1561e jour - Au printemps dernier, je me suis retrouvé, le temps d’une journée, à Arles pour rencontrer une rombière qui voulait faire de moi son nègre. Il s’agissait de se pencher sur sa vie de capitaine d’industrie.
Elle m’avait donné rendez-vous dans un salon feutré de l’hôtel Jules César où elle logeait alors. C’était la première fois que je pénétrait dans un établissement cinq étoiles.
Notre entrevue n’a duré qu’une petite demi-heure. Je l’ai trouvée détestable mais nous avons fait affaire. Dès le lendemain, comme convenu, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un jeu de contrats ainsi qu’un chèque correspondant à mon avance.
Une semaine plus tard, la dame a eu le bon goût de se faire renverser, en sortant de l’hôtel Jules César semble-t-il, alors que j’étais en train de mollement éplucher une revue de presse qu’elle avait daigné me faire parvenir. J’ai appris sa mort en lisant Le Monde.
Durant quelques jours, je me suis demandé s’il allait falloir que je me manifeste – pour rendre l'argent de l’avance ou réclamer un complément. Finalement, j’ai décidé (si je puis me permettre l’expression) de faire le mort.
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vendredi 9 octobre 2015
jeudi 8 octobre 2015
S’approprier le territoire - Châtillon
1560e jour - Henri Gatinot, Étienne Deforges, Champs Fleuris, Esther Cordier…
Je croise des rues. Leurs noms, bientôt sans doute, me seront familiers.
Au fil des jours, je vais apprendre à circonscrire ce qui sera mon quartier, ma ville.
Je vais apprendre à me donner des repères : telle tour d’habitation à l’ouest, les deux châteaux d’eau proches des voies SNCF.
Je vais également me construire des repères de moindre importance : un panneau ici, un marquage au sol…
Je vais découvrir de nouveaux trajets préférentiels. Je vais apprendre le plus court chemin pour l’école, et celui qui mène à la Maison de la presse, au centre ville. Je vais découvrir des raccourcis.
Je vais découvrir un coiffeur, un marché, une pharmacie où j’aurai plus particulièrement mes habitudes.
Je vais découvrir des bruits, des odeurs ; l’altitude des avions qui survolent la ville, les vents qui portent, certains jours, les effluves de brûlerie…
Un jour, suffisamment familier des lieux, je m’amuserai à changer de trottoir. Pour voir. Ce sera une des premières preuves que je me serai approprié la ville.
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mercredi 7 octobre 2015
Chez nous - Châtillon
1559e jour - Quand la Google Car est passée, le panneau sur la façade indiquait “À Vendre”.
“À Vendre”, il y a deux mois, s’est transformé en “Vendu”. Et le week-end dernier, finalement, alors que nous étions venus pour décoller du papier peint, nous l’avons retiré. Posé sur un sol à la façon d’une toile de tente, il sert maintenant d’abri aux garçons quand ils se rêvent aventuriers.
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mardi 6 octobre 2015
King Kunta- Compton
1558e jour - Avoir juste envie de traverser, en “vrai”, les lieux où ont été tournées les scènes d’un clip aperçu au hasard d’une errance internet (King Kunta, Kendrick Lamar). Vouloir voir le décor et son envers. Sans plus d’ambition que cela.
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lundi 5 octobre 2015
Lost in the Supermarket - Londres
1557e jour - I’m all lost in the supermarket / I can no longer shop happily / I came here for that special offer / A guaranteed personality…
471-473 Kings Road. À cette adresse, à la fin des années soixante-dix, au début des années quatre-vingt, se dressait un supermarché. Joe Strummer qui habitait le quartier, y faisait ses courses…
Lost in the Supermarket, un des “tubes” de The Clash, lui vint alors qu’il passait devant.
Il ne reste plus rien des bâtiments d’alors.
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vendredi 2 octobre 2015
Le jour venu - Fort Lauderdale
1556e jour - Vient l’instant où il s’agit de ne plus penser à rien…
Évacuer le stress, les pensées quelles qu’elles soient. Évacuer les doutes. Respirer profondément. Chercher le calme avant tout.
Lever les yeux vers l’horizon, se tenir droit.
Aspirer une dernière bouffée d’air.
Et puis sauter.
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Évacuer le stress, les pensées quelles qu’elles soient. Évacuer les doutes. Respirer profondément. Chercher le calme avant tout.
Lever les yeux vers l’horizon, se tenir droit.
Aspirer une dernière bouffée d’air.
Et puis sauter.

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jeudi 1 octobre 2015
Périlleux - Fort Lauderdale
1555e jour - Répéter inlassablement. Chuter. Recommencer. Tel est son lot.
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•
Je pourrais rester des heures à l’observer mais je dois partir. Je m’apprête à faire quelque chose d’aussi périlleux à mes yeux que les figures qu’exécute l’acrobate : me retrouver devant une assemblée de personnes qui me sont inconnues à “vendre” un projet dans lequel, une année durant, je me suis engouffré ; je dois convaincre une armée de gens sensés devenir mes alliés qu’un livre que j’ai écrit mérite d’être défendu./////// Si vous avez aimé ce post, peut-être apprécierez-vous celui-ci
mercredi 30 septembre 2015
Un homme qui dort - Fort Lauderdale
1554e jour -
Ça fait un petit moment que je l’observe en me disant qu’il
y a un truc qui cloche et je viens juste de comprendre :
d’habitude, ce genre de type, c’est plutôt le style à ronfler
bruyamment, à être pris de soubresauts. Mais lui, il ne bouge pas
d’un poil. On dirait une statue. L’espace d’un instant, je me
dis : « Putain, et s’il était mort ! »
Rupture d’anévrisme ou quelque chose comme ça.
Et on est tous là, autour de lui, et personne n’a remarqué quoi que ce soit.
Je guette le moindre mouvement qu’il pourrait faire. Putain, ce serait trop con. Je ne sais pas trop quoi faire. J’essaye de voir le bouquin qu’il était en train de lire. Un guide à la con ; sa dernière relation au monde !
J'imagine déjà sa femme qui se penche sur lui et qui se met à hurler, hystérique, et les gens qui se précipitent… Mais c’est le moment que le gars choisit pour se réveiller. D’un coup.
Il s’étire.
Il se redresse un peu puis reprend sa lecture, l’air de rien.
Je n’arrive pas à savoir si je dois être déçu ou soulagé.
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Et on est tous là, autour de lui, et personne n’a remarqué quoi que ce soit.
Je guette le moindre mouvement qu’il pourrait faire. Putain, ce serait trop con. Je ne sais pas trop quoi faire. J’essaye de voir le bouquin qu’il était en train de lire. Un guide à la con ; sa dernière relation au monde !
J'imagine déjà sa femme qui se penche sur lui et qui se met à hurler, hystérique, et les gens qui se précipitent… Mais c’est le moment que le gars choisit pour se réveiller. D’un coup.
Il s’étire.
Il se redresse un peu puis reprend sa lecture, l’air de rien.
Je n’arrive pas à savoir si je dois être déçu ou soulagé.
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mardi 29 septembre 2015
Dans trente ans - Fort Lauderdale
1553e jour - Dans trente ou quarante ans peut-être, elle retrouvera ce portrait pris à Fort Lauderdale. Un fichier parmi des milliers d’autres. Elle se souviendra vaguement d’un séjour le temps d’un week-end prolongé. Elle cherchera à faire ressurgir le nom du photographe. Elle cherchera plusieurs jours durant. Elle hésitera entre Matthew et Marc. Elle trouvera ça dingue de n’être plus sûre de rien.
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lundi 28 septembre 2015
Passerelles temporelles - Vyshny Volochyok
1552e jour - J’ai été ému, aujourd’hui, de découvrir qu’il y avait dans le hall de la gare de Vyshny Volochyok, Russie, le même carrelage exactement que dans la cuisine d’un appartement dans lequel j’ai vécu, quelques années durant, à trois mille kilomètres de là.
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vendredi 25 septembre 2015
Kidnapper le passé pour explorer le futur - Manille
1551e jour - “Cette exploration des images de toute nature participe pour moi à un procédé jubilatoire de recherche, de découvertes et, selon la formule de Walter Benjamin, il s’agit bien souvent de “faire exploser le passé dans le présent”. Donc, comme le Cégeste de Cocteau, de participer à une relecture du visible par la captation de l’invisible. Il y a une modulation du présent mais aussi le passage de l’autre côté du miroir. Dans cet espace parallèle, toute frontière est abolie et le temps est liquide comme le mercure. Ainsi dans mes différents projets de relecture, de recouvrement et de réinterprétation graphique, je tente de passer de l’autre côté de la surface imprimée (le miroir). Je kidnappe le passé pour explorer le futur.”
Jochen Gerner dans la très riche monographie qui lui est consacrée et qui vient de sortir aux éditions B42.
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jeudi 24 septembre 2015
In Bath of Bacon - Northampton
1550e jour - C’est presque par hasard que j’ai fait réémerger l’album. 33 tours, photo noir et blanc encadrée de rose ; image saisie au cour d’un concert, sombre.
In Bath of Bacon de Jazz Butcher. J’ai réécouté les titres qui me ravissaient il y a près de trente ans : Love Kittens, Partytime…
adresses : celle du label (Glass Records, the Metrostore, 231 the Vale, London W3) et, plus improbable, celle du fan-club du groupe à Northampton.
50 Bants Lane, Duston, Northampton, un pavillon de briques parmi d’autres. Je m’attendais à tomber plutôt sur un immeuble de centre ville, sur un pas-de-porte, la devanture d’une boutique…
Observant la façade, la rue, j’essaye d’imaginer un facteur, une fin de matinée d’automne, livrant demandes de photos dédicacées et lettres enamourées.
Je me demande qui pouvait habiter là, à l’époque. Pat Fish, le chanteur lui-même (il est de Northampton) ? Ses parents ? Un ami ?…
Je me demande si les gens qui vivent ici aujourd'hui savent quelque chose de cette histoire passée.
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In Bath of Bacon de Jazz Butcher. J’ai réécouté les titres qui me ravissaient il y a près de trente ans : Love Kittens, Partytime…
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J’ai lu les mots écrits sur la pochette. En bas de celle-ci, au dos, figuraient deuxadresses : celle du label (Glass Records, the Metrostore, 231 the Vale, London W3) et, plus improbable, celle du fan-club du groupe à Northampton.
50 Bants Lane, Duston, Northampton, un pavillon de briques parmi d’autres. Je m’attendais à tomber plutôt sur un immeuble de centre ville, sur un pas-de-porte, la devanture d’une boutique…
Observant la façade, la rue, j’essaye d’imaginer un facteur, une fin de matinée d’automne, livrant demandes de photos dédicacées et lettres enamourées.
Je me demande qui pouvait habiter là, à l’époque. Pat Fish, le chanteur lui-même (il est de Northampton) ? Ses parents ? Un ami ?…
Je me demande si les gens qui vivent ici aujourd'hui savent quelque chose de cette histoire passée.
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