vendredi 30 mars 2018

Niagara Falls










2155e jour - Lecture de Vendre son corps au paradis de la lune de Miel, texte de Ginger Stand publié en France dans Le Believer n°2 (été 2012), extrait :
Clifton Hill, “la rue cool de Niagara”, est pleine de familles en survêtements qui mangent des glaces devant le Ripley’s Moving Theater. Le Hard Rock Café diffuse “Burning down the House” assez fort pour noyer n’importe quel son venu des Chutes, et “Samuel Jackson” et “Sarah Jessica Parker” attendent pour des photos en gros plan à l’entrée du musée de cire Louis Tussaud. Les magasins de souvenirs débordent de tuniques de hockey, de tasses ornées d’élans, d’insectes à manger, et de figurines d’indiens en habits à franges et coiffes à plumes, de ces tribus de l’Ouest qui ne se sont jamais aventurées à l’est du Mississippi.

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jeudi 29 mars 2018

Sur la passerelle - Le Miroir



2154e jour - Elle dit : “J’aime venir là, sur la passerelle au-dessus de l’autoroute. Je regarde le flux. C’est hypnotique. Parfois je me tourne vers le Nord, parfois vers le Sud, ça dépend. Mais ça ne change pas grand chose au final : ça finit toujours par provoquer une sorte de vertige. Y a pas à dire, c’est un bon moyen de se vider le cerveau !” Elle laisse passer un temps avant d’ajouter : “Il y a une quinzaine de jours, sur un autre pont du côté de Quintigny, il y a un type qui s’est jeté sur les voies au moment où un poids lourd arrivait. Je plains les pompiers qui ont dû intervenir. T’imagines, les pauvres ! Moi, je ferais pas un truc pareil, pas envie qu’on me ramasse à la pelle.”

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mercredi 28 mars 2018

Vie locale - Le Miroir

2153e jour - Rapport du conseil municipal de la commune du Miroir datant du 23 février 2018. Étaient présents Jean-Paul Ravassard, Stéphanie Gonnod, Jean-Paul Moissonnier, Pierre Hansel-Clemaron, Thierry Boudier, Jean-Claude Humbert, Edithe Boully, Frédéric Roussel, Brigitte Raffin, Mikaël Boudet, Muriel Buisson, Lydie Turchet, David Jaillet (Romain Rodot était excusé).



1. Avancement des travaux
• La boutique : la salle principale est opérationnelle pour la location.
• Réfection de la passerelle sur la Gizia : les travaux ont débuté le 13 février. Les accès sont faits. La passerelle a été remise en place. Les rambardes sont prêtes et seront posées définitivement après traitement anticorrosion. L’accès à la passerelle est donc interdit jusqu’à la pose des rambardes.
[…]
6. Achat aérogommeuse
Le conseil municipal donne un avis de principe favorable sur l’achat d’une aérogommeuse en partenariat avec d’autres communes.
7. Informations diverses
a) Plan de désherbage communal : une lettre municipale spéciale “produits photo” sera éditée pour informer la population de la mise en place de ce plan de désherbage et pour sensibiliser l’ensemble des administrés sur la contribution qu’ils peuvent apporter dans ce domaine.
b) Les fréquences de la TNT changent le 24 avril 2018.
c) Donation Mme Pericot : l’acte de donation pour la somme de 1000 euros a été signé le 14 février.
d) Logement des Gambards : les locataires ont donné leur préavis pour le 1er avril 2018.



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mardi 27 mars 2018

Passer par Le Miroir


2152e jour - “L’ailleurs est un miroir en négatif. Le voyageur y reconnaît le peu qui lui appartient, et découvre tout ce qu’il n’a pas eu, et n’aura pas.”
Italo Calvino, Les Villes invisibles
Le Miroir, commune de Saône-et-Loire (588 habitants en 2015)

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lundi 26 mars 2018

Au-delà - Basseville


2151e jour - Elle dit : “Il m’arrive de regarder le paysage et de me dire que c’est un décor peint, tu vois, juste une toile qui serait tendue sur l’horizon. Je me dis si ça se trouve, un de ces jours, elle va se mettre à cramer – pfouff ! – partir en fumée. Il m’arrive alors d’imaginer le paysage une fois l’incendie circonscrit, la nouvelle donne au-delà : des prairies, des champs, quelque chose qui tienne de l’horizon.”

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vendredi 23 mars 2018

Reproduire un mouvement - Belgrade



2150e jour - J’admire les danseurs, les danseuses, les gens capables de reproduire précisément un geste, un mouvement. Il suffit qu’on me propose de poser nonchalamment un bras sur le dessus de ma tête pour que je glisse le mien, plein de maladresse, à hauteur de la nuque. Je pense à cela observant cette belgradoise passant devant la vitrine, les mannequins exposés.

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jeudi 22 mars 2018

La fille de la place - Krasnoïarsk






2149e jour - Il dit : elle était seule sur la place au milieu des visiteurs du marché. Malgré le froid, elle ne bougeait pas. C’est dingue mais j’ai pensé : c’est moi qu’elle attend ! Je suis allé lui parler. Elle n’a pas eu l’air surprise quand je l’ai abordée. Après m’avoir demandé d’où je venais, elle m’a expliqué que si elle était là, elle, dehors, c’était pour réfléchir. Elle était comédienne. Elle était en train de répéter dans le théâtre qui donnait son nom à la place. Elle a montré la façade d’une main gantée. Elle a dit : si je suis sortie c’est pour me mettre les idées au clair mais là je crois que ça va. Je vais y retourner. Tu veux venir voir ?
C’était la toute première répétition. Le décor n’était pas encore monté. Elle m’a proposé de m’installer dans les premiers rangs avant de se diriger, elle, sans se presser, vers la scène où l’attendaient ses comparses. Il faisait chaud dans le théâtre, incroyablement par rapport au dehors. Les comédiens se sont lancés dans ce qui semblait être une sorte d’improvisation, avec parfois d’interminables silences.
Plus tard, la femme qui mettait en scène s’est endormie, elle s’est mise à ronfler mais personne n’a semblé le remarquer.
Une fois les répétitions terminées, la comédienne s’est précipitée vers moi : alors, ça t’a plu ? Et avant même que j’ai pu acquiescer, elle a ajouté : allez, viens, on sort ! Je connais un bar à chicha. Ce n’est pas “à côté à côté” (elle a mis des guillemets d’intention) mais les gens sont très sympas, tu verras. Elle m’a tiré par le bras, j’ai suivi. Il était tard déjà, peut-être une heure du matin. Nous avons marché un bon quart d’heure dans la nuit sibérienne. Une des filles qui bossait au théâtre nous accompagnait. Elle ne semblait pas étonnée de ma présence à leurs côtés. Elle ne m’a pas particulièrement posé de questions pour savoir qui j’étais.
Le bar à chicha était installé au rez de chaussée d’une de ces barres, vestiges de l’ère soviétique. À l’intérieur, comme au théâtre, il faisait incroyablement chaud et moite. Elle m’a proposé de m’asseoir en face d’elle, remarquant : ça me plait d’avoir face à moi tes yeux souriants.
Nous avons bu et fumé. Longtemps. La dernière chose dont je me souvienne de cette nuit c’est son visage perdu derrière un nuage de vapeur avant qu’elle n’éclate de rire, qu’elle ne constate, enjouée : on ne se connaît pas, hein ? Et pourtant !

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mercredi 21 mars 2018

Beauté des espaces festifs - Krasnoïarsk



2148e jour - Au cœur de l’hiver, au cœur de la nuit, malgré un froid de loup, longuement s’émerveiller devant une coquette cabine de DJ restée éclairée même une fois la place désertée.

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mardi 20 mars 2018

La maison de Betty Page - Seattle


2147e jour - Elle dit : “Je ne sais pas depuis combien de temps elle est là. Ça fait un bail. Au moins une dizaine d’années. On passe forcément devant quand on est sur la voie rapide. Moi, à  force, comme tout le monde sans doute dans les parages, j’avais fini par me persuader que Betty Page était une gloire locale, qu’elle avait habité cette maison. Et puis, en 2016, la fresque a été salopée par des crétins. À grands coups de bombes. On n’a jamais su si c’était des petits cons ou des féministes. Bref, pendant quelques mois, le mur est resté tout salopé. Il y a eu des articles, des reportages. C’est comme ça que j’ai appris que Betty Page n’avait jamais mis les pieds dans cette maison : c’était juste le proprio qui était fasciné par elle… Suite aux articles, une collecte a été organisée pour financer la restauration de la fresque. En quelques jours, une somme rondelette a été récupérée. Du coup, pour bien faire, pour que les gens en aient pour leur argent si tu veux, le propriétaire a décidé d’ajouter Divine pour tenir compagnie à Betty Page. Mais je te rassure, Divine, pas plus que Betty Page, n’est de Seattle.”




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lundi 19 mars 2018

La fille qui prenait le soleil - Rouen



2146e jour - Au printemps précédent, il y avait eu cette fille qui prenait le soleil en fin de matinée. Tous les jours de la semaine, immanquablement. La plupart du temps, elle portait juste un débardeur. Elle était jambes nues. J’adorais passer devant elle.
Quand j’ai su que j’allais devoir revenir à Rouen, quand j’ai su que le soleil serait de la partie, qu’il ferait même chaud pour la saison, j’ai attendu, plein d’impatience mon voyage. J’étais heureux à l’idée de réactiver ce moment délicieux, cette vision de peu. Mais dix jours durant, je suis passé devant la façade, jamais elle n’est apparue.




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vendredi 16 mars 2018

Après Delores - Newark



2145e jour - Lecture de Après Delores de Sarah Schulman, éditions Inculte. Page 31 :
Je suis entrée dans un fast-food en face de la gare de Newark pour un coup d’œil au miroir. C’était nécessaire de temps en temps, pour voir si on pouvait deviner sur votre visage ce qui se passait à l’intérieur de vous. C’était toujours moi. J’ai sorti le rouge à lèvres de Delores et j’en ai mis une tonne. Jusqu’à ressembler à une star de cinéma – bouche enduite et si brillante que personne ne vous regardait dans les yeux.

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jeudi 15 mars 2018

Les lieux du Brown Derby - Los Angeles


2144e jour - Le Brown Derby, sur Wilshire Boulevard, était une institution, l’un des symboles de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. C’était un lieu de rendez-vous pour les célébrités de l’époque. Les passants aimaient à poser devant le bâtiment à la forme de chapeau. L’établissement a fermé en 1985 avant d’être détruit. Ne reste plus que l’immeuble de brique d’arrière-plan.
Si l’on en croit Wikipédia : À la fin du film Coquin de printemps (1947), le géant imaginaire Willie, après avoir soulevé le toit du narrateur Edgar Bergen, repart en traversant Hollywood et se coiffe du Brown Derby. Coquin de printemps (Fun and Fancy Free) est le douzième long-métrage d’animation des studios Disney.

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mercredi 14 mars 2018

Dans les pas de P - Torrington et ailleurs…





2143e jour - Lecture de La Dissipation de Nicolas Richard, éditions Inculte, page 25 :
Maintenant, ça y est, j’ai arrêté mes investigations sur les endroits où P a habité. C’est un projet qui a duré six ans et franchement j’ai trouvé énormément de choses passionnantes. Et puis, comment dire… je suis arrivé au moment où j’en ai eu assez, assez des endroits où il avait habité, et assez du reste. […] Mon projet initial était de trouver le plus grand nombre de lieux en rapport avec P et ensuite d’essayer d’obtenir une ou plusieurs photos de chaque lieu.
Images prises, dans l’ordre, à Torrington, Connecticut, à New York, à Clovis et Manhattan Beach, Californie.

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mardi 13 mars 2018

Le goût de l’Atomium - Bruxelles



2142e jour - S’il fallait que je désigne mon monument préféré, je penserais peut-être d’abord à la Statue de la Liberté ou à la Tour Eiffel mais je finirais – j’en suis à peu près sûr – par choisir l’Atomium de Bruxelles. Adolescent déjà, je rêvais devant les images le représentant. Construit pour l’exposition universelle de 1958, l’atomium, édifice à mi-chemin entre sculpture et architecture, représente un cristal de fer agrandi 165 milliards de fois.

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lundi 12 mars 2018

La façon dont les choses disparaissent - Bruxelles




2141e jour - Un beau jour apparaissent sur la vitrine des autocollants “Liquidation totale”, “Liquidation pour cessation d’activité”. Au bout de quelques semaines, les autocollants sont arrachés.  Ne restent plus que des espaces vides. Les saisons s’écoulent, la poussière s’accumule. Reste le jeu de mot sur l’enseigne dont on se demande, tant il est foireux, s’il n’est pas à l’origine du mal.

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vendredi 9 mars 2018

La patrie de Paul Bunyan

2140e jour - Parce que j’ai revu Fargo des frères Coen, je me suis mis à chercher frénétiquement les statues de Paul Bunyan, bucheron légendaire, parfois accompagné d’un bœuf bleu…










J’en ai trouvé, dans l’ordre : à Mantique, Michigan ; sur une route dans le nord du même État ; à Bangor, Maine ; au sud de Chicago à University Park, Illinois ; à Portland,
Oregon ; à Atlanta, Illinois ; à Westwood, Californie ; à Bemidji ou Akeley, Minnesota

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