mardi 26 février 2013

Se perdre - À proximité de Kaliningrad

961e jour - Et puis, une fin d'après-midi, alors que jusque-là il n'aurait pas quitté la ville, il se serait décidé.
Une route traçant vers l'ouest, bordée d’arbres.
Une esplanade au-delà de laquelle on ne pourrait plus aller, sur laquelle il garerait la voiture.
Ouvrant la portière, il percevrait le bruit de la mer. Elle serait là, juste derrière les arbres, à quelques pas, invisible.


Il apercevrait le chemin. Il s'y engouffrerait.
Le chemin longerait la côte, tout prêt, mais sans jamais que l'on ne puisse voir l'eau.
Juste le ressac perceptible à l'oreille au-delà du vent.
Ici, il ne serait jamais venu. Et pourtant, il marcherait d'un pas assuré.
Il marcherait longtemps.
Il penserait à ses enfants restés à Moscou. Il penserait à celle qui aurait été sa femme vivant aujourd'hui dans l'ombre d'un mafieux quelque part dans l’Oural – il ne saurait où.


Il marcherait longtemps. Oui, vraiment. Il ne saurait dire maintenant l'heure qu'il est.
Les aboiements d'un chien dans le lointain.
L'air frais. Et toujours pas de crique, d'éclaircie, toujours pas de vue sur la Baltique.
Bizarrement, alors que tout à l'heure tout allait si bien, il se sentirait fatigué, essouflé.
Il s'assiérait dans l'herbe sur le bas-côté.
Le vent dans les cheveux. Des frissons.
Il ne saurait plus maintenant s'il aurait la force de revenir à l'esplanade, à la voiture.

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