mardi 13 février 2018

Attachée attachante - Pyongyang



2127e jour - On m’a présentée Yujin comme étant, malgré son jeune âge, l’une des traductrices les plus qualifiées de Pyongyang. On m’a dit qu’elle serait attachée à mon service exclusif tout au long du séjour ; vingt-quatre heures sur vingt-quatre si cela s’avérait nécessaire.
Je ne sais quasiment rien d’elle si ce n’est qu’elle n’est jamais sortie de son pays. Elle dit avoir vingt-six ans et avoir la chance, avec ses parents, d’habiter un immeuble récent situé dans le nord de la ville. Son français est très approximatif mais son anglais est correct. Elle a de toute façon peu de mots à traduire : sa tâche consiste essentiellement à attendre patiemment que je prenne des photos (elle est du reste souvent étonnée que je ne m’arrête pas aux monuments, aux œuvres remarquables). À l’heure du déjeuner, au moment du dessert, elle sort téléphoner tout en essayant de ne pas me perdre du regard, sans doute pour faire un compte-rendu à ses supérieurs de mes activités matinales. Je suppose qu’elle en fait autant le soir venu, une fois qu’elle m’a raccompagné jusqu’à mon étage à l’hôtel (alors qu’elle sait que je ne ressortirai pas).
Je pourrais facilement rêver d’aventures avec elle mais je sais cela impossible ; je sais qu’il y a forcément quelqu’un, quelque part, qui est payé pour la surveiller, elle, et qui déclencherait un plan d’alerte si je m’approchais trop près de son corps, de son visage.

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