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mercredi 31 mars 2021
Closed to thru traffic - Horace
2711e jour - Horace, North Dakota. Un panneau contourné malgré tout, des véhicules qui soulèvent de la poussière. Et des envies d’imaginer, sur le champ, toute une histoire…
mardi 30 mars 2021
Un immeuble parmi d’autres - New York
2710e jour - Un immeuble new-yorkais que je découvre lisant La Femme du Voisin de Gay Talese, construit en 1907, orné de colonnes à chapiteaux, de fenêtres cintrées, le long d’une façade ornée d’écussons de métal, avec, au-dessus du deuxième étage, les initiales du “propriétaire millionnaire qui s’en était enorgueilli, EWB”. Edward West Browning, connu sous le nom de “Papa” Browning qui fit scandale en son temps en ayant une aventure avec une jouvencelle à peine âgée de quatorze ans.
Si Gay Talese, évoque cet immeuble c’est surtout parce qu’il a abrité les locaux de Screw, tabloïd pornographique qui fit scandale, à la fin des années soixante, au début des années soixante-dix, la gloire d’Al Goldstein, son fondateur, en abordant toute la diversité possible des élans sexuels. Le magazine est célèbre pour avoir été le premier à évoquer la sexualité de J. Edgar Hoover, avec un article courageux pour l’époque intitulé “Is J. Edgar Hoover a Fag?”
Ce qui est fascinant, ici, c’est d’imaginer ce qu’était il y a une cinquantaine d’années cet immeuble où le prix du mètre-carré doit être totalement délirant aujourd’hui. Le quartier – celui d’Union Square – était encore sinistre, sinistré, sombre, malfamé. Personne ne voulait s’installer dans le coin. Gay Talese : “vers 1970, les locaux des étages supérieurs étaient loués à des occupants qu’en d’autres temps on aurait qualifiés d’indésirables. En plus de Screw, qui occupait le onzième étage, il y avait au dixième le quartier général du parti communiste américain ; et le dernier étage abritait une communauté de jeunes homosexuels qui avaient aménagé en résidence les vieux bureaux de Browning.”
Gay Talese, toujours : “L’un des locataires était un artisan qui fabriquait des coups-de-poing américains en cuivre. Il y avait un groupe d’hommes entre deux âges qui se retrouvaient un soir par semaine pour jouer avec des trains électriques dont les circuits emplissaient une salle entière. Il y avait la rédaction d’un magazine d’horreur intitulé Monster Times et, à un autre étage, celle d’un périodique à scandales : Peeping Tom. Un homme du monde […] avait fait de son étage une retraite romantique et un atelier d’artiste. Là vivait aussi une dame rousse solitaire […] qui recevait la nuit la visite de sa sœur jumelle.” Et puis, un peu avant noël 1970, deux anciens propriétaires de chaînes de fast-food louèrent le neuvième étage pour y établir un salon de massage qui attira bientôt tout un lot de visiteurs en quête de massages spéciaux.
lundi 29 mars 2021
Ce qu’il nous reste de Robert Service - Dawson City
2709e jour - Dawson City, pas très loin du Jack London Museum, se trouve la cabane de Robert Service, construite en 1898-1899, classée lieu historique national en 1967, restaurée en 1983… Le bâtiment a été désigné édifice classé parce que Robert Service l'a habité et qu'il est un spécimen rare des premières cabanes de prospecteur qui remontent à l'époque de la ruée vers l'or. Des panneaux, le long de la cabane, sont là pour rappeler qui a été Robert Service. Sur un de ces panneaux sont retranscrites les premières strophes d’un de ses célèbres poèmes dont je ne résiste pas, ici, à mettre l’intégralité (sinon, vous pouvez toujours, sur Youtube, en trouver une sublime lecture faite par Johnny Cash)…
The Cremation of Sam McGee - Robert W. Service
There are strange things done in the midnight sun
By the men who moil for gold;
The Arctic trails have their secret tales
That would make your blood run cold;
The Northern Lights have seen queer sights,
But the queerest they ever did see
Was that night on the marge of Lake Lebarge
I cremated Sam McGee
Now Sam McGee was from Tennessee,
where the cotton blooms and blows
Why he left his home in the South to roam
'round the Pole, God only knows.
He was always cold but the land of gold
seemed to hold him like a spell;
Though he'd often say in his homely way
that he'd sooner live in Hell.
On a Christmas Day we were mushing our way
over the Dawson trail.
Talk of your cold! through the parka's fold
it stabbed like a driven nail.
If our eyes we'd close, then the lashes froze
till sometimes we couldn't see,
It wasn't much fun, but the only one
to whimper was Sam McGee.
And that very night, as we lay packed tight
in our robes beneath the snow,
And the dogs were fed, and the stars o'erhead
were dancing heel and toe,
He turned to me, and "Cap", says he
"I'll cash in this trip, I guess;
And if I do, I'm asking that you
won't refuse my last request."
Well, he seemed so low that I couldn't say no;
then he says with a sort of moan,
"It's the cursed cold, and it's got right hold
till I'm chilled clean through to the bone
Yet 'taint being dead-it's my awful dread
of the icy grave that pains;
So I want you to swear that, foul or fair,
you'll cremate my last remains.
A pal's last need is a thing to heed,
so I swore I would not fail;
And we started on at the streak of dawn
but God! he looked ghastly pale.
He crouched on the sleigh, and he raved all day
of his home in Tennessee;
And before nightfall a corpse was all
that was left of Sam McGee.
There wasn't a breath in that land of death,
and I hurried, horror-driven
With a corpse half hid that I couldn't get rid,
because of a promise given;
It was lashed to the sleigh, and it seemed to say.
"You may tax your brawn and brains,
But you promised true, and it's up to you
to cremate these last remains".
Now a promise made is a debt unpaid,
and the trail has its own stern code,
In the days to come, though my lips were dumb
in my heart how I cursed that load!
In the long, long night, by the lone firelight,
while the huskies, round in a ring,
Howled out their woes to the homeless snows--
Oh God, how I loathed the thing!
And every day that quiet clay
seemed to heavy and heavier grow;
And on I went, though the dogs were spent
and the grub was getting low.
The trail was bad, and I felt half mad,
but I swore I would not give in;
And I'd often sing to the hateful thing,
and it hearkened with a grin.
Till I came to the marge of Lake Lebarge,
and a derelict there lay;
It was jammed in the ice, but I saw in a trice
it was called the Alice May,
And I looked at it, and I thought a bit,
and I looked at my frozen chum;
Then "Here", said I, with a sudden cry, "is my
cre-ma-tor-eum"!
Some planks I tore from the cabin floor
and I lit the boiler fire;
Some coal I found that was lying around,
and I heaped the fuel higher;
The flames just soared, and the furnace roared
such a blaze you seldom see,
And I burrowed a hole in the glowing coal,
and I stuffed in Sam McGee.
Then I made a hike, for I didn't like
to hear him sizzle so;
And the heavens scowled, and the huskies howled,
and the wind began to blow,
It was icy cold, but the hot sweat rolled
down my cheeks, and I don't know why;
And the greasy smoke in an inky cloak
went streaking down the sky.
I do not know how long in the snow
I wrestled with grisly fear;
But the stars came out and they danced about
ere again I ventured near;
I was sick with dread, but I bravely said,
"I'll just take a peep inside.
I guess he's cooked, and it's time I looked".
Then the door I opened wide.
And there sat Sam, looking cool and calm,
in the heart of the furnace roar;
And he wore a smile you could see a mile,
and he said, "Please close that door.
It's fine in here, but I greatly fear
you'll let in the cold and storm--
Since I left Plumtree, down in Tennessee,
it's the first time I've been warm".
There are strange things done in the midnight sun
By the men who moil for gold;
The Arctic trails have their secret tales
That would make your blood run cold;
The Northern Lights have seen queer sights,
But the queerest they ever did see
Was that night on the marge of Lake Lebarge
I cremated Sam McGee.
vendredi 26 mars 2021
Dawson City Museum - Dawson City
2708e jour - Dawson City Museum. Rarement vues des figures de cire aussi affreuses (voire effrayantes). Avec une mention spéciale pour ce bonhomme – gilet moutarde, nœud papillon – qui, selon l’angle sous lequel je le regarde, me fait penser soit à Philippe Gildas, soit à Jean-Luc Mélenchon…
jeudi 25 mars 2021
Petite et grande histoire de la ruée vers l’or - Dawson City
2707e jour - Dawson City, Yukon, ville champignon intimement liée à la ruée vers l’or du Klondike : simple camp de pêcheurs en 1896, 40 000 habitants en 1898… Wikipédia : Le 16 avril 1899, tôt le matin, à la suite de la chute d'une lampe, un incendie se déclare dans la rue principale. Les pompiers sont en grève, et il fait tellement froid que les pompes ont gelé. Il va falloir faire du feu sur la surface du fleuve Yukon afin de pouvoir récupérer de l'eau pour éteindre les flammes. Un brouillard dense de fumée et de givre mêlés empêche les habitants de lutter contre l'incendie, à tel point qu'il faut utiliser des explosifs pour en limiter l'envergure. La moitié de la ville, construite en bois, est détruite. On raconte que la chaleur était telle que l'or conservé à la banque fondit.
mercredi 24 mars 2021
Sur l’autoroute de l’Alaska - Burwash Landing
2706e jour - Burwash Landing, hameau canadien sur l’autoroute de l’Alaska, le long du lac Kluane, donc pas très loin de la frontière américaine. Le Kluane Museum, tout de bois, plein d’animaux empaillés, avec devant, pour arrêter ceux qui circulent sur l’autoroute, une bâtée d’orpailleur que seul un géant pourrait utiliser et que les prospectus du musée vendent comme la plus grande du monde.
Plus loin, une station essence avec ce message à faire frémir : ATTENTION TRAVELLERS - NO FUEL FOR 108 MILES (ce qui fait tout de même plus de 170 kilomètres)…
mardi 23 mars 2021
Sign Post Forest - Watson Lake
2705e jour - Sign Post Forest à Watson Lake sur l’autoroute de l’Alaska, une de ces “Roadside Attraction” qu’affectionnent les nord-américains. Le premier poteau a été planté en 1942 par Carl K. Lindley, un GI en mal du pays, et son panneau indiquait : “Danville, Ill. 2835 miles”. Depuis, les pancartes se sont multipliées. Aujourd’hui, plus que jamais, les visiteurs sont invités à rajouter des panneaux indiquant leurs propres villes natales…
La “forêt” est composée de 1600 poteaux sur lesquels sont plantés un peu plus de 75 800 panneaux. En 2013, la Sign Post Forest a été désignée “site historique” par le territoire du Yukon.
lundi 22 mars 2021
Kilomètre zéro - Dawson Creek
2704e jour - Lecture. Into the Wild de Jon Krakauer en 10/18 : Le 15 avril 1992, Chris McCandless quitta Carthage dans la cabine du camion chargé de graines de tournesol. Sa “grande odyssée en Alaska” commençait. Trois jours plus tard, il traversa la frontière canadienne à Roosville, en Colombie-Britannique. De là, il fit du stop en direction du nord, passant par Skookumchuck, Radium Junction, Lake Louise, Jasper, Prince George. Arrivé à Dawson Creek, il prit dans le centre-ville une photo du panneau indicateur qui marque le début de l’autoroute de l’Alaska. On y lit : “Mile 0 – Fairbanks 1523 miles”, soit 2450 kilomètres.
vendredi 19 mars 2021
L’ancien centre du nouveau monde - Lebanon
2703e jour - Il arrive souvent que la lecture d’un livre me donne envie d’aller voir. Aujourd’hui, c’est les lieux évoqués dans les premières pages de Zones à Risques d’Olivier Bodart, qui vient de sortir chez Inculte, que j’ai voulu “approcher”…
L’inscription sur la plaque de fonte qui était enchâssée dans l’une des quatre pentes affirmait […] que c’était bien ici le centre du pays. […] Elle n’évoquait pas le quarante-neuvième ni le cinquantième États du pays. De fait, la plaque métallique avait été apposée le 25 avril 1940, soit dix-neuf ans avant l’admission de l’Alaska et de Hawaï au sein des États-Unis d’Amérique. […] Le monument de pierre n’était pas le seul élément présent sur le terrain : un minuscule bâtiment en bois de couleur blanche et grise et aux fenêtres étroites en occupait un autre angle. Une plaque peinte au-dessus de la porte indiquait “U.S. Center Chapel”.
jeudi 18 mars 2021
Pour le plaisir - Addis-Abeba et ailleurs…
2702e jour - Aujourd’hui, juste pour le plaisir, j’ai décidé de faire un petit tour en Éthiopie (et ça m’a fait plus de bien encore que ce que je pouvais imaginer).