Unplugged - Petrozavodsk

582e jour - Une fraction de seconde, franchement, j'y ai cru : Michel Polnareff (Polnarev !) sur la promenade de Petrozavodsk !
Chant, guitare et ressac.
Le bal des Laze, Goodbye Marylou, Lettre à France…
Et les promeneurs qui le remarquent à peine.

Je le vois déjà gros comme une maison : certains vont dire que Michel Polnareff ne ressemble pas du tout à ça – que l'homme à la guitare affiche à la rigueur une vague ressemblance avec Philippe Lucas ou Bernard-Pierre Donnadieu. Et bien ils se trompent. Ils n'ont qu'à jeter un œil ici ou bien encore là !

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La promenade appelle à l'oisiveté - Petrozavodsk

581e jour - 4200 et quelques kilomètres au Nord-Ouest de Kemerovo, on est tout
autant en Russie. Mais en République de Carélie cette fois-ci, c'est-à-dire pas très loin du cercle polaire.
On est à Petrozavodsk.

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Petrozavodsk est une ville russe – je veux dire avec son lot d'avenues larges et battues par les vents, avec ses barres d'immeubles, avec sa zone industrielle proche, relativement, d’un centre ville qui, du reste, n'existe pas vraiment.
Mais ici se rajoute, et cela fait très certainement une sacrée différence, une promenade le long des rives occidentales du lac Onega (le second lac d'Europe par son étendue, après le lac Ladoga).
Et la promenade, cela ne fait guère de doute, appelle à l'oisiveté !

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Aux limites de la ville - Kemerovo

580e jour - Des heures d'errances pour arriver là : aux limites de la ville – et du champ couvert par Yandex.
Le vent se lève, glacial.
La nuit ne va pas tarder à tomber.

Il n'y a pas grand chose à voir.
Plus loin, plutôt inquiétants, il y a des jeunes dans une voiture – survêt’ et crânes rasés.
Ils fument. Ils écoutent la radio (des spots publicitaires, de la techno).
On les sent, par ennui, prêts à tout.
Et une question s'impose : qu'est-ce que je fous ici ?

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Cinématographique - Kemerovo

579e jour - Deux filles en rouge à la périphérie d'une ville de Sibérie.
Elles me font penser à d'autres jumelles, celles-ci vêtues de bleu, qui hantent un palace du Colorado coupé du monde durant l'hiver.

Plus loin, une voiture garée sous les frondaisons. J'imagine des histoires possibles.
Je me dis que ça ferait une bonne première image pour un film de Darezhan Omirbaev.

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Combien de bennes ? - Kemerovo

578e jour - Combien en ai-je croisé de ces bennes dans Kemerovo ? Trente ? Quarante ? Plus encore ?…
Dans certains quartiers, il y en a pratiquement à chaque croisement de rues.
Qu'en conclure ?
Je suppose que les Yandex Cars sont passées au moment du dégel, des beaux jours – une presque moitié de l'année où la neige recouvre tout ! – et donc à l'occasion d'un grand ménage de printemps…

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Combien d'architectes ? - Kemerovo

577e jour - Alors voilà. Je peux me promener dans cette ville dont je ne connaissais jusque-là qu'une perspective (vue plongeante sur ce que je ne savais pas être un théâtre devant lequel coule une fontaine quand les températures le permettent – 4 mois dans l'année).

Et me promenant, je me demande : ne serais-je pas ici, en Russie – en Sibérie tout particulièrement – dans un espace paradoxal : en manque terrible d'architectes (tant il y a de barres d'immeubles, partout, qui se ressemblent) mais où les bâtisseurs sont légions (tant il y a d'isbas de bric et de broc, qui semblent nées de l'imagination de ceux qui les habitent).

Une réflexion en entraînant une autre, je me demande également comment ces mêmes isbas aux toits de tôles ou de planches abritent leurs occupants des hivers extrêmes que l'on connaît ici.

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Voyage dans le temps - Kemerovo

576e jour - Kemerovo, Oblast de Kemerovo, fin fond de la Sibérie – pas très loin de Novossibirsk, pas très loin de Krasnoyarsk.

Durant quelques mois, il y a une dizaine d'années, je me suis parachuté sur une des places de la ville. C'était par l'intermédiaire d'une webcam (la webcam existe toujours, le lien est ici). Souvent je m'y rendais quand c'était un début de soirée à Paris, et donc, décalage horaire oblige, une fin de nuit là-bas.

J'observais, qui se rafraîchissaient toutes les 30 secondes, des images de lieux essentiellement déserts et glaciaux (au propre comme au figuré).
Parfois, il neigeait et le silence qui régnait dans la pièce autour de moi semblait être un écho à celui qui enveloppait cette ville du bout du monde.

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Sur la fontaine de la place (l'été), ou à proximité de celle-ci (l'hiver), étaient installés des jeux de lumière, simulacres de pyrotechnie. Et quand je me promène aujourd'hui – chose étonnante –, je retrouve pareils appareillages un peu partout dans la ville jusque dans les jardins des maisons de peu des faubourgs – à croire que c'est une marque de fabrique locale.

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Sur les rives de l’Oka - Nijni Novgorod

575e jour - Bon, il faut bien l'avouer, au final, Nijni Novgorod m'a déçu. Peu de rues couvertes par Yandex – essentiellement de grands axes bordés de ces barres d'immeubles qui rendent les paysages urbains/péri-urbain ex-soviétique si semblables les uns aux autres quelle que soit la ville où l'on se trouve. Du coup, peu de proximité possible avec les passants.
Rajoutez une lumière pas plus fantastique que ça…

Il reste que sur les rives de l'Oka, peu avant que celle-ci ne se jette dans la Volga, je suis tombé sur ces silos décrépis, ces usines.
Et peut-être parce que ce paysage disait un monde en train de disparaître, je me suis arrêté. Là, pendant quelques minutes, enfin, j'ai eu l'impression d'avoir trouvé ce que j'étais venu chercher.

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Profondément russe - Nijni Novgorod

574e jour - Alors donc. Nijni Novgorod, cinquième ville de Russie. 1 300 000 habitants.
400 km à l'est de Moscou seulement mais un climat, si j'en crois les chiffres avancés dans Wikipédia, qui n'est pas sans rappeler celui de la Sibérie : 4,4°C de moyenne annuelle et 152 jours de neige par an.

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Heureux hasard - Nijni-Novgorod

573e jour - Peu après avoir terminé le post d'hier, je tombe sur ce passage du Voyage en Russie de Théophile Gauthier (1866) : Et comment peut-on vivre sans avoir visité Nijni-Novgorod ? D'où vient que les noms de certaines villes vous préoccupent invinciblement l'imagination et bourdonnent pendant des années à vos oreilles avec une mystérieuse harmonie, comme ces phrases musicales retenues par hasard et qu'on ne peut chasser ?

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Première impression - Nijni Novgorod

572e jour - Il est des noms qui donnent envie d'aller voir. Nijni Novgorod (district fédéral de Volga), pour moi, est de ceux-là.
Et je dois avouer que la première image sur laquelle je tombe – on dirait une carte postale des années 60 – me conforte dans cette impression.

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Terra Incognita

571e jour - À chaque fois que je débarque dans un nouvel endroit, j'ai un peu l'impression d'en être le premier explorateur. Il est peut-être, du reste, certaines des images que j'enregistre que je suis le premier – dans Street View – à contempler.
Bon, je le concède, cela ne fait de moi guère plus qu'un aventurier de pacotille. Mais disons que je m’en contente, et même que je m'en réjouis.
Les images ci-dessus ont été prises, dans l'ordre, dans le désert de Mojave aux États-Unis, Sur la fv156 dans le nord de la Norvège et du côté de Lady Grey en Afrique du Sud.

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After/before… - Memories for the Future

570e jour - Voilà. La filiale japonaise de Google a mis en place un site “Memories for the future”, basé sur Street View et sur lequel il est possible, dans la zone nord-est du Japon sinistrée par séisme et tsunami, de comparer – avant/après – les paysages urbains dévastés. C'est édifiant, terrifiant.

Google déclare espérer que ces documents constitueront un ensemble d'archives utiles pour les générations futures.
Je ne vois pas trop quoi rajouter de plus.

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Ishinomaki, préfecture de Miyagi

569e jour - L’Apocalypse. Ici aussi. Comme à Kesennuma, comme à Otsuchi. Comme partout sur une large portion de la côte nord-est du Japon.
Ishinomaki : une population de 16 000 habitants avant le 11 mars et 10 000 disparus ! C'est à la fois concret et abstrait – difficile à concevoir.

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C'est ici, je viens de le découvrir, qu'a été prise la photo devenue célèbre (combien de Unes de magazines à travers le monde ?) de la rescapée saisie aux portes de l'enfer par Tadashi Okubo  – groggy mais vivante.

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