mardi 16 avril 2013

Les voyages des autres - Annakarin Quinto

1006e jour - Annakarin Quinto, pour fêter le 1000e jour de Dreamlands – mille mercis à elle – m'a offert un récit de voyage. Ce récit de voyage, dans son intégralité, le voici…

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Récit fidèle d’une ballade nocturne d'un jour d'avril gelé.

L'autre jour, un désir irrépressible de voir des cerisiers en fleur m'a pris. Il était près de minuit et j'étais à Paris. Il y fait froid et gris. Peu de cerisiers par ici. C'est ainsi que je décide de me rendre au Japon où les sakura sont nombreux et fameux. Sur Facebook on a annoncé dans la joie et mille photos qu'ils y sont déjà en fleur. C'est d'ici que vient peut-­‐être mon envie d'ailleurs.

J'ai bien cherché et cherché et cherché encore. Le Japon est grand. Je ne le connais pas. Et ils ne sont pas faciles à trouver. C'est du côté de Fujiyama qu'au détour d'un virage, je plonge enfin sous un tunnel délicat de pétales hésitant entre le blanc et le rose. Lorsqu'on part pour ce genre de voyage on ne sait jamais si c'est le bon lieu ou la bonne saison. Ni la bonne heure d'ailleurs. Et ce ne sont peut-être pas des cerisiers non plus.

En tournant la tête (ou la souris, je ne me souviens plus), je vois de l'autre côté de la colline un bosquet aux évanescences nacrées qui me semble plus joli encore. Le désir me porte. Je décide de m'y rendre dare-dare et surtout sans crier gare. J'étais dans les collines. Mais me voilà dans la plaine ! Et arrivée à l'autre bout, il est déjà juillet. Il fait chaud et pas de cerisiers. Mais n'est ce pas le Fujiyama là­‐bas ? Coquin, sous des nuages épais il se dérobe. Et pourtant il doit bien être visible quelque part par là ! C'est la flèche rouge au ventre dodu qui me l'indique !

Je contourne et traverse collines et forêts et autres vastes plaines. Je pensais qu'il était plus facile d'accès mais il préserve son mystère. D'un mont, je saute sur un pont. Un camion me coupe presque la route. Je ralenti. Le camion se détache. Et enfin je le vois, élégant et paisible devant moi.

Je le tiens. Je le traque. Il m'émeut. Dehors il fait froid. L'hiver approche. Mais dans un rayon de soleil, les nuages l'attaquent. Et plus j'avance, plus ils le cachent. Quels cachotiers ces nuages­‐là !

Je change d'angle d'attaque, je me perds. Je demande mon chemin à une jeune fille sage qui attend au bord de la route. Elle ne sait pas grand chose mais m'annonce qu'il est juin et qu'il fait chaud. Et que la route peut être droite. J'ai faim. Et j'ai froid. Il est 1 heure de la nuit d'un jour d'avril gelé chez moi.

Soudain dans le vague au bord d'un chemin un couple à valise à roulette. C'est eux, j'en suis sure, qui sauront m'indiquer la bonne route, celle qui probablement n'est pas droite. J'ai diablement envie d'une soupe. Ils semblent sortir tout droit d'une gare dont je ne retrouve les rails nulle part.

Mais c'est l'entrée d'un parc qu'ils m'indiquent. Je les suis bien qu'il pourrait paraître indélicat de s'immiscer ainsi dans ce qui ressemble fort à une lune de miel à tambours de majorette battants.

 Tiens. Voilà les rails d'ailleurs !

Des rails et d'étranges personnages !



Je suis le moins endormi des trois. Lui au moins il saura.

Je ne suis pas déçue ! Il m'amène à crier,

prier !

et même déjeuner !

Mais là c'est de trop. C'est une soupe que je souhaite. Non pas du plastique même pas en boîte. Coquin l'autre me prend la main et d 'un clin d'oeil me transporte. Mais là ce n'est plus le Food Stadium qui m'allèche ! Le voilà là-­‐bas ! Majestueux et calme et ... sans nuages !

Mon sourire s'éclaire ! Je le tiens, je le contourne, je le détourne !

La prochaine fois j'irai chasser le cheval sauvage en Himalaya !

Annakarin Quinto

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