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vendredi 30 octobre 2015
Le détail des images - Bitola
1575e jour - Un des premiers textes que je me suis targué d’écrire, alors que j’avais une vingtaine d’années – c’était une nouvelle –, était l’histoire d’un type qui, sur un marché des balkans, tombe par hasard sur une minuscule visionneuse, à peine la taille d’un œilleton, avec une seule image mais dans laquelle il était possible, grâce à une micro molette, de zoomer jusqu’à presque l’infini. La vue de départ était une scène de rue dans une ville occidentale ; le zoom permettait, par exemple, d’aller jusqu’au détail des mots d’un livre tenu par un lecteur posé sur un banc dans le lointain (les premiers mots du livre, mise en abyme, étaient ceux de la nouvelle).
Avec Street View, j’ai parfois l’impression d’être confronté à pareil outil. En tout cas, comme mon découvreur de visionneuse, souvent, je me plait à me perdre dans les paysages que je croise.
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jeudi 29 octobre 2015
Sous la pluie - Bitola
1574e jour - Passer quelques jours ici. À Bitola. Alors que la météo s’annonce médiocre…
Parapluie, imper, appareil photo, carnet. Déambuler dans la ville, jusqu’à l’épuisement. Prendre conscience, très vite, qu’il est facile d’en faire le tour.
Se complaire dans l’exploration d’un espace de rien.
À la façon d’une comptine, faire tourner dans sa tête les mots de la géographie locale : Monastir, Manastir, plaine de Pélagonie, rivière Dragor, colline de Krkadach…
À la tombée du jour, passer dans une épicerie s’acheter à manger – un sandwich, un dessert, une bière –, avant de rentrer à l’hôtel.
Retrouver une chambre aux couleurs pêche, abricot. Allumer la télé par réflexe. Quitter ses chaussures, changer de chaussettes (celles du jour sont trempées).
Se vautrer.
Espérer qu’il y aura du foot, ce soir, à la télé – un match de Champions League.
Se demander quand même, un peu, ce que l’on fout là.
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mercredi 28 octobre 2015
Diskont - Bitola
1573e jour - C’est une épicerie sur l’avenue commerçante de Bitola, sud de la Macédoine. Je l’observe d’abord du trottoir d’en face. Avant de traverser.
De près… Des chiffres alignés, compilés – un mur de prix comme une grille de loto. Je lis au hasard : Ariel 246 ; Merix 475 ; Bambola 99…
Plus haut, une façade décrépie. On pourrait croire le dessin de continents imaginaires perdus au cœur d’océans inconnus.
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mardi 27 octobre 2015
J’aime… - Skopje
1572e jour - J’aime que les routes, semblants d’infinis, aient des fins. Et j’aime aussi quand une voiture est garée là où s’arrête le goudron, face à ce qui est pour elle un inconnu, un peu comme si elle faisait face à l’océan.
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lundi 26 octobre 2015
Premiers pas en Macédoine - Skopje
1571e jour - Aujourd’hui, j’ai fait mes premiers pas en Macédoine. C’était à Skopje.
Au hasard de mes errances, j’ai contemplé des dossiers, des brochures rangés sur les étagères d’un bureau d’architecte.
Plus loin, plus tard, c’est à des voitures garées, en vrac, dans un parking souterrain que je me suis intéressé. Je ne sais pas si c’est parce que je suis fatigué mais tout ça m’a foutu le bourdon. En fait, je me suis dit que j’aurais pu tout aussi bien faire face à pareilles scènes ailleurs, aux États-Unis, en France ou en Australie. Je n’ai pas aimé l’idée.
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vendredi 23 octobre 2015
Univers courbe - Plaisir
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jeudi 22 octobre 2015
Plaisir, sens et interdits
1569e jour - Chacun prend son plaisir où il le trouve. Le mien, aujourd'hui, parce qu’ils sont nombreux, a consisté à photographier les panneaux de sens interdits de Plaisir, commune des Yvelines…
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mercredi 21 octobre 2015
Les lieux d’une image (2) - Fontenay-aux-roses
1568e jour - L’image est célèbre. Adolescent – je ne sais pas comment j’étais tombé dessus –, elle me fascinait. Je me demandais, évidemment, quel artifice avait été employé pour la réaliser. Aujourd’hui, j’ai la réponse.
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Le pavillon duquel Yves Klein a sauté n’existe plus. Seul subsiste le petit bâtiment que l’on aperçoit dans le fond de son image, collé aux voies SNCF le long de la rue Félix Pécaut.Comme souvent, il n’y a pas grand chose à voir. Mais je me rends compte que c’est justement dans ce vide, ce creux, cette absence, que réside une part essentielle de ma quête.
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mardi 20 octobre 2015
Les lieux d’une image (1) - Manchester
1567e jour - Le 7 juin 2010, je me suis promené du côté de Portugal Street dans l’est de la ville. Je suis tombé, scène improbable, sur un type qui lisait le journal assis au cœur d’un carré de friche. C’était en face d’un chantier…
Aujourd’hui, je suis retourné sur les lieux. Le chantier est devenu lieu d’habitation, béton et verre, avec un vélo suspendu sur un des balcons de façade.
Dans le carré de friche, l’herbe a poussé au point que j’ai eu du mal à le reconnaître. Le type, évidemment, n’était plus là. Je me suis demandé, en fouillant parmi les plantes, si je pouvais espérer tomber su les vestiges du journal qu’il tenait, ce jour-là, entre ses mains.
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vendredi 16 octobre 2015
Water is Life - Kampala
1566e jour - La ville telle que je l’ai vue…
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jeudi 15 octobre 2015
L’orage - Kampala
1565e jour - Wikipédia : La ville de Kampala est célèbre pour être la ville connaissant le plus grand nombre d'orages par an (242 en moyenne).
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mercredi 14 octobre 2015
La minute de vacarme - Kampala
1564e jour - C’est un rituel établi : chaque 14 octobre à treize heures, ils actionnent leurs klaxons. De concert. Tous et simultanément ! C’est leur minute de vacarme.
Cela fait près de trente ans que cela dure. C’est leur manière à eux de dire qu’ils n’oublient pas qu’ici, au cœur de la guerre civile, eu lieu une fusillade meurtrière.
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mardi 13 octobre 2015
Premiers pas à Kampala
1563e jour - Fureur de la ville. Moteurs vrombissants, moteurs pétaradants. Klaxons. Crissements des pneus, des freins. Autoradios, volume à fond. Brouhaha, éclats de voix. Disputes, rires tonitruants.
Il faudra attendre le cœur de la nuit pour que s’amorce un relatif répit, pour que la rumeur de la ville soit couverte par celle d’un orage, par celle des trombes d’eau.
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lundi 12 octobre 2015
Les deux sœurs - Arles
1562e jour - Lors de ce séjour à Arles du printemps dernier, j’ai eu à me réapprovisionner en paracétamol. Je suis entré dans la première pharmacie venue. C’était dans la centre. Et c’est une jeune femme face à laquelle je me suis retrouvé : blouse blanche, cheveux blonds coupés courts et large sourire. Elle ressemblait surtout, incroyablement, à Nadine Frot – Nadine Frot est une de mes connaissances.
Je ne suis pas du genre à me répandre en conversations mais là, je me suis senti obligé d’expliquer, de demander : “Vous ressemblez terriblement à une de mes amies. C’est ahurissant. On dirait votre sœur jumelle. Elle s’appelle Nadine Frot. Vous ne seriez pas de sa famille ?”
La pharmacienne a ouvert de grands yeux avant d’éclater de rire, de déclarer : “C’est incroyable. Je suis Magali, sa petite sœur ! On a deux ans d’écart. Je l’ai encore eu au téléphone ce matin.”
Nous ne pouvions qu’être éblouis par un pareil hasard. Dans la foulée, nous nous sommes sentis obligé d’échanger quelques banalités. Nous avons notamment évoqué les vies comparées, à Paris et à Arles. En partant, j’ai failli me pencher pour lui faire la bise.
Ce week-end, j’ai retrouvé Nadine Frot. Beaucoup de travail, un déménagement… Je n’avais pas eu l’occasion de la croiser depuis cette rencontre arlésienne. Bien sûr, je me suis empressé de l’évoquer. Nadine Frot, elle aussi, a ouvert de grands yeux. “Je crois bien que ta pharmacienne a essayé de te faire marcher ! Si j’avais une sœur, je le
saurais ! Non, non. Ni frère, ni sœur. Je suis fille unique.”
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Je ne suis pas du genre à me répandre en conversations mais là, je me suis senti obligé d’expliquer, de demander : “Vous ressemblez terriblement à une de mes amies. C’est ahurissant. On dirait votre sœur jumelle. Elle s’appelle Nadine Frot. Vous ne seriez pas de sa famille ?”
La pharmacienne a ouvert de grands yeux avant d’éclater de rire, de déclarer : “C’est incroyable. Je suis Magali, sa petite sœur ! On a deux ans d’écart. Je l’ai encore eu au téléphone ce matin.”
Nous ne pouvions qu’être éblouis par un pareil hasard. Dans la foulée, nous nous sommes sentis obligé d’échanger quelques banalités. Nous avons notamment évoqué les vies comparées, à Paris et à Arles. En partant, j’ai failli me pencher pour lui faire la bise.
Ce week-end, j’ai retrouvé Nadine Frot. Beaucoup de travail, un déménagement… Je n’avais pas eu l’occasion de la croiser depuis cette rencontre arlésienne. Bien sûr, je me suis empressé de l’évoquer. Nadine Frot, elle aussi, a ouvert de grands yeux. “Je crois bien que ta pharmacienne a essayé de te faire marcher ! Si j’avais une sœur, je le
saurais ! Non, non. Ni frère, ni sœur. Je suis fille unique.”
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L’une comme l’autre, dans l’instant, avaient l’air estomaquées, vraiment sincères. Quel intérêt auraient-elles eu à mentir ? Évidemment, je me pose la question./////// Si vous avez aimé ce post, peut-être apprécierez-vous celui-ci