209e jour - Les visages, les visages clairement visibles, clairement identifiables, sont plutôt rares. La plupart du temps, les personnes saisies par la caméra d’une Google Car – question de respect d’anonymat – se voient floutter avant d’être mises en ligne.
Et donc. Quand un visage apparaît, net, précis, à chaque fois c’est un petit événement pour moi – et un petit ravissement. Je m’empresse de cadrer la personne ; je suis fébrile presque – comme si je craignais que, pressée, elle se dérobe.
Et puis, plus tard, je regarde ces portraits glanés, comme je feuilletterais un album de famille. Et j’essaye d’imaginer des vies derrière les visages : des métiers ; des situations familiales ; des parcours ; des destinées de peu – des expériences du quotidien.
Cela fait partie du voyage.
Les trois images, ci-dessus, ont été prises, dans l'ordre, à Ciudad Juárez, Derry et Macao.