1554e jour -
Ça fait un petit moment que je l’observe en me disant qu’il
y a un truc qui cloche et je viens juste de comprendre :
d’habitude, ce genre de type, c’est plutôt le style à ronfler
bruyamment, à être pris de soubresauts. Mais lui, il ne bouge pas
d’un poil. On dirait une statue. L’espace d’un instant, je me
dis : « Putain, et s’il était mort ! »
Rupture d’anévrisme ou quelque chose comme ça.
Et on est tous là, autour de lui, et personne n’a remarqué
quoi que ce soit.
Je guette le moindre mouvement qu’il pourrait faire. Putain, ce
serait trop con. Je ne sais pas trop quoi faire. J’essaye de voir le bouquin qu’il était en
train de lire. Un guide à la con ; sa dernière relation au
monde !
J'imagine déjà sa femme qui se penche sur lui et qui
se met à hurler, hystérique, et les gens qui se précipitent… Mais c’est le moment que le gars choisit pour se réveiller. D’un coup.
Il s’étire.
Il se redresse un peu puis reprend sa lecture, l’air de rien.
Je n’arrive pas à savoir si je dois être déçu ou soulagé.
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mercredi 30 septembre 2015
mardi 29 septembre 2015
Dans trente ans - Fort Lauderdale
1553e jour - Dans trente ou quarante ans peut-être, elle retrouvera ce portrait pris à Fort Lauderdale. Un fichier parmi des milliers d’autres. Elle se souviendra vaguement d’un séjour le temps d’un week-end prolongé. Elle cherchera à faire ressurgir le nom du photographe. Elle cherchera plusieurs jours durant. Elle hésitera entre Matthew et Marc. Elle trouvera ça dingue de n’être plus sûre de rien.
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lundi 28 septembre 2015
Passerelles temporelles - Vyshny Volochyok
1552e jour - J’ai été ému, aujourd’hui, de découvrir qu’il y avait dans le hall de la gare de Vyshny Volochyok, Russie, le même carrelage exactement que dans la cuisine d’un appartement dans lequel j’ai vécu, quelques années durant, à trois mille kilomètres de là.
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vendredi 25 septembre 2015
Kidnapper le passé pour explorer le futur - Manille
1551e jour - “Cette exploration des images de toute nature participe pour moi à un procédé jubilatoire de recherche, de découvertes et, selon la formule de Walter Benjamin, il s’agit bien souvent de “faire exploser le passé dans le présent”. Donc, comme le Cégeste de Cocteau, de participer à une relecture du visible par la captation de l’invisible. Il y a une modulation du présent mais aussi le passage de l’autre côté du miroir. Dans cet espace parallèle, toute frontière est abolie et le temps est liquide comme le mercure. Ainsi dans mes différents projets de relecture, de recouvrement et de réinterprétation graphique, je tente de passer de l’autre côté de la surface imprimée (le miroir). Je kidnappe le passé pour explorer le futur.”
Jochen Gerner dans la très riche monographie qui lui est consacrée et qui vient de sortir aux éditions B42.
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jeudi 24 septembre 2015
In Bath of Bacon - Northampton
1550e jour - C’est presque par hasard que j’ai fait réémerger l’album. 33 tours, photo noir et blanc encadrée de rose ; image saisie au cour d’un concert, sombre.
In Bath of Bacon de Jazz Butcher. J’ai réécouté les titres qui me ravissaient il y a près de trente ans : Love Kittens, Partytime…
adresses : celle du label (Glass Records, the Metrostore, 231 the Vale, London W3) et, plus improbable, celle du fan-club du groupe à Northampton.
50 Bants Lane, Duston, Northampton, un pavillon de briques parmi d’autres. Je m’attendais à tomber plutôt sur un immeuble de centre ville, sur un pas-de-porte, la devanture d’une boutique…
Observant la façade, la rue, j’essaye d’imaginer un facteur, une fin de matinée d’automne, livrant demandes de photos dédicacées et lettres enamourées.
Je me demande qui pouvait habiter là, à l’époque. Pat Fish, le chanteur lui-même (il est de Northampton) ? Ses parents ? Un ami ?…
Je me demande si les gens qui vivent ici aujourd'hui savent quelque chose de cette histoire passée.
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In Bath of Bacon de Jazz Butcher. J’ai réécouté les titres qui me ravissaient il y a près de trente ans : Love Kittens, Partytime…
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J’ai lu les mots écrits sur la pochette. En bas de celle-ci, au dos, figuraient deuxadresses : celle du label (Glass Records, the Metrostore, 231 the Vale, London W3) et, plus improbable, celle du fan-club du groupe à Northampton.
50 Bants Lane, Duston, Northampton, un pavillon de briques parmi d’autres. Je m’attendais à tomber plutôt sur un immeuble de centre ville, sur un pas-de-porte, la devanture d’une boutique…
Observant la façade, la rue, j’essaye d’imaginer un facteur, une fin de matinée d’automne, livrant demandes de photos dédicacées et lettres enamourées.
Je me demande qui pouvait habiter là, à l’époque. Pat Fish, le chanteur lui-même (il est de Northampton) ? Ses parents ? Un ami ?…
Je me demande si les gens qui vivent ici aujourd'hui savent quelque chose de cette histoire passée.
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mercredi 23 septembre 2015
À la façon d’un fantôme - Miami Beach
1549e jour - Il dit : “C’est bizarre, pour moi, de me retrouver sur cette plage à tes côtés… Je suis déjà venu ici, il y a quelques années. J’étais seul à l’époque… C’était pendant mon tour du monde… J’avais passé l’après-midi à observer les gens qui se baignaient.”
Après un silence, il ajoute : “J’avais été fasciné par une femme ce jour-là – elle te ressemblait d’une certaine façon. Elle était là, juste en face, les pieds dans l’eau. Elle scrutait l’horizon… J’aurais pu aller lui parler. J’ai failli le faire du reste. Mais il y a un type qui est venu me demander je ne sais plus trop quoi. Nous avons discuté une quinzaine de secondes à tout casser mais quand j’ai relevé les yeux vers elle, elle n’était plus là. Elle s’était évaporée. À la façon d’un fantôme.”
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Après un silence, il ajoute : “J’avais été fasciné par une femme ce jour-là – elle te ressemblait d’une certaine façon. Elle était là, juste en face, les pieds dans l’eau. Elle scrutait l’horizon… J’aurais pu aller lui parler. J’ai failli le faire du reste. Mais il y a un type qui est venu me demander je ne sais plus trop quoi. Nous avons discuté une quinzaine de secondes à tout casser mais quand j’ai relevé les yeux vers elle, elle n’était plus là. Elle s’était évaporée. À la façon d’un fantôme.”
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