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dimanche 23 mars 2014

Retrait de l’industrie - Braddock


1229e jour - C’est une histoire connue. À Braddock, elle est peut-être juste un peu plus saisissante qu’ailleurs.
Il suffit parfois d’énoncer un chiffre pour comprendre. À Braddock, le chiffre ça pourrait être celui du nombre des habitants : plus de 20 000 il y a encore trente ans (la sidérurgie était encore vaillante à l’époque), moins de 2 000 aujourd'hui.
À partir d’un tel constat, il est facile d’imaginer le paysage : les planches en lieu et place des portes et fenêtres, les murs qui finissent par s’écrouler, la nature qui imperceptiblement cherche à reprendre ses droits.



Chômage, refuges dans l’alcool ou la drogue, manque, insécurité, délabrements… Et puis, parce que c’est toujours plus complexe qu’un simple effacement : des gens dignes, des gens qui se battent pour leur emploi et leur ville. Ils sont d’ici, fondamentalement. Ils veulent y croire.



À ma façon, je viens de Braddock. Mes grands-parents, mes oncles, mes tantes vivaient en Lorraine du côté de Moyeuvre-Grande. Les hommes travaillaient à l’extraction des minerais. Ils ont pleuré quand les mines ont fermé.



Il m’a fallu du temps pour comprendre, pour comprendre l’amour d’un métier qui pourtant vous tue, pour comprendre les solidarités, l’esprit de famille qui pouvait régner entre italiens d’origine ou polonais.
Je pense à tout cela en me promenant dans ce coin sinistré de Pennsylvanie. Je reconnais les paysages.



Voilà. Sinon, Braddock est le sujet d’un film documentaire actuellement dans les salles : Braddock America de Jean-Loïc Portron et Gabriella Kessler. Je ne l’ai pas encore vu mais quelque chose me dit que je peux vous conseiller d’y aller…

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