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mardi 10 mai 2016
Vivre à Slavoutytch
1700e jour - Aussi insensé que cela puisse paraître, il y a eu une époque où des habitants d’Odessa ou de Kiev échangeaient volontiers leurs appartements contre un logement à Slavoutytch. Les gens croyaient réellement que l’avenir, ici, serait meilleur, radieux bien qu’irradié. Mais tout, en fait, y est comme partout ailleurs. Enfin, non, pas exactement. Ceux qui travaillent à la centrale ou dans la zone contaminée sont au régime des quinze/quinze : quinze jours de boulot, quinze jours de récupération. C’est un drôle de rythme. Les temps d’oisiveté, que ce soit dans la rigueur de l’hiver comme dans la touffeur de l’été, se perdent souvent dans l’alcool, la drogue et le sexe. Les gens, ici, meurent plus de leurs excès que de la radioactivité accumulée. Dans la région, paraît-il, on dit qu’à Slavoutytch personne ne dort jamais dans un seul lit.
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