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lundi 4 février 2013

Tout ce qu'on ne voit pas - Belfast

939e jour - Rathcoole. Limites du quartier (limites de la ville).
On est au bout d'une impasse. D'ailleurs, si l'on pivotait de 90° sur la gauche, on apercevrait une barrière rouillée mise là pour ne pas qu'il vienne à l'esprit des rares automobilistes de faire une rampe de lancement du terre-plein qu'il y a dans le prolongement.
Si l'on pivotait encore, on verrait des maisons ouvrières telles qu'on en trouve des milliers à Belfast (je veux dire en Irlande, en Écosse, en Angleterre…).
Si l'on traversait les murs de ces maisons, au hasard, on tomberait sur un homme – maillot de foot électrique et survet' – vautré sur un canapé face à un match de Premier League.
Ou alors sur une femme debout dans sa cuisine – maillot de foot électrique et survet' – occupée à ouvrir une boîte de conserve format familial. Avec une petite fille dans les pattes, la petite fille jouant à coiffer sa poupée (un genre de Barbie).
Ou alors ce serait deux garçons, pré-adolescents (maillot de foot pour l'un, sweat à capuche pour l'autre), occupés à sauter sur leurs lits avec dans la main des simulacres d'armes – visages grimaçants, distordus, agressifs.
Ou alors ce serait l'aînée de la famille, bientôt 18 ans, pull à paillettes moulant, jupe extra-courte, maquillage outrancier, assise sur son lit face à un ordinateur, un écran. Sur l'écran, il y aurait un garçon sensiblement de son âge, peut-être un peu plus vieux. Il lui demanderait, suppliant, depuis cinq bonnes minutes déjà, de relever son pull. Mais pour l'instant elle ne le ferait pas. Elle se contenterait de glousser.
 
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