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lundi 30 juin 2014

Premiers pas au Pakistan - Paradise Beach








1328e jour - Une fois aussi je me suis retrouvé sur une plage pas très loin de Karachi. C’était mon premier séjour au Pakistan et je ne me souviens plus très bien comment j’avais atterri là.
Paradise Beach ! De quoi aujourd'hui est-ce que je me souviens ? D’une légère (très légère) brise, des grains de sable grossiers et teintés d’ambre, d’une ambiance plutôt bon enfant… Mais aussi et surtout – et c’est cela qui était le plus marquant – d’une absence totale de femmes. Il n’y avait là que des hommes, essentiellement en tenue de ville. Je n’ai pu me résoudre, ce jour-là, à m’asseoir à leurs côtés. Je les ai juste observés, un peu, de loin. Bien que d’apparence sympathique, ils m’effrayaient. Très vite je suis reparti.
Plus tard, essayant de retrouver les lieux sur une carte, j’ai découvert que la plage est accolée au Karachi Nuclear Power Complex.

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dimanche 29 juin 2014

Le fil du rasoir - Pandulena Caves, Nashik


1327e jour - J’ai quitté les grottes, ça m’a fait un bien fou. J’ai marché ; chemin de terre étroit entre ravin et rochers.
Complexité des ressentis : il y a une heure à peine, dans les grottes, proche encore de la civilisation, j’avais peur de me perdre à tout jamais. Et maintenant, ici, loin de tout vraiment, je serais presque heureux que cela m’arrive.
Je me tiens, dès que c’est possible, à la paroi.
Je pense à tout, à rien ; à un autre chemin de montagne, entre autres, sensiblement similaire à celui-ci mais situé, lui, dans le Vercors. Le chemin menait à une crête. Nous étions deux. En début de promenade, nous nous étions tenus la main.
C’était une fin d’après-midi d’été. Le ciel, au-dessus de nous commençait à se couvrir de nuages blancs mais se percevaient déjà, sur l’horizon, les grondements tout en rebonds du tonnerre.
Elle marchait devant moi, légère. Je suivais l’avancée de ses fesses.
Soudain, elle s’est arrêtée. Elle s’est tournée pour me faire face. Elle a soulevé, dans un même mouvement, son tee-shirt et son soutien-gorge pour me montrer ses seins.
J’aurais dû, pour me montrer à la hauteur, baisser mon froque, et là, en pleine nature, me coller à elle. Mais je me suis contenté de prendre une photo (un polaroïd), un peu dans l’urgence, avant de proposer que nous nous dépêchions de repartir – je craignais l’orage qui s’annonçait.
Finalement, l’orage s’est contenté de passer au loin.
Plus tard, quand même, mais cette fois dans un lit, nous avons fait l’amour.

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samedi 28 juin 2014

L’exercice de la solitude - Pandulena Caves, Nashik









1326e jour - Pandulena Caves, au-dessus de Nashik (un million cinq cent mille habitants tout de même). il a fallu grimper pour arriver là. À l’entrée, un panneau annonce :
GOVT.OF INDIA
Archaeological Survey of India
Admission Fees
For indian citizen's Rs.5/-
Foreigners Rs.100/-
Video filming exterior only Rs-25/-
Below 15 years free
Time-8.30 am to 6.00 pm.
Superintending archaeologist A.S.I.
Aurangabad.         by order

Nous ne sommes pas très nombreux à visiter. J’avance d’excavation en excavation – la plupart des grottes creusées dans la pierre (il y en a 24 au total) abritent encore des idoles (Bouddha, Bodhisattva)…
Sans doute déjà une bonne heure que je suis là. Je viens de rater une marche, de trébucher. Je me suis éraflé (coude, genou) mais rien de grave.
Mais je réalise que je suis seul depuis un quart d’heure au moins déjà.
Fraîcheur et humidité.
Obscurité.
Silence – à peine troublé parfois par le souffle du vent dans les branches. Je déteste ça.
J'ai peur, je crois, de cette solitude – j’ai peur d’être condamné à errer là à tout jamais.

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vendredi 27 juin 2014

Au milieu coule une rivière - Pandulena Caves, Nashik

1325e jour - Plafonds – les reliefs d’un monde inversé ; au milieu coule une rivière.
J’essaye de visualiser un déplacement au cœur de cette autre Terre, après un voyage dans les échelles : mon corps minuscule, à la taille d’une fourmi voire d’une amibe.

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jeudi 26 juin 2014

Comme un Légo - Pandulena Caves, Nashik



1324e jourC'est un grand terrain de nulle part 
Avec de belles poignées d'argent 
La lunette d'un microscope 
On regarde, on regarde, on regarde dedans 

On voit de toutes petites choses qui luisent 
Ce sont des gens dans des chemises 
Comme durant ces siècles de la longue nuit 
Dans le silence ou dans le bruit…

(Comme un Légo, paroles de Gérard Manset immortalisées par Alain Bashung)

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mercredi 25 juin 2014

Plaisir du jour - Tripoli


1323e jour - Plaisir du jour : considérer un mince filet d’eau qui s'écoule d'un balcon, observer la légère courbe au départ avant que la gravité ne finisse par l'emporter. Le photographier et découvrir, sur le cliché, un collier de perles plus ou moins régulièrement espacées. Se perdre dans la contemplation de ce presque rien.

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mardi 24 juin 2014

Bouteilles - Tripoli


1322e jour - Tripoli restera pour moi à tout jamais la ville des bouteilles plastique. Parce que j’en ai vu une, peu après être arrivé en ville, qui venait de passer sous les roues d’un minibus. Elle perdait son eau dans une fin tragique. Et la femme qui l’avait laissée choir, amusée visiblement de cette mésaventure, était maintenant gagnée d’un fou-rire.
J’ai photographié une autre bouteille le dernier jour peu avant de repartir. Celle-ci était enfoncée dans le ciment d’un muret. De loin, j’ai d’abord pensé qu’elle contenait un message roulé – c’est du reste pour ça que je me suis approché. Mais je me suis vite rendu compte qu’elle ne recelait pas le moindre rouleau de papier : ce que j’avais pris pour un message était un simple gainage plastique contre lequel elle était posée.

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lundi 23 juin 2014

Jeux de mots foireux - Tripoli

1321e jour - Toute la journée, j’ai marché dans Tripoli et, ce faisant, alors que ça ne m’arrive habituellement jamais, je n’ai pu m’empêcher – c’était plus fort que moi ! – d’imaginer des jeux de mots foireux. Exemples :
- j’ai mangé des tripes au lit ;
- j’ai fait un mauvais trip au lit ;
- j’ai fait du tri, poli…
Vertigineusement pathétique (pour info, les jeux de mots ci-dessus sont parmi les moins pires qui me soient passés par la tête).

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dimanche 22 juin 2014

Un jour peut-être - Tripoli



1320e jour - Un jour peut-être aurai-je envie de voir du “beau”, de visiter des monuments (ou ce qui tiendra lieu de monument dans les villes les moins remarquables). Je chercherai les points de vue les plus remarquables. Je serai féru d’architecture ancienne… Ce jour-là, quelle que soit la vie que je mènerai, je pourrai dire que j’ai changé.

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samedi 21 juin 2014

L’homme sur le bout du quai - Athènes

1319e jour - Avant, quand il travaillait encore, il venait là les week-ends, pour pêcher. Aujourd'hui, il est au chômage et il ne pêche plus.
Il vient presque tous les jours mais se contente de se poser sur son bout de quai. Il regarde les ferrys entrer et sortir. Il dit que ça suffit à le combler, que c’est une façon comme une autre de méditer et même peut-être de devenir sage.
Ça ne le dérange pas que je le bombarde de questions. Au contraire, je crois que ça l’amuse. Ainsi, j’apprends qu’il était, il y a peu encore, maçon. Mais il n’y a plus guère de boulot, particulièrement pour les gens de sa génération…
Il est né à Tripoli dans le sud du pays, au pied du mont Apano-Khrépa. Il pense qu’il y retournera bientôt, pas le choix, pour aller vivre chez sa sœur qui elle est restée là-bas. Les ferrys lui manqueront, c’est sûr mais que voulez-vous… Il dit : vous devriez, vous le globe-trotter, aller y jeter un œil, c’est une ville paisible… Je promets d’y faire un saut. Dès que possible.

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vendredi 20 juin 2014

Une affreuse migraine - Athènes

1318e jour - J’étais face à cette affiche quand le téléphone a sonné. C'était J. Elle était à Roissy, elle s’apprêtait à prendre un avion qui allait l’éloigner encore un peu plus de moi. Si elle appelait c’était pour savoir, avant de s’envoler, si je considérais encore que nous sortions ensemble.
Il n’y avait pas un souffle de vent dans Athènes ce jour-là. La chaleur était suffocante. J’avais une affreuse migraine – je rêvais de Prontalgine ou, faute de Prontalgine, de Doliprane.
J’aurais dû – enfin – avoir le courage de lui répondre que non mais je n’en ai pas eu la force. Je lui ai même juré que je l’aimais. Nous avons raccroché sur cette fausse certitude.
Plus tard, je l’ai imaginée suspendue au-dessus de l’Atlantique. Je me suis demandé, s’éloignant, ce qu’elle attendait de moi.

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jeudi 19 juin 2014

Bombés - Athènes


1317e jour - Cela pourrait tenir de la confession – ce serait un aveu : la plupart du temps, je me fous royalement des murs bombés (tags ou graffs). Il m’arrive d’en photographier, il m’arrive de vouloir en relever les mots mais bon, cela ne va pas plus loin.
En tant qu’indices de la vie urbaine, ils devraient retenir mon attention mais non, je passe généralement devant sans même y jeter un œil. Sauf qu’aujourd'hui, sur une voie rapide à la périphérie de la ville, je suis tombé sur ces plaques antibruit translucides surprises dans le contrejour d’un soleil déjà bas. Et j’ai trouvé ça très beau.

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mercredi 18 juin 2014

Autres cœurs croisés - Athènes



1316e jour - À Athènes, j’ai suivi un homme qui s’apprêtait à prendre un ferry pour les îles. Toujours sur le port, j’en ai vu un autre – visiblement un chauffeur de minibus – qui faisait les cent pas.


J’ai aperçu aussi – installé sur sa moto, téléphone à la main – le sosie parfait de feu un de mes anciens collègues de travail, un type qui pouvait entrer dans un bar en milieu de matinée et lancer à la cantonade : Ah ! Dix heures et quart, c’est l’heure du Ricard !


J’ai observé une femme – elle farfouillait dans son sac et ressemblait bigrement à F. quand celle-ci n’avait pas encore trente ans. Je me suis demandé, si je me mettais à la draguer, si avec elle aussi j’aurais mes chances.

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mardi 17 juin 2014

La belle Hellène - Athènes

1315e jour - J’ai baratiné son cousin pendant près d’une heure – j’ai même dû finir par lui promettre de l’aider à repeindre la chambre de ses parents ! Mais il me fallait son adresse.
Un coup de foudre. Voilà ce que j’ai l’impression de vivre depuis deux jours.
Le cousin a fini par daigner griffonner un nom de rue, un numéro, un nom de famille accolé à son doux prénom (je ne connaissais que celui-ci jusque là).
Et puis voilà. J’ai rentré l’adresse dans le GPS, j’ai fait des zigs et des zags dans Athènes.
Je viens de découvrir la façade de sa maison (décrépie, le cousin m’avait prévenu). Et me garant, je suis en train de réaliser que je ne suis pas le seul chez qui Léna a su éveiller des sentiments : un autre a déjà manifesté, de façon fort ostensible, qu’il est sur les rangs.

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lundi 16 juin 2014

Plage - Athènes




1314e jour - Lundi. Seul événement marquant de la journée : avoir observé des gens sur la plage – notamment une femme en train de se couvrir de crème solaire.
C’était sur une de ces plages faméliques au sud-est de la ville, le long des voies rapides.
La femme n’était pas particulièrement attirante. Elle n’avait rien, en fait, de remarquable. Pourtant je l’ai observée longuement, de loin… La cuisse droite, la cuisse gauche… Elle étalait avec application.
C’était en fin de matinée. Le soleil tapait déjà fort. À un moment, une voiture dans mon dos a klaxonné et j’ai pensé que c’était moi qu’on interpellait, qu’on me prenait pour un voyeur, quelque chose comme ça. Mais non, l’avertissement était adressé à un cycliste qui venait de griller une priorité. Rien de bien grave. Tout est très vite rentré dans l’ordre. Je suis revenu à la femme sur la plage.
Voilà. Je crois que c’est à peu près tout.

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dimanche 15 juin 2014

Un moment de poésie - Athènes


1313e jour - J'aime les marges des villes. Ce n’est pas un quelconque penchant esthétique qui me guide, non, je les trouve même souvent désespérément moches. Mais elles existent, ces marges, et ce serait pure folie de vouloir les ignorer.
Je réalise aujourd'hui que ce goût a sans doute également à voir avec un besoin récurrent de positiver : j’observe et j’espère systématiquement que surgisse de cette médiocrité un instant de grâce, un moment de poésie.

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samedi 14 juin 2014

L’étalon de la gloire - Athènes

1312e jour - Je me promène dans Athènes et je pense à Grenoble, à mes parents qui vivaient là… Ça n’a jamais été simple de leur expliquer le sens de mon voyage… Ils éprouvaient, je suppose, une certaine fierté mais sans trop comprendre les tenants et aboutissants d’une pareille quête.
Lors de l’une de mes dernières visites à mon père – il était hospitalisé ; c’était au moment de la sortie d’Éclats d’Amérique – je lui ai montré des articles dans Chronic’Art et dans Libération, j’ai évoqué des interviewes sur le Mouv ou sur France Culture.
Dans ce que je ne savais pas encore être un de ses derniers souffles, il a murmuré : C’est bien… Peut-être un de ces jours, avec un peu de chance, auras-tu une critique dans le Dauphiné Libéré.
Ce n’était pas de l’humour. Pour lui, le Dauphiné Libéré était l’étalon ultime en matière de consécration.
Quelques secondes plus tard ce jour-là, alors que je pensais le sujet clos, il a rajouté : Je l’espère… Je l’espère pour toi. De tout mon cœur.

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vendredi 13 juin 2014

L’autre armée de l’onde - Athènes

1311e jour - Il y a même pas une semaine, sur l’Île de Jinmen, je me suis retrouvé, sur une plage, face à une armée de rondins de bois. Aujourd'hui à Athènes, c’est devant une armée de béton que je suis propulsé ; et je ne peux m’empêcher de tenter de concevoir l’ampleur des dégâts qu’elle pourrait occasionner, elle aussi, si elle se mettait en branle.

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