L’homme araignée - Jakarta

1373e jour - J’en connais deux à Paris qui se seraient arrêtés pour contempler cet homme araignée des faubourgs de Jakarta. Et, du coup, parce que je les connais – parce que j’imagine leur potentiel enthousiasme face à pareille peinture – je m’arrête à mon tour. J’essaye de voir avec leurs yeux d’enfants.

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La folie des grandeurs - Jakarta

1372e jour - J’ai observé ces habitations dans le quartier des nouveaux riches de Jakarta et je n’ai pu m’empêcher de penser à Buzescu, le village des rois des Roms perdu quelque part en Roumanie…
Les façades, ici, ressemblent à celles que l’on trouve là-bas. Peut-être sont-elles un peu mieux construites – on les devine, de toute évidence, pensées par des gens qui ont des diplômes d’architectes alors qu’à Buzescu la règle est d’improviser souvent sans même avoir de plans. Il n’empêche. Elles disent peu ou prou la même quête ostentatoire. Il s’agit, ici comme là-bas, de montrer que l’on a réussi en s’appuyant sur tout un luxe de colonnades à ce point inutiles qu’elles en deviennent risibles.

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Le carrossier endormi - Jakarta

1371e jour - Elle dit : La première fois que je l’ai vu, il était endormi. Sur un tas de planches si je me souviens bien, posées sur un établi. C’était en début d’après-midi. Je n’ai pas osé le déranger. Je l’ai observé, longuement, à distance… Je me suis demandé à quoi pouvaient bien ressembler ses rêves à cet instant précis.
J’aurais pu rester ainsi à l’observer mais un de ses collègues est venu vers moi pour me proposer son aide. Je ne pouvais pas dire : Non, désolé, je ne suis pas pressée, je vais attendre que cet homme se réveille…
Alors, j’ai expliqué, j’ai montré ma voiture, l’aile avant gauche cabossée. Et tout en expliquant, j’ai continué à régulièrement jeter un œil à mon homme endormi… Difficile à expliquer… J’aurais presque pu le rejoindre, me blottir contre lui et m’assoupir à mon tour. Mais je me suis contentée de repartir en laissant les clés de la voiture.
Quand je suis revenue, deux jours plus tard, il était là, cette fois réveillé. Il m’a demandé ce que je désirais. J’ai failli répondre : Vous !
Il y a eu un silence. Nous nous sommes souri…
Et puis, j’ai montré la voiture qui était garée un peu plus loin.

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Questions du jour - Jakarta

1370e jour - Il arrive qu’une journée ne puisse se résumer qu’en une poignée de questions… Combien y a-t-il de gamins de par le monde qui portent un maillot d’United ou du Milan AC ? À quoi ressemble une vie de chat à Jakarta ?…

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Première image d’Indonésie - Jakarta

1369e jour - Il était tôt à Paris – à peine plus de sept heures – quand j’ai allumé l’ordinateur pour me projeter à Jakarta (le territoire indonésien venait d’être ouvert dans la nuit).
J'ai plongé au hasard. Je suis tombé sur cet homme, “face caméra”, regard absent, avec des types autour de lui qui semblent plus ou moins s’amuser de la situation. Je me suis dit qu’ici, sans doute, j’allais rester un petit moment.

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Pierre de Mars

1368e jour - Peut-être parce qu’elle se trouve à l’entrée de Mars et peut-être aussi parce qu’elle est ceinte d’une clôture semblant avoir été installée là si ce n’est pour la protéger tout au moins pour l’isoler, je m’arrête sur cette pierre posée sur une bande d’herbe en bordure de route.
Je l’imagine pierre de Mars, météorite tombée dans la nuit et dont les gens du coin se demanderaient si elle ne recèle pas une potentiellement dangereuse radioactivité.
Ou alors, j’imagine un rover, façon Curiosity, débouchant d’on ne sait où pour la sonder, la forer… Et la question alors est : si une présence extraterrestre débarquait du côté de Mars, France, concentrerait-elle, tout comme moi, son attention sur ce modeste caillou ?

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Life on Mars

1367e jour - Parce qu’hier je me suis promené dans Neptune, j’ai eu envie aujourd’hui de me parachuter sur Mars, aux frontières de l’Ardèche.

Je marche dans Mars. Je me laisse envahir de questions…
Comment est-ce de vivre dans un village qui porte un nom pareil ? Et comment s’appellent les habitants ici ? Les raillent-on à longueur de temps quand on habite
Le Chambon-sur-Lignon, Saint-Agrève ou Saint-Martin-de-Valamas ? La presse locale ne pense-t-elle ses titres qu’en incluant des jeux de mots faciles/foireux ?…
Et quand un enfant de Mars s’exile, dit-il qu’il vient de Mars ? du nord de l’Ardèche ? d’un village au nom atypique ou cocasse ?

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Observations urbaines - Neptune

1366e jour - Il faut savoir observer, aux angles des rues, comment sont construits les trottoirs : sont-ce les courbes qui dominent ou bien les angles droits ? Et quels sont les aménagements prévus pour qu’une poussette ou un fauteuil puissent entreprendre une traversée ?… Rien qu’à pareils détails, lorsqu’on se retrouve parachuté, on peut se faire une idée de l’endroit du monde où l’on se trouve.

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Du virtuel au réel… Festival MAP 2014

1365e jour - Souvent, il m’arrive d’avoir l’impression de vivre des rêves éveillés. Ce printemps, c’était la parution d’Éclats d’Amérique chez un éditeur vénéré. En ce mois de septembre, le rêve éveillé prend la forme d’une exposition dans le cadre d’un festival plus qu’enthousiasmant : MAP 2014 à Toulouse.

L’invitation m’est venue d’Ulrich Lebeuf et je me dois ici de dire à quel point j’en suis incroyablement fier.

Un jour donc, Ulrich Lebeuf m’a appelé pour me dire qu’il aimerait que soit présenté, dans le cadre du festival dont il assure la direction artistique, un film sur mon travail. Le film tournerait autour de Dreamlands, des Éclats, de mes textes, de mes images. Le festival était prêt à le produire le film.

Aujourd’hui, le rêve est devenu réalité, il a pour titre Dreamland Highway et a été réalisé par Antoine Ferrando.

Ce n’était pas une mince affaire que de construire tout un film – un véritable film – uniquement à partir d’images fixes et de textes écrits. Antoine, me semble-t-il, a relevé le défi.
  

Rêve éveillé… Durant tout le mois de septembre, Dreamland Highway est projeté à Toulouse dans un cadre prestigieux s’il en est : le Capitole.

À mes côtés dans ce lieu rêvé, presque comme un camarade de chambrée – autre fierté pour moi – est exposé Stephan Zaubitzer, World Press 2004. Ses photos à la chambre de cinémas souvent saisis dans leur déliquescence partout à travers le monde sont à tomber par terre.
  

Toutes les infos sur le festival MAP 2014 sont ici : www.map-photo.fr

Il y a mille autres choses à voir : une exceptionnelle rétrospective Saul Leiter, une envoûtante installation de Frédéric Stucin à la Chapelle des Carmélites et j’en passe…

Début de soirée - Neptune

1364e jour - Quand je lui demande ce qu’il aime à Neptune (je suis tenté, dans l’instant, de dire “sur Neptune” mais je me retiens), l’homme répond : Ça fait deux ans que je vis ici. Avant, j’habitais New York, du côté du Queens, un premier étage avec des immeubles tout autour. Je ne voyais pas le ciel. Ici, c’est différent. Il m’arrive de me mettre en plein milieu de la route avec une bière à la main. Le soir, il n’y a pas beaucoup de circulation dans le coin. Et voilà, je regarde le ciel, je regarde le soleil se coucher… Il disparaît derrière les arbres là-bas. Je ne m’en lasse pas… Et je vais vous dire, je ne vois pas ce qu’on peut désirer de plus sur cette putain de Terre…

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Branchements électriques - Neptune

1363e jour - Il m'arrive d'être fasciné par un simple fil suspendu au-dessus d'une maison…

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À tout jamais - Neptune

1362e jour - Mon téléphone a sonné. Je me suis arrêté pour répondre. C’était elle.
Elle venait d’avoir ses résultats : elle était admise dans son université du bout du monde. Elle hurlait dans le combiné tant elle était heureuse, d’une voix suraiguë. Je me suis entendu la féliciter mais elle, l’a-t-elle seulement remarqué…
Il y avait du vent ce jour-là. Et moi, l’écoutant – elle égrainait maintenant ses résultats – j’ai observé les roseaux qui dansaient autour de moi. J’ai eu une pensée pour le Mickey de L’Apprenti sorcier, celui qui se retrouve dépassé par les éléments, les événements… Je me suis vu comme son double…
Bientôt, elle serait sur un autre continent, c’est tout ce que je comprenais de la situation. Soit disant pour un an seulement. Tu parles ! Je savais que ce n’était pas vrai. Je savais qu’elle était perdue pour moi. Oui perdue – perdue à tout jamais.

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