mardi 12 janvier 2016

Multipliant les masques et les visages - Terezin


1624e jour - Deuxième jour dans les pas d’Hélène Gaudy, deuxième extrait d’Une île, une forteresse, page 10 :
Les branches de l'étoile ne sont plus reliées à rien. La petite forteresse est un musée, les remparts ont l’inutilité fossile d’un squelette ou d’une ruine. La ville, qui compte moins de trois mille habitants, est devenue un maillon d’une autre chaîne, un point sur le circuit touristique qui relie Prague au reste de la Bohême. Comme on visite Auschwitz après les merveilles de Cracovie, on atterrit à terezín au sortir du pont Charles, à peine remis de la montée vertigineuse au château, de la vue sur les vignes et les rues de Malá Strana. On la dirait sèche, la ville. Essorée de son histoire. Multipliant les masques et les visages jusqu’à ce qu’on ne voie plus rien, plus grand-chose, du ciel, des toits, comme un air de maquette, de carte mal dépliée.

Une île, une Forteresse d’Hélène Gaudy, éditions Inculte, 2016.

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