un an, un carnet à la main, au coin de Fayette et Monroe, l’un des carrefours du deal. Ils ont tiré de leur immersion dans le quotidien du ghetto la matière d’un livre (The Corner) qu’ils ont ensuite adapté pour la télévision. The Wire est, paraît-il, la série préférée de Barack Obama.

mercredi 19 mai 2010

mardi 18 mai 2010

Gunchester - Manchester (3)

Trafics en tous genres, stocks massifs d’armes, meurtres… Moss Side passe pour être un des quartiers les plus dangereux d’une ville qui elle-même détient déjà de nombreux records en matière de crime à l’échelle du Royaume-Uni (records de meurtres par armes à feu, de cambriolages, d’attaques violentes, de vols de voitures…). Alors bien sûr, ça donne envie d’aller voir.
J’aborde le quartier par le Nord, par Upper Loyd, je tourne dans Claremont Road.
Je m’attendais à trouver une cité à la française avec des tours, du béton. Je tombe sur des maisons basses, souvent décaties mais finalement pas tant que ça (il y a même quelques jardins joliment fleuris) – plus un quartier populaire qu’une zone de non-droit.


Je relève des mots sur des enseignes : Xawaaladda Dahabsiil (lettres vertes sur fond jaune) et, plus loin, Cosmetics, Imitation Jewellery, Islamic Art, Clothes and Perfumes.
J’observe de près des fauteuils de maison posés sur le trottoir devant le rideau baissé du Zaku Café.


Je m’enfonce dans le quartier.
Des coursives à l’arrière des maisons – à l’anglaise.
Des terrains vagues…
Des passants plutôt rares.
Des paraboles nombreuses devant les fenêtres ou sur les toits.
Des gamins, crânes rasés, sur des vélos et dont on ne sait s’ils jouent ou s’ils font le guet – ou même s’ils ne sont pas en train d’assurer le “commerce de proximité” (il faut bien que les criminels soient quelque part).


Des pancartes, régulièrement, placardées sur les murs et titrées “Warning - Crime and anti-social behaviour”. Mais elles sont là avant tout pour lutter contre les incivismes, non contre la criminalité.


Broadfield Road, Alison Street, Crondall Street.
Une femme retient mon attention : de dos sur le seuil de sa maison. Elle est occupée à astiquer son pas de porte. Elle est vêtue de clair, elle est pieds-nus. Et je suis surpris de la voir aller ainsi, sans chaussures sur le trottoir. J’observe. Elle finit par se baisser et on ne voit plus que ses fesses sous la toile blanche de son pantalon. Il me faut un temps pour détacher mon regard et découvrir, reculant, son fils ou son mari à l’intérieur, assis sur ce qui semble être un canapé en train de regarder la télé (est-ce une émission sur le foot ou sur les voitures ?).

dimanche 16 mai 2010

Autour de Belmont Avenue - Fresno

Une rue/route rectiligne qui traverse la ville d’est en ouest. Une fin de journée orageuse. Il a déjà plu, semble-t-il, plus tôt dans l’après-midi (des flaques par endroits, de la gadoue).
Des enseignes, nombreuses. On se croirait plongé dans des images de Stephen Shore.
Des stations services, des garages, des concessionnaires. Des entrepôts de meubles d’occasion, des vendeurs d’alcool ou de ferronnerie…


Un panneau publicitaire sur le bas-côté, sur lequel, surprise, le slogan n’est martelé qu’en espagnol.


Un homme vêtu d’un imper noir, figé le long d’un mur, énigmatique.


Et puis un micro-sapin de noël synthétique derrière une vitre poussiéreuse. La maison semble abandonnée – c’est au 3355 de l’avenue. Et le sapin a quelque chose de hautement improbable sous pareilles latitudes.

samedi 15 mai 2010

La fille du bus - Manchester (2)

Portland Street toujours. Je continue d’avancer.
Portland Of-Licence - Beers, Wines, Spirits, Soft Rinks, Tobacco.
Janam - Pizza Kebab Burger Chicken - Halal Fast Food.

Un panneau sur le trottoir d’en face. Je traverse pour lire : City Centre Event - Sun 24 June 2007 - Major Delays.
Le soleil perce à travers les nuages.


Un autobus à impérial à l’arrêt dans lequel il y a cette fille. Elle est assise à l’étage, face à la vitre avant.
Cheveux châtains, longs et raides. Tenue sombre dont on ne voit pas presque rien.
Elle regarde droit devant elle, visage fermé.
Je me demande à quoi elle pense. Ou bien si elle se rend au travail ou à l’université (elle semble suffisamment jeune pour faire une crédible étudiante). Et si elle a une profession alors laquelle ; et si elle suit des études lesquelles…
Elle pourrait travailler dans la com. Ou alors être styliste ou galeriste.
Elle pourrait être comédienne. Ce serait épatant.
Sur le bus est placardé l’affiche de Angus, Thongs and Perfect Snogging, une comédie britannique pour adolescents dont elle pourrait être – merveilleux hasard – l’une des héroïnes (les adolescents, au cinéma, sont souvent interprétés par de jeunes adultes).

vendredi 14 mai 2010

Ma première escapade - Manchester

Je pointe au hasard sur un plan de la ville : Portland Street, à hauteur du croisement avec Charlotte Street.
C’est donc là que tout commence.

Ma première image de Manchester, mon premier souvenir : des stickers sur des fenêtres en arc à l’étage d’un immeuble de briques rouges. Lettres jaunes sur fond sombre. Il est écrit : Youth Project  -  Women’s Project  -  Adult Education Project  -  Mental Health Project… Et sur la fenêtre suivante : CHINESE WOMEN SOCIETY. J’apprendrai plus tard que l’on est en bordure du Chinatown local.
Quelques pas plus loin (toujours le même bâtiment), une vitrine de restaurant : Bella Roma  - Southern Italian Cuisine. Un bus, ligne 105, passe avec sur le côté une affiche pour le film The Dark Knight - in cinemas july 24.
J’avance.
De ce côté-ci de la rue, côté pair, de minuscules échoppes, de petits immeubles (rarement plus de 3 étages). De l’autre côté, des tours de verre, d’acier et de béton. Le contraste est saisissant.
Bejing Chinese Restaurant.
Tokyo Season.
Orchid Lounge Bar
, lettres de néons bleues et rouges.


Une banque au croisement avec Nicholas Street, un homme retire de l’argent au distributeur qui fait l’angle. Il semble jeune, relativement – entre 25 et 30 ans, difficile d’aller au-delà des hypothèses (il est de dos). L’homme est élancé, fin. Il porte un costume noir, neutre, de ceux que l’on enfile en entrant dans la finance (il y a trente ans encore sans doute aurait-il agrémenté sa tenue d’un chapeau melon du plus bel effet). Peut-être est-il trader – c’est ce que je me dis le découvrant. Au moment de retirer les billets, de les saisir, il se tourne vers la gauche  pour observer, comme s’il craignait le mauvais coup d’un malfrat. Mais ne se profile à l’horizon qu’un bonhomme, la soixantaine bien sonnée, du genre inoffensif. Alors je m’interroge sur le sens à donner à ce regard de l’homme en costume. J’ai beau chercher, je ne vois pas.


Une averse, soudaine, imprévisible.
Les locaux d’Infinity Services sous un ciel d’orage, mitoyens de ceux de la Shanghai Clinic - Acupuncture, Chinese Herbs, Massage. Et à l’étage de la maison suivante un panneau, des lettres fluos sur fond noir : Tropical Palm - Open 24 hrs - MASSAGE - Entrance at Rear, le tout accompagné d’un numéro de téléphone. Ce qui attire mon attention, avant tout, c’est le “Rear” (derrière). Je pense à Rear Window (Fenêtre sur Cour). Je constate qu’il n’y a effectivement pas de portes sur la façade. Il faut donc faire le tour et passer par une rue/ruelle à l’arrière du bâtiment. Plus tard – bien plus tard, je cherche sur internet. Je tape “tropical palm manchester” dans Google. Je tombe sur le site du lieu. Je lis : “The ladies at Tropical Palms are elegant, sexy and beautiful” ou “Whether you are visiting Manchester on a business trip or live just up the street, we will always guarantee your satisfaction with beautiful, friendly ladies who are always ready to please you!”. Je découvre des photos de ces demoiselles et de brèves descriptions de leur atouts/atours. Exemple :
Girl A: A blonde bombshell guarantees a unique and satisfying European massage. She has the touch of an angel and the body of a goddess that will not disappoint you!
Je tombe également, continuant de fouiner, sur le blog de Mr Pretzels (c’est comme ça qu’il signe) et sur une photo qu’il a pris de l’enseigne Tropicalm Palm à l’arrière, dans Reyner Street, une impasse visiblement étroite et sombre (http://mrpretzels.blogspot.com/2006/02/tropical-palm-massage-on-reyner-street.html).