lundi 14 avril 2014

Se perdre - Banteay Ampil Temple



1251e jour - Nous étions en train de visiter un temple à proximité d’Angkor quand – je ne sais pas ce qui m’a pris – j’ai décidé de quitter le groupe, d’aller faire un tour dans la campagne alentour.
J’ai suivi un chemin entre terre et sable. Au début, celui-ci était à peu près droit. La campagne ne paraissait pas si exotique que ça. J’aurais presque pu me croire en Europe – je me souviens m’en être fait la réflexion.



Et puis, de plus en plus, le chemin s’est démultiplié. Il fallait choisir entre droite et gauche. Encore et encore… Je me suis dit que ce chemin qui semblait inoffensif vu du sol était peut-être en réalité l’une des voies d’un labyrinthe insondable. J’étais prêt à me perdre.



Au bout d’une trentaine de minutes, j’ai aperçu une famille devant moi. J’ai pressé le pas pour la rattraper. J’avais l’impression que de les suivre m’éloignait du temple mais, dans le même élan, ça me semblait indispensable de le faire.







Aucun d’eux ne parlait français ou anglais.
Ils souriaient.
Ils allaient quelque part visiblement.
La mère tenait dans ses bras le poids mort d’une enfant endormie.
D’une certaine façon, ils m’ont intégré à leur groupe.
Nous avons croisé des vaches, un chien. Nous avons traversé des étendues d’eau.
Ils souriaient et je m’éloignais des miens, de ceux avec qui j’étais…
Cela faisait deux bonnes heures maintenant que nous marchions ainsi quand soudain a retenti une sonnerie. C’était mon réveil. Il était sept heures. J’allais devoir me lever.

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dimanche 13 avril 2014

Exercice - New York




1250e jour - L’espace d’une journée, quitter Street View parce qu’est accessible sur le site du Time une image panoramique à haute résolution prise du haut du nouveau World Trade Center en construction (le lien est ici).










Exercice…
1. Contempler la ville de là-haut.
2. S’émerveiller des géométries, des jeux de reflets, des surprises (un terrain de foot sur l’Hudson ; un pont bien visible bien que déjà loin dans le New Jersey).
3. Tenter de visualiser les deux tours géantes et jumelles qu’il y avait là avant.
4. Se souvenir de ne jamais oublier ces dernières.

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samedi 12 avril 2014

Première fois - Paris Opéra Garnier

1249e jour - L’homme rajoute : Et puis, avant, il y a eu la première fois où j’ai vu celle qui allait devenir ma femme sur la scène de l’Opéra Garnier. J’étais assis au rang C, juste là, côté jardin.
Ce soir-là, à l’approche de chaque saut, de chaque pirouette, j’ai tremblé – comme peuvent trembler les parents d’une jeune patineuse sur glace au moment d’un périlleux triple Lutz piqué.

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vendredi 11 avril 2014

Ce soir-là - Paris, Opéra Garnier



1248e jour - L’homme dit : Je ne sais pas si je saurai un jour trouver les mots pour dire la fierté que j’ai éprouvé ce 24 décembre au soir – c’était il y a quatre ans déjà – à me retrouver dans une de ces loges aux côtés de mes parents alors que ma femme était sur scène.
Jusque-là ou presque, mon milieu d’origine m’était apparu comme un handicap. Et puis voilà, avec le temps, j’avais fini par comprendre à quel point je devais m’en sentir fier plus que honteux.
Il faudrait que j’arrive à dire ça sans pathos. Pas facile.

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jeudi 10 avril 2014

Champ/contrechamp - Paris, Opéra Garnier


1247e jour - Se placer là : juste sur la frontière. Entre scène et salle.  Regarder d’un côté, regarder de l’autre.

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mercredi 9 avril 2014

Bientôt - Churchill

1246e jour - Bientôt la neige recouvrira tout. J’attends. Je suis prêt.
Les sols, imperceptiblement, vont disparaître, et les toitures des maisons…
Les traces fraîches de mes pas aussi vont s’effacer.
Je n’ai qu’à me montrer patient. Je n’ai qu’à attendre. Là, dans ce paysage qui peu à peu se dérobe.
Si je sais rester impassible suffisamment longtemps alors viendra le temps où je pourrai tourner sur moi-même et où il n’y aura plus, alentour, qu’un aveuglant éclat blanc.

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mardi 8 avril 2014

Le banc - Churchill

1245e jour - Aujourd'hui, j’ai passé une vingtaine de minutes sur ce banc. À observer la course des tankers sur l’horizon. À avoir froid à force. À penser à tout et à rien… Je me suis rappelé, entre autres, d’un truc lu hier soir : il y aurait plus d’atomes dans un verre d’eau que de verres d’eau dans tous les océans de la Terre. Observant les flots, j’ai médité là-dessus.
J’ai fini par me relever, déjà engourdi. Je me suis éloigné de quelques pas pour photographier le banc. Pour l’envoyer plus tard à Yannick Vallet en guise de clin d’œil amical.

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lundi 7 avril 2014

Comprendre ce que l’on voit - Churchill

1244e jour - La première fois que je me suis promené de ce côté-ci, à la périphérie de la ville, je suis resté sur le chemin. Il commençait à neiger. Je ne me suis guère aventuré plus loin qu’à l’endroit où j’ai pris la photo (devant l’usine de retraitement des déchets). Je me suis demandé, je m’en souviens, ce qu’il y avait au-delà du panneau.


Une dizaine de jours plus tard, je suis revenu dans les parages. Cette fois-ci, le temps était relativement plus clément. Et j’ai découvert l’eau de l’Hudson Bay. Je ne la pensais pas si proche.
Aujourd'hui, je regarde mes deux images. Difficile de croire qu’elles ont été prises du même point.
Je me dis qu’il faudrait, pour ce faire une idée exacte d’un paysage, posséder de celui-ci si ce n’est une galerie d’images tout au moins deux ou trois clichés pris dans des conditions météo contraires. Ce serait un premier pas, me semble-t-il, pour comprendre ce que l’on voit.

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dimanche 6 avril 2014

Là où il ira - Churchill



1243e jour - Peut-être apercevra-t-il un homme au bonnet rouge et une femme à l’écharpe blanche s’approcher l’un de l’autre puis s’arrêter pour discuter.

Peut-être admirera-t-il, rangée sur le bas-côté de la route, une antique autoneige Bombardier (modèle B12 plus que cinquantenaire).

Peut-être photographiera-t-il – étrange abyme – des loups peints sur des poitrails de loups sculptés.


Peut-être se perdra-t-il, de longues minutes durant, dans la contemplation de traces dans la neige.
Anthony Poiraudeau (l’auteur de Projet El Pocero) traversera bientôt ces paysages au nord du Manitoba et, c’est une évidence, je l’envie.

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samedi 5 avril 2014

Pink Flamingos - Las Vegas, Wilmington



1242e jour - Il suffit parfois de peu pour agrémenter une journée. Par exemple : aujourd'hui, surfant sur internet, j’ai découvert qu’il y aurait plus de faux flamants roses sur terre que de vrais.
Les images ci-dessus ont été prises au RetroVegas (Antiques, Furnishings, Art, Accessories) à Las Vegas, Nevada et dans l’entrée de The Zeppelin & The Unicorn Antique Shop à Wilmington, Delaware (boutique qui figure dans Éclats d’Amérique).

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vendredi 4 avril 2014

Une part de cauchemar - Iakoutsk





1241e jour - Pas loin des rives de la Léna. Les immeubles ressemblent à des ruines avant même d’avoir été terminés. Parce que c’est le dégel, parce qu’il a plu hier, l’eau et la boue sont partout. Véhicules comme bâtiments semblent enlisés, englués à tout jamais.
Et au milieu de tout ça est posée une maison pas spécialement belle mais aux murs peints, et devant laquelle des jardinières sont alignées. Cette maison est pour moi une forme de réconfort. Elle dit une résistance face aux multiples hostilités du monde.
Plus tard, déjà loin de Iakoutsk, je repense à ces paysages insensés. Et dans la foulée me reviennent des souvenirs de cauchemars que je faisais enfant. Il y avait de la boue et du béton et je me réveillais en nage. Je mettais beaucoup de temps à me rendormir.

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jeudi 3 avril 2014

Le chat - Iakoutsk

1240e jour - J’ai passé une dizaine de minutes à l’observer. J’ai espéré secrètement qu’il se déplace, qu’il vienne jusqu’à moi. Mais finalement quand il a décidé de bouger ça a été pour s’enfoncer dans les hautes herbes du terrain vague sans doute en quête de quelque proie à se mettre sous la dent.
Marchant, ensuite, je me suis demandé : quelle peut être son espérance de vie ? est-ce qu’un chat, à Iakoutsk, peut survivre à l’hiver sans refuge où se réchauffer ?



J’ai photographié d’autres carcasses de voitures. J’ai essayé de les imaginer sous des congères de neige, dans une lumière crépusculaire (soleil bas masqué par un mur de brume, vent en rafale). Avec, à l’intérieur, des chats recroquevillés, engourdis.

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