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mercredi 1 février 2017

La façon dont on se fout de nous - Wilmington


1888e jour - 1209 North Orange Street, Wilmington (Delaware). C’est un bâtiment de brique qui ne paie pas de mine, coincé entre une chambre de commerce et des appartements résidentiels. En face :  un parking, béton brut, de cinq étages. Rien de bien remarquable. Et pourtant, c’est là que sont officiellement déclarés les sièges sociaux de Coca-Cola, Apple, American Airline, Google, Bank of America et plus de 285 000 autres entreprises… Le Delaware, qu’on se le dise, est un paradis fiscal. Au total, 1,2 million de sociétés y sont enregistrées, pour un peu moins de 900 000 habitants.
Immatriculer une entreprise ici est un jeu d’enfant. Cela prend cinq minutes et coûte
90 dollars. Il n’est pas nécessaire de divulguer le nom du véritable propriétaire (il suffit de quelqu’un pour le représenter). Du coup, être domicilié dans le Delaware, c’est l’assurance de bénéficier du plus strict secret des affaires. Les dérives sont légions (une telle aubaine attire forcément des sociétés aux activités illégales). Barack Obama aurait essayé de mettre fin, au moins, au secret des affaires. Il n’y est pas parvenu.
Le monde dans lequel on vit est merveilleux. Le Delaware, État paisible où la discrétion est de mise, en ne taxant pas les revenus non physiques réalisés en dehors de sa juridiction, est une putain de machine à ne pas payer d’impôts. Les sommes “économisées” sont colossales.
Donald Trump, bien sûr, est un champion à ce petit jeu. Il dispose de 378 entreprises enregistrées dans les parages. Mais il n’est pas le seul. Huit jour après avoir démissionné de son poste de secrétaire d’État, Hillary Clinton immatriculait dans ce bâtiment du 1209 North Orange Street, une société baptisée “ZFS Holdings LLC” pour gérer ses revenus tirés de livres et conférences (soit la bagatelle de 16 millions de dollars si l’on en croit sa déclaration d’impôt accessible en ligne).

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