1178e jour - En Roumanie, j’ai voulu voir Galați et ses aciéries monumentales. J’espérais secrètement me promener au cœur du complexe – de jour comme de nuit.
Mais la plupart des routes m’étaient barrées et je n’ai pu voir les installations que de loin.
J’ai traîné en ville. Je m’attendais à des alignements, nombreux, de cités délabrées mais je n’en ai pas trouvé plus que dans les autres zones urbaines de la région. J’en ai été presque déçu.
Alors que je m’apprêtais à repartir, j'ai aperçu un jeune type aux faux airs d’Ibrahimovic. Il s’est tourné vers l’objectif juste au moment où je déclenchais. Il semblait terriblement s’ennuyer.
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vendredi 31 janvier 2014
jeudi 30 janvier 2014
Histoire de foot - Onești
1177e jour - L’homme dit : Parce qu’ici, il y a eu Comaneci, on s’est tous rêvés sportifs de haut niveau, stars mondiales adulées par les foules. Moi, mon truc, c’était le foot.
On jouait sur un terrain vague pas très loin du gymnase où elle s’était entraînée – j’y voyais un signe.
Le terrain était plein de caillasses, collé au Casin, une saloperie de ruisseau. Trois fois par jour, il fallait aller récupérer le ballon dans la flotte – chaussures trempées ensuite et ballon lourd au moment de frapper ou, pire, de faire une tête. Mais, éducation communiste oblige, on savait qu’il faut souffrir pour y arriver…
J’ai passé des journées entières sur ce terrain.
Plus tard, j’ai joué en junior dans l’équipe d’Onești. J’ai sans doute rêvé d’être repéré par un recruteur venu de Bucarest. Mais aucun recruteur n’est jamais passé. Et puis, de toute façon, assez vite, à cause du boulot, des trois-huit, j’ai arrêté.
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On jouait sur un terrain vague pas très loin du gymnase où elle s’était entraînée – j’y voyais un signe.
Le terrain était plein de caillasses, collé au Casin, une saloperie de ruisseau. Trois fois par jour, il fallait aller récupérer le ballon dans la flotte – chaussures trempées ensuite et ballon lourd au moment de frapper ou, pire, de faire une tête. Mais, éducation communiste oblige, on savait qu’il faut souffrir pour y arriver…
J’ai passé des journées entières sur ce terrain.
Plus tard, j’ai joué en junior dans l’équipe d’Onești. J’ai sans doute rêvé d’être repéré par un recruteur venu de Bucarest. Mais aucun recruteur n’est jamais passé. Et puis, de toute façon, assez vite, à cause du boulot, des trois-huit, j’ai arrêté.
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mercredi 29 janvier 2014
L’envie d’aller voir - Onești
1176e jour - Lecture, extrait :
Nadia s’apprête, ce jour-là, à réaliser un salto classique. Est-ce son corps qui, pour ne pas mourir, cherche une échappatoire au moment où ses mains glissent et qu’elle rate la barre, son bassin cogne violemment le bois ? Béla a bondi vers elle mais trop tard, de toute façon, si elle… ça sera toujours trop tard. Elle a réussi à s’agripper à la barre qu’elle a lâchée. Il lui propose un verre de limonade, une pause, elle refuse, très pâle, comme si elle allait vomir, puis se ravise, désorientée, abasourdie et surexcitée, aussi, car elle n’a pas chuté. Ils se taisent.
•
Il est des livres qui donnent envie, par exemple, d’aller voir à quoi ressemble un gymnase perdu dans un bled du fin fond de la Roumanie, là où s’est entraînée, il y a une quarantaine d’année déjà, une petite gymnase prodige.Il est des livres qui happent.
La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon, éditions Actes Sud.
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mardi 28 janvier 2014
6 août 1945 - Hiroshima
1175e jour - Ci-dessus, le Dôme de Genbaku, l'un des rares bâtiments à ne pas avoir été anéanti par la bombe et conservé, depuis, en l’état.
•
1. Le projet Manhattan est initié dès 1942 (trois ans avant Hiroshima mais sept mois seulement après l’entrée en guerre des États-Unis).2. Le premier essai d’une bombe atomique, Trinity (surnommée “le gadget”) a lieu dans le désert du Nouveau-Mexique moins d’un mois avant Hiroshima (le 16 juillet 1945).
3. La décision de lancer des bombes sur le Japon est prise par Harry S. Truman.
4. Le “Comité des objectifs” (Target Committee) réuni à Los Alamos les 10 et 11 mai 1945 choisit pour cible, dans l’ordre : Kyoto, Hiroshima, Yokohama, l’arsenal de Kokura, Niigata, le palais impérial à Tokyo.
5. Seules quelques personnes sont au courant. Le 21 juillet 1945, le président approuve le largage des bombes sur le Japon. Le 24 juillet, l'ordre est relayé par le secrétaire de la Guerre, Henri Stimson. Le 25 juillet, le général Thomas Handy envoie un ordre secret au général Carl A. Spaatz, ce sera le seul ordre écrit concernant l'utilisation de la bombe atomique. Le 28 juillet, le Japon refuse l'accord de Potsdam.
6. La cité est choisie comme cible, car elle n'a pas encore subi de raids aériens (selon le musée national de la ville, Hiroshima a été volontairement épargnée par les américains lors des bombardements conventionnels pour mieux évaluer l'impact de la bombe).
7. Le centre ville possède quelques bâtiments en béton armé, mais la plupart des constructions sont fragiles. En périphérie, les habitations en bois côtoient les petits commerces, formant une dense collection de structures légères. Quelques usines sont implantées dans la banlieue. Le risque d'incendie est élevé : la concentration des bâtiments et les matériaux utilisés sont propices à une destruction maximale suite aux effets thermiques de la bombe atomique.
8. Deux heures après la réussite de l'essai Trinity du 16 juillet 1945, les bombes “Fat Man” et “Little Boy” prennent la mer à bord du croiseur Indianapolis depuis San Francisco jusqu’à l’île de Tinian, dans le Pacifique.
9. À Tinian, le commandant de bord Paul Tibbets décide de baptiser le B-29 qui larguera la bombe du nom de sa mère (“Enola Gay”), pour placer l'avion et son équipage “sous une bonne étoile”.
10. Le 6 août 1945, le temps est clair au-dessus de la ville. Plusieurs B-29 ont été envoyés sur les autres cibles, mais les autres villes sont toutes couvertes par des nuages. Le B-29 piloté par Paul Tibbets décolle à 2h45 de l'île de Tinian. L'avion transporte avec lui la bombe “Little Boy”. Celle-ci est armée en vol par le capitaine de marine William Parsons.
11. Environ une heure avant le bombardement, les Japonais détectent l'approche d'un avion américain sur le sud de l'archipel. L'alerte est déclenchée avec des annonces à l'attention de la population et un arrêt des programmes radiophoniques. L'avion survole Hiroshima et disparaît. Cet avion est en fait un B-29 de reconnaissance qui confirme les bonnes conditions de visibilité pour le bombardement. Les radars japonais détectent ensuite un nouveau groupe d'avions mais à haute altitude. Leur nombre peu élevé – seulement trois – fait que l'alerte est levée après une dizaine de minutes. Les 3 avions sont “Enola Gay” (chargé du bombardement), “The Great Artist” (chargé des mesures scientifiques), “Necessary Evil” (qui filme et photographie).
12. Le second lieutenant Morris R. Jeppson est le dernier à toucher la bombe lorsqu'il place les fusibles d'armement. Peu avant 8 h 15, “Enola Gay” arrive au-dessus de la ville. L'ordre de bombarder est donné par Tibbets, le major Thomas Ferebee s'exécute en visant le pont Aioi, reconnaissable par sa forme en “T”, celui-ci constituant un point de repère idéal au centre de la ville. Peu après 8h15, la bombe “Little Boy” sort de la soute à une altitude de 9 450 m. À 8 h 16 min 2 s, après 43 secondes de chute libre, elle explose à 580 mètres à la verticale de l'hôpital Shima, à environ 300 m au sud-est du pont initialement visé, libérant une énergie équivalente à environ 15 000 tonnes de TNT.
13. Une énorme bulle de gaz incandescent de plus de 400 mètres de diamètre se forme, émettant un puissant rayonnement thermique. En dessous, près de l'hypocentre, la température des surfaces exposées à ce rayonnement s'élève un bref instant, très superficiellement, à près de 4000°C. Des incendies se déclenchent, même à plusieurs kilomètres. Les personnes exposées à ce flash sont brûlées. Celles protégées parce qu’elles sont à l'intérieur ou à l’ombre des bâtiments sont ensevelies ou blessées par les projections de débris quand quelques secondes plus tard l'onde de choc arrive sur elles. Des vents de 300 à 800 km/h dévastent les rues et les habitations. Le long calvaire des survivants ne fait que commencer alors que le champignon atomique, aspirant la poussière et les débris, débute son ascension de plusieurs kilomètres.
14. Le bombardier rentre à Tinian où l'équipage est décoré pour sa mission. Une grande fête est organisée.
Source Wikipédia.
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lundi 27 janvier 2014
Est-il possible ? - Hiroshima
1174e jour - Est-il possible de se promener dans Hiroshima sans penser à Hiroshima – au 6 août 1945 et au premier bombardement atomique ?
Est-il possible de se figurer à quoi ressemblait la ville dans les minutes qui ont suivies l’explosion ?
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dimanche 26 janvier 2014
Champs d’étoiles- Manchester
1173e jour - Un jour, il faudra que j’écrive – je veux dire sérieusement, longuement – sur ce que donnent à voir les trottoirs des villes. Il faudra, par exemple, que j’aborde les chewing-gums écrasés qui, très vite, perdent leur éclat pour devenir galettes aplaties, blanches plutôt que noires de crasse et qui, pour peu qu’on regarde avec assez de recul, font sur le bitume comme des champs d’étoiles (champs d’étoiles qu’il m’arrive, dans mes rêveries, de remplir de tout un jeu de constellations imaginaires).
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samedi 25 janvier 2014
Comment détruire une ville (et son âme) - Manchester
1172e jour - J'aime à revenir sur les lieux de mes premiers forfaits (de mes premières amours). Aujourd'hui, pour voir, je suis retourné du côté de Portugal et Poland Street, là où, il y a bientôt quatre ans, j’avais observé des ouvriers sur un chantier.
Aujourd'hui, en lieu et place du chantier, se dresse un immeuble d’habitation, trois étages de béton standardisé et des barbelés, alentour, pour protéger les parkings.
La ville change – heureusement qu’elle change (rien ne serait plus mortifère qu’une ville qui n’évolue pas). mais je n’aime pas ce qu’elle est en train de devenir – ça sent l’Internationale de l’architecture (et de l’urbanisme).
Double mouvement :
- les bâtiments industriels anciens, tout de briques rouges, sont phagocytés par les holdings de la créativité (studio de design, galeries hype ou spécialistes de l’événementiel) ;
- ailleurs, après qu’on ait fait table rase, s’épand le reste du tertiaire, la banque, la finance, avec leurs lots désolants de marbres et de verre fumé mondialisé.
On voit ça ici comme on le verrait à Stuttgart, Boston ou Singapour. Le pire c’est que ceux qui sont à l’origine de pareilles initiatives se croient sans doute pionniers – seuls à avoir l’idée. Je trouve ça triste à pleurer.
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Aujourd'hui, en lieu et place du chantier, se dresse un immeuble d’habitation, trois étages de béton standardisé et des barbelés, alentour, pour protéger les parkings.
La ville change – heureusement qu’elle change (rien ne serait plus mortifère qu’une ville qui n’évolue pas). mais je n’aime pas ce qu’elle est en train de devenir – ça sent l’Internationale de l’architecture (et de l’urbanisme).
Double mouvement :
- les bâtiments industriels anciens, tout de briques rouges, sont phagocytés par les holdings de la créativité (studio de design, galeries hype ou spécialistes de l’événementiel) ;
- ailleurs, après qu’on ait fait table rase, s’épand le reste du tertiaire, la banque, la finance, avec leurs lots désolants de marbres et de verre fumé mondialisé.
On voit ça ici comme on le verrait à Stuttgart, Boston ou Singapour. Le pire c’est que ceux qui sont à l’origine de pareilles initiatives se croient sans doute pionniers – seuls à avoir l’idée. Je trouve ça triste à pleurer.
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vendredi 24 janvier 2014
Dans l’immeuble d’en face - Mumbai
1171e jour - Souvent, à la tombée du jour, j’apercevais dans l’immeuble d’en face cet homme, son enfant dans les bras. Il le promenait, lové contre lui, parfois durant plus d’une heure. Il y avait beaucoup d’amour dans sa façon de le porter. À travers le brouhaha de la ville, je l’imaginais chantonner si ce n’est des berceuses des chansons douces.
J’étais heureux à chaque fois que j’apercevais leurs silhouettes imbriquées. Cela m’apaisait, au cœur du tumulte urbain, de savoir qu’existait pareille tendresse. Parfois la mère venait compléter le tableau.
Et puis, un jour, il n’y a plus eu qu’un homme en face. Finies les déambulations avec l’enfant dans les bras. J’en ai été attristé. J’ai imaginé les pires scénarios (parents séparés, décès…). Jusqu’à ce que j’apprennes que l’homme aperçu n’était plus le même. Mes voisins avaient déménagé. Ils habitaient maintenant un autre quartier de la ville, avec, peut-être, en face de chez eux, d’autres gens émus de pouvoir les observer.
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J’étais heureux à chaque fois que j’apercevais leurs silhouettes imbriquées. Cela m’apaisait, au cœur du tumulte urbain, de savoir qu’existait pareille tendresse. Parfois la mère venait compléter le tableau.
Et puis, un jour, il n’y a plus eu qu’un homme en face. Finies les déambulations avec l’enfant dans les bras. J’en ai été attristé. J’ai imaginé les pires scénarios (parents séparés, décès…). Jusqu’à ce que j’apprennes que l’homme aperçu n’était plus le même. Mes voisins avaient déménagé. Ils habitaient maintenant un autre quartier de la ville, avec, peut-être, en face de chez eux, d’autres gens émus de pouvoir les observer.
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jeudi 23 janvier 2014
Ce que l’on sait d’une ville sans jamais y être allé - Mumbai
1170e jour - Qu’aurais-je pu dire de Mumbai avant d’y mettre les pieds ? Pas grand chose, pas grand chose de pertinent. À peine une poignée, si ce n’est d’idées reçues, disons d’images stéréotypées :
- des millions d’habitants (12,5 en réalité) ;
- un nom qui change en 1995 ;
- un mot-valise pour qualifier l’industrie cinématographique locale, “Bollywood”, qui perd de sa pertinence à partir du moment ou Bombay devient Mumbai ;
- le nom d’un film – Salaam Bombay ! – vu il y a longtemps et dont je ne garde le moindre souvenir ;
- le fait que la ville soit située sur les côtes ouest de l’Inde (information dont je ne sais trop ce qu’elle implique, du point de vue climatique par exemple).
Et c’est à peu près tout. Autant dire presque rien.
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mercredi 22 janvier 2014
Le même sac exactement - Chennai
1169e jour - À Paris, j’ai connu une fille qui possédait le même sac exactement. Je m’en souviens parce que j’en avais pris une photo alors qu’il traînait au pied de son lit. C’était au petit matin. Elle dormait encore et j’étais réveillé depuis une bonne demi-heure déjà. Le sac, je ne sais pas trop pourquoi, depuis mon réveil, me fascinait.
Je m’étais levé le plus délicatement possible. Sur la pointe des pieds ou presque, je m’étais dirigé vers mes affaires pour y récupérer mon appareil.
Le bruit du déclencheur l’avait réveillée.
Sans ouvrir les yeux, d’une voix pâteuse, elle m’avait demandé si c’était ses fesses que j’étais en train de photographier.
Je m’étais senti crétin d’avoir à lui avouer que non, ce n’était pas son corps que j’étais en train de shooter mais son sac, dans un rayon de lumière, sur fond de moquette crème usée.
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Je m’étais levé le plus délicatement possible. Sur la pointe des pieds ou presque, je m’étais dirigé vers mes affaires pour y récupérer mon appareil.
Le bruit du déclencheur l’avait réveillée.
Sans ouvrir les yeux, d’une voix pâteuse, elle m’avait demandé si c’était ses fesses que j’étais en train de photographier.
Je m’étais senti crétin d’avoir à lui avouer que non, ce n’était pas son corps que j’étais en train de shooter mais son sac, dans un rayon de lumière, sur fond de moquette crème usée.
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mardi 21 janvier 2014
Voix lointaine - Chennai
1168e jour - J’étais en train de me promener dans une galerie marchande de Chennai quand elle a appelé. Elle était à Paris, dans le métro, m’annonça-t-elle, entre Porte des Lilas et Châtelet.
Elle roulait. Voyage souterrain.
De temps à autre, je percevais la sonnerie signalant la fermeture imminente des portes.
Cela faisait seulement deux mois qu’on ne s’était vus mais elle avait de grands changements dans sa vie à m’annoncer, un nouveau métier par exemple, au sein d’un ministère – ça semblait enthousiasmant.
Je regardais autour de moi. J’essayais, de mémoire, de me figurer le décor dans lequel, elle, elle se trouvait.
Elle me proposa de passer chez elle le samedi suivant – c’était l’objet de son appel : On fait une grande fête, on a invité une centaine de personnes !
J’ai répondu que je viendrais avec plaisir mais, en réalité, j’étais infichu de dire en quel point du globe, à ce moment-là, j’allais bien pouvoir me trouver.
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lundi 20 janvier 2014
La nuit du fantôme - Chennai
1167e jour - Cette nuit-là, à Chennai, la ville qui s’appelait encore Madras il y a vingt ans, j’ai erré. À la façon d’un fantôme. J’ai traversé des murs à la façon d’un passe-muraille.
J’ai fini par me retrouver dans une cantine éclairée aux néons, vide de toute présence et qui m’a fait penser, dans l’instant, plus à une morgue qu’à un espace de restauration.
Je me suis déplacé en silence.
Dans le détail, j’ai observé : les gamelles, les fours, les affiches sur les murs, les grilles anti-mouches Pest-O-Flash.
Je me suis assis. J’ai fermé les yeux. J’ai tenté de concevoir l’effervescence de midi : brouhaha, queues à la caisse, éclats – de voix, de rires –, corps qui s’amassent ou s’entrechoquent. J’ai tenté d’imaginer les odeurs des plats préparés, la chaleur à proximité des fours…
Quelle heure pouvait-il être ?
Dans combien de temps arriveraient les premiers/premières à cuisiner ?
J’étais en train de me poser ce genre de question quand la fatigue m’est tombée dessus. D’un coup.
J’ai senti ma tête dodeliner. J’ai tenté d’ouvrir les yeux mais en vain. Je me suis allongé – le métal du banc sur lequel je me trouvais était à peine froid. Je me suis endormi.
Le lendemain, au petit matin, j’étais ailleurs.
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dimanche 19 janvier 2014
L’été à la plage - Étang de Berre
1166e jour - Début juillet au bord de l’étang de Berre.
Essayer d’imaginer : l’année scolaire vient de se terminer ; l’été promet de s’étirer, tout en langueurs.
La lumière est crue, écrasante.
Il fait lourd.
L’eau est plus chaude encore que celle de la Méditerranée.
Il y a aussi le bruit des avions de Marignane.
Passer ses journées à la plage (sable et terre) avec, sur l’horizon, les complexes de la sidérurgie ou de l’industrie pétrochimique.
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samedi 18 janvier 2014
Circulation interdite à tout véhicule dans les deux sens - Étang de Berre
1165e jour - Peu avant d’entrer dans Martigues, je me suis arrêté sur le bas-côté ; à hauteur d’une plage.
J’ai coupé le contact.
Je suis sorti de la voiture. J’ai marché, un peu. La veille, un fort mistral avait soufflé. Il en subsistait une sorte d’écho.
Alors que m’apprêtais à repartir (trop de vent à mon goût), mon téléphone a sonné. C'était elle. Elle était à Marseille. Si près, si loin.
Elle voulait qu’on se voie, qu’on se parle, qu’on s’explique. Elle a proposé un rendez-vous à la Caravelle sur le Vieux Port. En début de soirée.
En face de moi, était planté ce panneau – contour large et rouge, fond blanc. Alors qu’elle tentait de me persuader de la nécessité d’une entrevue, moi je me demandais ce qu’il signifiait déjà. Je ne m’en souvenais plus.
Et elle poursuivait, vaillante ; elle développait ses arguments, elle essayait de me convaincre. Absorbé dans ma contemplation, je ne l’écoutais presque plus.
Elle a parlé encore, je ne sais combien de temps.
J'ai fini par sortir de ma rêverie, par dire que ce n’était pas la peine d’insister, que je ne viendrais pas. J’ai raccroché.
Je suis resté quelques minutes encore face au panneau – toujours ce vent… Secrètement, sans doute, j’espérais qu’elle rappelle.
Finalement, je suis retourné à la voiture. J’ai roulé.
J’ai commandé un pastis que j’ai bu quasiment cul-sec.
Pour me donner une contenance, j’ai sorti mon iPad, j’ai cherché la signification du panneau qui, plus tôt, m’avait fasciné : circulation interdite à tout véhicule dans les deux sens.
J’ai pris un deuxième verre.
Et voilà. Au moment où j’allais partir (j’avais déjà payé), elle est apparue.
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J’ai coupé le contact.
Je suis sorti de la voiture. J’ai marché, un peu. La veille, un fort mistral avait soufflé. Il en subsistait une sorte d’écho.
Alors que m’apprêtais à repartir (trop de vent à mon goût), mon téléphone a sonné. C'était elle. Elle était à Marseille. Si près, si loin.
Elle voulait qu’on se voie, qu’on se parle, qu’on s’explique. Elle a proposé un rendez-vous à la Caravelle sur le Vieux Port. En début de soirée.
En face de moi, était planté ce panneau – contour large et rouge, fond blanc. Alors qu’elle tentait de me persuader de la nécessité d’une entrevue, moi je me demandais ce qu’il signifiait déjà. Je ne m’en souvenais plus.
Et elle poursuivait, vaillante ; elle développait ses arguments, elle essayait de me convaincre. Absorbé dans ma contemplation, je ne l’écoutais presque plus.
Elle a parlé encore, je ne sais combien de temps.
J'ai fini par sortir de ma rêverie, par dire que ce n’était pas la peine d’insister, que je ne viendrais pas. J’ai raccroché.
Je suis resté quelques minutes encore face au panneau – toujours ce vent… Secrètement, sans doute, j’espérais qu’elle rappelle.
Finalement, je suis retourné à la voiture. J’ai roulé.
•
À l’heure supposée du rendez-vous, je suis allé à la Caravelle. Je me suis installé au bar. Je supposais bien, alors que j’avais décliné l’invitation, qu’elle n’allait pas venir. C’était une sorte de bravade, une fanfaronnade…J’ai commandé un pastis que j’ai bu quasiment cul-sec.
Pour me donner une contenance, j’ai sorti mon iPad, j’ai cherché la signification du panneau qui, plus tôt, m’avait fasciné : circulation interdite à tout véhicule dans les deux sens.
J’ai pris un deuxième verre.
Et voilà. Au moment où j’allais partir (j’avais déjà payé), elle est apparue.
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vendredi 17 janvier 2014
Dreambox - Étang de Berre
1164e jour - J’ai tourné autour de l’étang de Berre : Vitrolles, Marignane, Martigues, Fos, Istres, Saint-Chamas…
Régulièrement, j’ai trouvé dans les décors croisés des envies de déclencher : ici un complexe pétrochimique, là une décharge improvisée sur un parking de bord de rocade. Ou alors des gens qui pêchent ou qui se baignent.
Et puis, dans la zone industrielle entre Berre-l’Étang et Rognac, je suis tombé sur tout un lot de containers sur les parois desquels il était inscrit : Dream Box.
Dream Box… Dans l’instant, j’ai aimé l’association des mots. Mais ensuite, y repensant, je me suis aussi demandé quelle part de rêve pouvaient bien receler des containers posés en pareil endroit.
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jeudi 16 janvier 2014
Elle s’appelait Natalia - Sainte-Anne
1163e jour - L’homme dit : Trois jours plus tôt, j’étais dans un bureau sans fenêtres au cœur d’une tour de la Défense. Et puis voilà, je me retrouvais maintenant à me baigner avec cette Portoricaine rencontrée la veille au soir dans une boîte de Sainte-Anne.
Elle s’appelait Natalia.
Dans un anglais approximatif, elle m’a suggéré d’en faire autant. J’ai d’abord hésité – je ne voyais pas trop ce que j’allais faire du mien.
“Put it on the beach, please”, m’a-t-elle susurré, voix grave et sourire malicieux, avant de me tendre le sien.
Je me suis exécuté. Par pudeur, j’ai nagé le plus longtemps possible (finissant même à la façon d’un reptile). Je me suis approché au plus près de la plage. Je me suis redressé une seconde pour jeter les maillots. Je pensais qu’imbibés ils allaient voltiger au loin. Mais ils se sont échoués à un mètre à peine de la rive. Je me suis demandé si on allait les retrouver en sortant de l’eau.
Je suis quand même retourné vers elle…
Elle m’a enlacé, elle m’a caressé.
J’ai laissé, à mon tour, mes mains glisser sur son corps. Je l’ai embrassée – premier baiser. Sa bouche avait un goût de terre humide. Ça m’a décontenancé.
Et puis, j’ai pensé à mes enfants restés à Paris, à leur mère. Et puis aux maillots qui risquaient d’être emportés par les flots. J’ai ressenti des signes de ballonnement et j’ai eu peur que ce soient les symptômes annonciateurs d’une tourista. Bref, je crois que l’on peut dire que je n’ai pas totalement profité de l’instant.
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Elle s’appelait Natalia.
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Une fois dans l’eau, elle a retiré son maillot.Dans un anglais approximatif, elle m’a suggéré d’en faire autant. J’ai d’abord hésité – je ne voyais pas trop ce que j’allais faire du mien.
“Put it on the beach, please”, m’a-t-elle susurré, voix grave et sourire malicieux, avant de me tendre le sien.
Je me suis exécuté. Par pudeur, j’ai nagé le plus longtemps possible (finissant même à la façon d’un reptile). Je me suis approché au plus près de la plage. Je me suis redressé une seconde pour jeter les maillots. Je pensais qu’imbibés ils allaient voltiger au loin. Mais ils se sont échoués à un mètre à peine de la rive. Je me suis demandé si on allait les retrouver en sortant de l’eau.
Je suis quand même retourné vers elle…
Elle m’a enlacé, elle m’a caressé.
J’ai laissé, à mon tour, mes mains glisser sur son corps. Je l’ai embrassée – premier baiser. Sa bouche avait un goût de terre humide. Ça m’a décontenancé.
Et puis, j’ai pensé à mes enfants restés à Paris, à leur mère. Et puis aux maillots qui risquaient d’être emportés par les flots. J’ai ressenti des signes de ballonnement et j’ai eu peur que ce soient les symptômes annonciateurs d’une tourista. Bref, je crois que l’on peut dire que je n’ai pas totalement profité de l’instant.
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mercredi 15 janvier 2014
Une bouteille à la mer - Sainte-Anne
1162e jour - Demain, plutôt que d’aller travailler, j’irai marcher là-bas, dans un département d’Outre-mer – chemin de randonnée, fait de terre et de sable, parfois dans la forêt, parfois le long du rivage.
Je marcherai jusqu’à l’épuisement. Je finirai par me poser sur une plage déserte. Je laisserai mon esprit peu à peu se vider et se remplir tout à la fois – mouvement somme toute similaire à celui du ressac tout proche.
Et puis, au bout d’une heure peut-être, j’apercevrai une bouteille échouée. Difficilement, je me déplierai pour aller jusqu’à elle.
À l’intérieur, il y aura un message. Retournant la bouteille, œuvrant à l’aide d’un auriculaire d’abord, puis d’un bâtonnet glissé dans le goulot, j’arriverai à l’extirper… Avec précaution, je déroulerai la feuille humide, abimée… Et alors, je lirai. Il sera écrit : Demain, plutôt que d’aller travailler…
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