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vendredi 5 juillet 2013

Vases communicants / Yannick Vallet


1086e jour de voyage - Je laisse exceptionnellement – et pour trois jours (une manière comme une autre de lui souhaiter la bienvenue dans le monde des Vases Communicants) ! – les clés de la maison Dreamlands à Yannick Vallet, (entre autres) photographe qui m'accueille pour sa part, grande fierté pour moi, sur Deux ou trois choses

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Derrière le rideau

Tout a commencé un matin tôt. Très tôt. Direction l'aéroport. Direction Roissy-Charles-de-Gaulle. Direction inconnue.
Quelques heures d'attente, de trajet et encore d'attente. Et la destination, la bonne, s'affiche enfin : Prague.

Il y a quelques années, j'avais émis l'idée d'aller à Prague. Une lubie alors que j'avais découvert cette ville dans le "Mission impossible" de Brian de Palma. Une véritable toquade de cinéphile. Eh oui, on ne se refait pas !



Au-dessus de Prague, 2013 - Photo © Yannick Vallet

Mais cette fois-ci, ça y est. Le fantasme prend forme.  Et quatre-vingt dix minutes de vol plus tard, c'est l'atterrissage.
Je ne sais pas grand-chose de Prague et de la République Tchèque. Si ce n'est ce qu'on apprend à l'école !
Passée sous le joug communiste à la fin des années 40, la Tchécoslovaquie va vivre vingt ans sans que personne en Europe ne se soucie vraiment d'elle. Puis en 1968, c'est le fameux Printemps de Prague. Les Tchécoslovaques veulent un socialisme à visage humain et Alexander Dubček, le nouveau président fraîchement élu, entame des réformes. Mais Moscou ne voit pas ça d'un très bon œil et les chars soviétiques entrent dans Prague en août 1968. S'ensuivra la "normalisation" du pays et l'immigration de milliers de personnes.
Puis c'est à nouveau une vingtaine d'années de communisme pur et dur, jusqu'à ce fameux jour de novembre 1989 où l'immuable bloc de l'Est vacille puis s'écroule. En Tchécoslovaquie, on a baptisé ce moment historique la Révolution de velours.
Enfin, en 1993, avec comme acteur principal Václav Havel, est proclamée la République Tchèque Indépendante. Elle entrera dans l'Union Européenne en 2004.

Voilà pour le résumé politico-historique mais finalement aujourd'hui, ce qui m'intrigue le plus, c'est de savoir si 40 années de communisme totalitaire, avec son lot de symboles et d'architecture stalinienne, a laissé son empreinte à Prague. Ou si, comme on peut le lire dans les guides, Prague ressemble plus à Paris, Rome ou Lisbonne qu'à Bucarest ?



Atterrissage, Aéroport Václav Havel, Prague, 2013
Photo © Yannick Vallet

En une heure et demie de vol, j'ai le temps d'apprendre deux mots de tchèque, indispensables. Dobrý den (rouler le R), qui signifie Bonjour. Et Ne. Traduction : Non. Les autres mots sont tellement loin de notre langue que je n'arrive ni à les prononcer, ni à les retenir ! Tant pis. Nous verrons bien au moment voulu.



Jour #1, Prague, 2013

Atterrissage donc. Transfert à l'hôtel. Premier contact avec la ville qui semble plutôt tranquille. Et puis c'est parti pour trois jours de découverte à la recherche des traces de l'Histoire. Direction le centre ville tout proche, classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992.



Horloge, Florenc, Prague, 2013
Photo © Yannick Vallet

Nous empruntons Sokolovská jusqu'à la gare routière de Florenc.
Premiers contacts avec un autre temps, cette étrange horloge salement rouillée et graffée à la base, qui trône au beau milieu de la place. Très années 80 ! Et quelques mètres plus loin, juste devant le McDo, une sorte d'étrange ovni, posé au milieu d'une pelouse un peu miteuse. Vraisemblablement le système d'aération d'une des trois lignes du métro qui passe juste sous nos pieds. Puis j'exulte. Ici, les bancs sont différents. Souvent par deux, leur dossier sert de support à des publicités. En fait, des sociétés spécialisées dans les dossiers de banc (Lavičky z osmičky, AD-Net) permettent à qui le désire de louer cet espace publicitaire original via internet. Chaque banc possède sa page et sa fiche signalétique, accompagné de sa photo. Et tous les bancs sont répertoriés. Des centaines d'images en lignes !



Bancs N°12 et N°13, Nové Město, Florenc, Prague, 2013
Photos © Yannick Vallet

À la croisée de Těšnov, Na Poříčí et Sokolovská, nous découvrons ce que nous avions vaguement entrevu avant d'atterrir : toutes les façades des immeubles sont peintes dans des couleurs à peine croyables. Des roses pâles, des verts amande, des jaunes paille, des bleus délavés ou des saumon orangés ! Et ceci n'est qu'un maigre échantillon…



Těšnov, Prague, 2013 - Photo © Yannick Vallet

Mais rien à voir avec une quelconque architecture stalinienne. Et plus nous nous enfonçons dans les petites rues de Staré Město (la vieille ville) et moins nous en voyons. Je suis presque déçu de voir ce que cette ville est devenue. Un musée à ciel ouvert. La moindre maison, le plus petit immeuble, la plus infime parcelle d'histoire a été ici restaurée. Nettoyée. Dépoussiérée. Repeinte. Tout a été comme remis à neuf. Et même si cette ville est habitée, son âme semble être bien loin. Même la place principale, Staroměstské náměstí, me fait penser à un énorme et très clean décor de cinéma.



Celetná Crystal, rue Štupartská, Prague, 2013 - Photo © Yannick Vallet

Avant de pousser jusqu'aux rives de la Vltava et le célèbre Pont Charles (Karlův most) - sur lequel se déroule d'ailleurs une scène de "Mission Impossible" (!) – petit détour par le (très) vieux cimetière juif. Le plus vieux d'Europe à ce qu'il paraît, puisqu'il fut ouvert au XVè siècle.
Manque de bol, aujourd'hui les portes viennent de fermer à l'instant. Il est 17h30 et impossible de pénétrer dans l'enceinte. Deux américaines hystériques font le forcing pour entrer et tentent de se glisser entre les grilles malgré la désapprobation du gardien hilare : "Crasy americans !". Mais se font choper et reconduire manu militari par la gardienne en chef, cerbère imposante et pas commode du tout !


Cimetière juif, Prague, 2013 - Photo © Yannick Vallet

Plus loin, entre deux immeubles du plus pur style XIXe siècle "haussmannien" s'ouvre soudain un grand espace avec, en toile de fond, une colline boisée et … (mais qu'est-ce qu'elle fait là ?) la Tour Eiffel ! Décidément, Prague ressemble effectivement plus à Paris qu'à une capitale de l'ancien bloc de l'Est ! Mais où sont passés les gros immeubles lourds et massifs du stalinisme ? En périphérie ? En banlieue ? Une chose est sûre, ils ne sont pas dans le quartier du centre. Trop ancien, trop archéologique, trop préservé. Mais alors où ? Le long de la rivière ? J'en doute … Quoique …
Quant à la tour Eiffel pragoise, elle date de 1891 et son sommet est au même niveau que la parisienne. Rien de plus !


Colline de Petřín, Prague, 2013 - Photo © Yannick Vallet

Finalement, après avoir arpenté les cinq cents mètres du Pont Charles, dans un sens puis dans l'autre, nous décidons de rentrer. Il fait froid. Et nous sommes debout depuis trop longtemps. Petit arrêt au Grand Café Orient, le seul café cubiste au monde, où le serveur adorable nous donne un cours accéléré de pragois. Deux nouveaux mots s'ajoutent ainsi à notre vocabulaire : Děkuji (prononcer "diécoué") qui veut dire Merci et Na shledanou (le h est muet), pour Au revoir.


Sokolovská, Prague, 2013 - Photo © Yannick Vallet

 À suivre…

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Texte et images de Yannick Vallet.
Si vous voulez retrouver mon voyage du jour, il faut vous rendre maintenant sur Deux ou trois choses. Et pour la suite du voyage de Yannick Vallet, il faudra revenir ici demain !

Cet échange se passe dans le cadre du projet des Vases communicants : “Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”