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dimanche 30 novembre 2014

Point de chute - Rio

Stephan Zaubitzer, photographe, vient de partir au Brésil pour y poursuivre son grand inventaire des salles de cinéma remarquables. Et moi, je me suis engagé à explorer en parallèle, dans Street View, les lieux qu’il s’apprête à visiter. 
Chacun de notre côté, nous posterons régulièrement nos impressions de voyage…



1452e jour - Si j’ai bien compris, le pointage des lieux repérés à partir du téléphone de Stephan n’est pas une science exacte. C’est comme ça, par exemple, que je me suis retrouvé à remonter toute la Rua Senador Dantes dans l’espoir vain d’y dénicher un cinéma.
Je ne regrette pas la balade. Ça m’a permis de saisir tout un tas d’images à côté desquelles sinon je serais passé (une femme dans le reflet de la vitre d’un bus, des flics en faction, voiture garée sur le trottoir…).





Bref, ayant fini par renoncer à chercher mon cinéma, j’ai continué d’avancer sans trop de but. Et là, bien sûr, je suis tombé sur une salle (je ne sais pas si celle-là Stephan la connaît). C’était dans la Rua Alvaro Alvim, une voie étroite qui ne doit pas voir le soleil bien souvent. Le Ciné Rex est spécialisé dans le porno – c’est quand même le deuxième en deux jours ! – mais est beaucoup moins charmant, a priori, que l’Iris d’hier.
J’aurais pu m’arrêter là, content de ma trouvaille, mais j’ai poursuivi mon chemin. Et je crois bien que sans le vouloir je suis tombé sur la salle que Stephan avait tenté de m’indiquer : le majestueux Odéon.
Les rideaux de fer étaient baissés. Il y avait un type, devant l’entrée, qui téléphonait. J’aurais pu aller le trouver pour lui demander s’il savait à quelle heure ça ouvrait (je suis à peu près sûr qu’il m’aurait répondu). Mais je me suis dit que ce n’était pas la peine, qu’il suffisait de demander à Stephan. Je suis prêt à parier que lui il sait.





>>> Et sinon, vous pouvez suivre ici les pérégrinations dans le réel de Stephan Zaubitzer.

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samedi 29 novembre 2014

Par-delà l’Iris - Rio

Rappel : Stephan Zaubitzer, photographe, vient de partir au Brésil pour y poursuivre son grand inventaire des salles de cinéma remarquables. Et moi, je me suis engagé à explorer en parallèle, dans Street View, les lieux qu’il s’apprête à visiter. 
Chacun de notre côté, nous posterons régulièrement nos impressions de voyage…




1451e jour - Ça y est, j’ai eu Stephan au téléphone. Il m’a confirmé que le bâtiment aperçu hier et où loge maintenant une église évangelique a bien été par le passé un cinéma – et il paraît qu’ils sont nombreux, au Brésil (au Brésil mais pas que), les cinémas transformés en églises.
Au téléphone, nous avons aussi évoqué l’Iris qui, du temps de sa gloire, était un cinéma pour public très aisé et qui est devenu, depuis, lieu de strip-tease et de projection de films pornos. Ce cinéma en particulier, Stephan semble lui trouver beaucoup de charme, entre autres à cause de son grand escalier, de ses coursives. J’ai hâte de voir les photos qu’il va en faire.
En repérage, à l’étage, dans la pénombre, il a deviné des hommes rassemblés, braguettes ouvertes, autour d’un écran de télé sur lequel tournait une vidéo X. C’est le genre de détail qui pose un lieu.




Moi, je n’ai accès qu’au rez-de-chaussée, du dehors. Et, pour une fois, pour voir, je traite une partie de mes images pour voir ce que l’on ne voit pas au-delà de l’ombre – pas grand chose en fait ; des hommes occupés à discuter (peut-être Stephan les a-t-il croisés).



Sinon, en face, à une trentaine de mètres à peine, peut se visiter une église stupéfiante (l’Igreja Venerável Ordem Terceira São Francisco Penitência).



Et à une rue de là, au nord (50 mètres à peine à vol d’oiseau), havre de culture hors du temps, se tient la Bibioteca Real - Gabinete Portugues de Leitura.
Devant l’ampleur des rayonnages – et bien qu’on soit ici au Brésil – j’ai pensé à Borges. Je suppose que c’est le genre d‘endroit où il se serait senti chez lui (et peut-être, du reste, cela a-t-il été un jour le cas).
Voilà. Cinéma porno, église, bibliothèque, une sainte trinité qui, me semble-t-il, en vaut bien d’autres.

>>> Et sinon, vous pouvez suivre ici les pérégrinations dans le réel de Stephan Zaubitzer.

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vendredi 28 novembre 2014

L’adresse du jour - Rio

Rappel : Stephan Zaubitzer, photographe, vient de partir au Brésil pour y poursuivre son grand inventaire des salles de cinéma remarquables. Et moi, je me suis engagé à explorer en parallèle, dans Street View, les lieux qu’il s’apprête à visiter. 
Chacun de notre côté, nous posterons régulièrement nos impressions de voyage…






1450e jour - Cela fait deux jours que Stephan me fait parvenir par mail des adresses mais nous n’arrivons pas à nous joindre et je ne sais pas si ces adresses sont des essais d’envois ou si elles correspondent à des cinémas qu’il va visiter (il est pour l’instant en repérage). Ce n’est pas évident (l’une d’elle, par exemple, est celle d’un restaurant). C’est étrange. Et très plaisant – un peu comme un jeu de piste, une énigme à résoudre. En attendant que nous puissions nous coordonner – de vive voix, par téléphone – je vais jeter un œil à tout hasard…
L’adresse du jour :
Praça Mal. Floriano Peixoto
Centro
Rio de Janeiro - RJ
Brésil
Le bâtiment sur lequel je tombe aurait pu, de toute évidence, être jadis une salle obscure. Universal est affiché en grand sur la façade mais précédé d’une mention Jesus Cristo é o Senhor qui dit sans ambiguité qu’il n’est pas question, ici, de septième art. Sur le côté du bâtiment, c’est Pathé que l’on peut repérer sur une enseigne mais il s’agit cette fois de vendre des sucreries. Bref, tout est faux-semblants. Très bien. Je sens qu’on va bien s’amuser.

>>> Et sinon, vous pouvez suivre ici les pérégrinations de Stephan Zaubitzer.

Petit plus : avant-hier, j’ai donné une conférence (sur ce blog, sur le livre…) au centre Bellegarde à Toulouse. Dans la salle, était présente Beatriz Matias qui depuis, sans doute amusée par notre épopée brésilienne, m’a envoyé sa propre image faite à l’adresse mentionnée dans mon post de mercredi (Av. Rio Branco, 277 - Centro). Cette image, la voici (et que Beatriz soit ici remerciée pour son message et sa présence dans la salle au centre Bellegarde !).





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jeudi 27 novembre 2014

Le besoin d’ailleurs - Ailleurs





1449e jour - Je suis à peu près sûr que si je voyageais – je voyageais vraiment ; dans le monde réel – me retrouvant loin de mes bases, je serais tout de même tenté, le soir venu par exemple, dans le secret de ma chambre d’hôtel, de faire un tour (un saut) dans un de mes mondes virtuels (Street View ou FlyOver). Ce qui m’attire dans ces mondes, ce n’est pas qu’ils soient un reflet exact de la réalité mais qu’ils proposent une manière différente d’approcher l’espace (le survol dans le cas de FlyOver ; la possibilité, par exemple, de faire des bonds parfois vertigineux dans le cas de Street View).

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mercredi 26 novembre 2014

Premier contact - Rio

1448e jour - Avec Stephan Zaubitzer, photographe, nous allons tenter de mener dans les jours qui viennent un voyage à deux, à Rio : lui à la recherche de salles obscures à photographier à la chambre et moi, derrière mon écran, aiguillé par des repères Google Maps qu’il m’enverra…
Aujourd’hui, première tentative de connexion, j’ai reçu cette adresse :
Av. Rio Branco, 277 - Centro
Rio de Janeiro - RJ
20040-009, Brésil
Je suis allé voir… Je n’ai pas trouvé de cinéma mais reculant de quelques pas je suis tombé sur le paysage urbain ci-dessus et je me suis dit que notre petite aventure commune commençait fort bien…

Le lien vers le fil de l’avancée de Stephan est ici !

mardi 25 novembre 2014

Mes paradoxes - Au-dessus des villes





1447e jour - Je n’ai pas pris l’avion depuis des lustres. La dernière fois que je suis sorti de France, c’était pour aller à Bruxelles. C'était il y a plus de huit ans et c’était en Thalys. Je suis à peu près certain, cependant, qu’il n’existe aucun rapport entre ces constats et le fait que je tienne ce blog de voyage virtuel au quotidien. Mais j’ai l’impression, dans le même temps, que j’aurais du mal à expliquer (justifier) pareille affirmation – je vais y réfléchir ; je m’y risquerai peut-être demain…

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lundi 24 novembre 2014

Ce soir-là - Fontaine





1446e jour - Ce soir-là, je suis sans doute rentré à pieds, l’appartement de mes parents étant tout proche. J’ai emprunté l’avenue Ambroise Croizat, je suis passé devant la tour où résidait le dentiste familial, devant l’ancienne mairie un temps transformée en école. Je me suis engagé dans la rue Léon Pinel…
À l’époque, la cité en face de chez mes parents était toute récente.
Je n’ai pas dû croiser grand monde.
Un portail que j’évite de faire claquer, une porte d’entrée dont j’ai la clé, un escalier, deux étages, une autre porte. Et mes oreilles qui sifflent, dans le silence, à cause des decibels avalés.
Peut-être ma mère, m’entendant rentrer s’est-elle relevée – c’était son genre. Si c’est le cas, elle a dû me demander comment c’était, mon concert. Et moi, j’ai dû me montrer évasif. Pas envie d’en parler. Ça n’aurait pas été simple, de toute façon, d’expliquer que je m’étais retrouvé face à trois jeunes gens saisis en pleine apocalypse. Et encore… Je ne me doutais pas, à cet instant-là, que l’apocalypse, au cœur de la nuit, s’apprêtait à être plus radicale encore.

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dimanche 23 novembre 2014

La guerre des Petits Suisse - Neuilly-sur-Seine

1445e jour - S’il s’agissait d’acheter un ampli ou une guitare, les gens de chez CBS étaient là. Ils signaient des chèques sans rechigner. Mais quand il s’agissait de filer une avance, c’était une autre paire de manches. De l’argent en fait, les membres du groupe, à l’époque, n’en voyaient pas tant que ça. Ils vivaient de peu mais ça leur allait bien – c’était, d’une certaine façon, cohérent avec leurs idéaux. Et pour bien manger quand ils crevaient la dalle, ils avaient toujours la possibilité de se rendre à la cantine de CBS. Ils y croisaient des vieux ringards, des vedettes de la variété… Ils faisaient table commune avec Dominique Laboubée, chanteur encore vivant des Dogs, avec Bernie Bonvoisin. Et pour entretenir l’image de jeunes cons que certains voulaient bien leur coller, ils semaient la terreur – grands éclats de rire – en jetant des Petits Suisse à travers la salle avant de se faire virer…

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samedi 22 novembre 2014

Fille du Nord née à Orange




1444e jour - Je sais qu’elle, la fille des plaines du Nord, est née ici, à Orange. Et bien sûr, je m’interroge. Je me demande : à Orange a-t-elle vécu ses premières années ? y est-elle née par hasard ? par accident ? ou parce qu’elle avait, dans la ville, des attaches familiales (aucun Wald, dans les pages blanches qui habite Orange et pas plus n’est mentionnée, dans les pages jaunes, la moindre maternité) ?
En fait, je ne sais quasiment rien d’elle – déjà de son vivant, je ne suis pas sûr qu’il y avait grand monde à pouvoir se targuer de la connaître. Enquêtant, je ne suis pas sûr de découvrir grand chose… Sa vie est un puzzle dont je ne possède qu’une infime partie des pièces. Voilà… Et pourtant, j’ai le secret espoir, un jour, à force, de voir devant moi un portrait se dessiner.

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vendredi 21 novembre 2014

Boutique New Rose - Paris

1443e jour - Ici, au 7 de la rue Pierre Sarrazin près du boulevard Saint-Michel, était installée à l’époque – je veux dire dans les années 80 – la boutique qui me fascinait le plus en France : la boutique New Rose.
New Rose était un disquaire aussi bien qu’un label qui avait signé les Dead Kennedys, La Souris Déglingué, Poliphonic Size, Warum Joe et j'en passe.
New Rose était un point de ralliement pour tous ceux qui aimaient le rock, le punk ou les musiques alternatives.
Pour ma part, je ne venais encore que rarement à Paris. Je passais des heures dans ma chambre de province, et comme sans doute beaucoup d’autres, à éplucher le catalogue (une publicité pleine page noir et blanc, dans Rock and Folk ou Best au choix).
Je viens de remettre la main sur une de ces publicités. Elle date de juin 1984. Aux premières places du Top 50 New Rose, catégorie “import”, figurent le Hyaena de Siouxsie, Elvis Costello, Spear of Destiny, Dead or Alive, The Legendary Pink Dots, Dead can Dance… Dans la catégorie “pressage français”,  ce sont R.E.M., The Cure, Psychedelic Furs ou Complot Bronswick. La Machine Infernale, deuxième album de WC3 (qui à ce moment-là, n’existe déjà plus) est 27e de ce classement.

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jeudi 20 novembre 2014

Souvenirs de la salle Paringault


1442e jour - D’autres salles que le Palace ont connu des déchaînements de violence. C’est le cas de la salle Paringault. On est en 1981 et le groupe revient sur ses terres – cela fait près d’un an qu’ils n’ont pas joué à Saint-Quentin. Et s’il revient, c’est auréolé d’un début de renommée nationale (il y a eu les radios, chez Maneval sur Europe 1 ou des articles dans Rock & Folk ; bientôt viendront les passages télé).
Il existe quelques photos de la soirée. Elles montrent un public jeune et en apparence bon enfant mais l’ambiance, en réalité, est électrique. Alors que les premiers groupes passent, des bouteilles sont jetées en direction de la scène, un début de rixe éclate même… Un appel au calme est lancé…
C’est enfin au tour de WC3 de jouer.
Le groupe passe en dernier – en vedette ! Son son s’est étoffé, ses compositions sont plus fluides – le public est épaté.
Mais WC3 n’a que le temps de jouer trois chansons…
Le courrier Picard, extrait :  
Les quatre de “A trois dans les WC” montèrent à leur tour sur le podium. Mais très vite les incidents se reproduisirent, beaucoup plus violents cette fois.
Plusieurs individus s’attaquèrent aux musiciens et à leur matériel. Françoise Wald qui tient les claviers dans le groupe fut violemment frappée par un jeune garçon notamment armé d’un coup de poing américain. Porteuse de nombreuses ecchymoses la jeune fille fut transportée au centre hospitalier afin d’y recevoir les soins nécessités par son état.
Voilà.
C’est ainsi, aussi, que s’écrit l’histoire d’un groupe de rock.

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