Là où il a vécu - Paris

3550e jour - Il souffrait d’un emphysème depuis longtemps déjà. Le jeudi 26 mars 2020, en plein confinement dû au Covid, il s’est réveillé, dans l’après-midi, en ayant du mal à respirer. Sa compagne a appelé les urgences. La pandémie redoublait, les pompiers étaient débordés, mais ils ont fini par arriver et ont dit qu’ils l’embarquaient pour Lariboisière. Quelques heures plus tard, alors qu’il n’y était toujours pas, on s’est inquiété. On a fait marcher les relations, on a appelé Martin Hirsch qui dirigeait l’APHP. On a découvert que finalement c’est à Cochin qu’il avait été transféré.
Son état au fil des jours s’est aggravé mais il a pourtant été transféré loin de chez lui, à Brest en l’occurrence – c'est le genre de décision qui se prend en temps de crise, quand les hôpitaux sont débordés.
La dernière nuit, sa fille a foncé vers la Bretagne. En route, elle a eu les médecins. Ils voulaient savoir quelle chanson son père aimerait entendre à l’heure de sa mort. Elle a cité Perfect Day de Lou Reed, et Heroes de David Bowie.
Il est mort le jeudi 16 avril 2020. Il s’appelait Daniel Bevilacqua mais tout le monde le connaissait sous le nom de Christophe. Il était le chanteur des Mots Bleus.

C’est là, dans cet immeuble Art Déco du 146 boulevard de Montparnasse qu’il vivait depuis une vingtaine d’années déjà. Et c’est devant cette entrée que les pompiers se sont garés au moment où ils l’ont pris en charge avant de le transférer.

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Paysages intimes - Landos

3549e jour - Ils ne payent pas de mine en photo mais ils sont traitres, les deux ralentisseurs à la sortie de Landos. Il est facile, si on les passe trop vite, dessus de décoller.
Rituellement, quand nous les abordons pour la première fois du séjour, en famille, à quatre autrefois, à trois ou deux aujourd’hui, nous entonnons, dans une mécanique bien huilée, et souvent à tue-tête, une même rengaine. Nous égrainons les mots que nous connaissons pour les définir : Ralentisseur/Montagnes russes/Dos d’âne. Toujours dans cet ordre. 

Plus loin, nous passons la voie ferrée, nous bifurquons. Nous sommes en train d’arriver. Souvent, le matin tôt, le paysage, particulièrement dans cette portion de la route, est nappé de brouillard. Et c’est fantomatique. Et c’est très beau.

Ne reste plus guère qu’un kilomètre à parcourir et apparaît le village. C’est étonnant, la Google Car, quand elle est passée dans le coin à l’été 2024, s’est arrêtée peu avant de l'atteindre – comme si elle voulait le garder secret, et peut-être à raison : c’est un paradis.

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Gagarine était là - Erfurt

3548e jour - Revenu de l’espace, Youri Gagarine est devenu un héros célébré par l’humanité entière, propulsé dans une "tournée mondiale" presque sans fin. En 1963, sa route s’est arrêtée, quelques heures durant, à Erfurt alors en RDA. Ces quelques heures ont été suffisantes pour que l’année suivante une des principales artères de la ville, le Mao Tse-Tung Ring, soit rebaptisée pour devenir le Juri Gagarin Ring. Plus tard, en 1978, un mémorial dédié au héros de l'espace a même été érigé le long du ring pour commémorer le 25e anniversaire de son vol spatial. La sculpture est un second moulage, dont l'original se trouve sur l'avenue des Cosmonautes à Moscou. Le sculpteur russe Lev Kerbel en a fait don à la ville d'Erfurt. Le mémorial Gagarine a été inauguré par le cosmonaute Sigmund Jähn, qui fut le premier Allemand à voler dans l'espace dont je n’avais, je crois, jamais entendu parler mais qui est, à n’en pas douter, un héros outre-Rhin.

 

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Les silences de la semaine - Arkhangelsk

3547e jour - Revenir à Arkhangelsk, cette fois à travers les caméras de Yandex plutôt que celles de Google. Regarder les saisons défiler. Et trouver dans cette déambulation entre temps et espace un incommensurable plaisir.

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Le plus soviétique des KFC - Minsk

3546e jour - Conçue dans un pur style réaliste-socialiste propre à l’Union soviétique, la sculpture, baptisée « Solidarité », a été réalisée dans les années soixante par le sculpteur Anatol Yafimovich Arcimovich. Le KFC qu'elle surplombe, lui, a été conçu à l'image de tous ceux de la chaîne, des États-Unis à la Chine. Sauf qu’ici, drôle d’ironie, le rouge caractéristique de la marque du colonel Sanders a pris place là où avant régnait celui du socialisme.

 

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Square Montsouris - Paris

3545e jour - C’est une de mes voies préférées dans Paris : le square Montsouris qui débouche sur le parc du même nom. Régulièrement, je regarde si elle est dans Street View et tout aussi régulièrement je me retrouve désappointé. Par un drôle de mystère, jamais une Google Car ne l’a empruntée. Mais aujourd’hui, j’ai réalisé que j’avais une parade : quitter Google Maps pour aller chez Mappy. J’ai bien conscience que j’ai des joies simples mais j’ai été trop heureux d’arpenter virtuellement une voie que j’aime arpenter quand mes déplacements sont bien réels.

 

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Processionnaires - Yolombó-Barbosa

3544e jour - Une apparition. On pourrait croire à une procession. C’est sur une route tout en courbes, au nord-est de Medellin, Colombie. Et la beauté est décidément partout.

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Petits plaisirs - Slijkplaat

3543e jour - Il est des semaines qui commencent bien : dans le sud des Pays-Bas, ce matin, du vert, du bleu, et puis soudain, sur une crête, deux cyclistes à l’arrêt pour saluer la Google Car qui passe. Plus loin, ce sont des moutons qui m’émerveillent. Mais eux, la Google Car, ils s’en foutent.

 

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Attendre - Pointe-Noire

3542e jour - Dernier jour ici. Un ciel assombri. Des rideaux de pluie au loin, des grondements… La douce attente.

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Ne pas savoir ce que c’est de vivre là - Pointe-Noire

3541e jour - Une promenade à la périphérie de la ville. Une route de sable, de la poussière. Et des individus croisés, qui vivent là, fantomatiques à leur façon dans le crépuscule. Et des questions qui m’assaillent : qui sont-ils ? à quoi ça ressemble la vie quand on vit ici, à la périphérie de Pointe-Noire.

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