mardi 30 septembre 2025

Avec toi - Paris


3624e jour - J’ai souvent glosé sur la photographie comme trace d’un passé révolu. Dans la mesure où les images enregistrées
dans StreetView peuvent dater d’une dizaine d’années, je me suis souvent demandé si les gens que l’on croisait dans ce monde parallèle étaient encore vivants au moment où on les regardait. Je me suis souvent demandé aussi si moi j’existais dans ce monde-là, si une Google Car ne m’avait pas croisé, il y a longtemps, sans que j’en ai conscience. 

Et puis, vendredi, alors que j’écoutais une émission de France Culture sur le quartier de Belleville, je me suis promené sur les lieux évoqués dans le sujet. Par rebond (je fonctionne beaucoup par rebond), j’ai voulu aller voir, à tout hasard, si dans StreetView on apercevait le kiosquier du coin de la rue du temps où nous habitions Goncourt. L’homme était sympathique. Ça m’aurait fait plaisir de revoir son visage, même flouté, de voir sa silhouette.

Pour voir, je me suis projeté à l’angle de l’avenue Parmentier, et je nous ai aperçu, mon bonhomme, toi et moi, marchant d’un bon pas, collés l’un à l’autre sans doute sur le chemin de l’école (d’autres pères, d’autres mères, d’autres enfants dans le hors-champ). Tu avais cinq ans alors. Sur l’image se devinent tes enthousiasmes, ta joie de vivre. Et c’est cruel de tomber sur cette image quand on connait ta destinée. Et c’est heureux aussi car elle est là, cette image, pour rappeler quel merveilleux garçon tu as été. Je suis ému, tu sais, que la seule trace que je connaisse de moi dans ce monde parallèle que je côtoie quotidiennement, se soit à tes côtés qu’elle ait été enregistrée.

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