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jeudi 6 février 2014

Il m’arrive d’être long à la détente - Tokyo

1184e jour - Le dernier souvenir que j’ai d’Atsuko, c'est sa silhouette rapetissant dans le rétroviseur intérieur du taxi qui allait me conduire à l’aéroport.
C’était dans la rue, devant chez ses parents à Tokyo. Tant bien que mal, elle s’efforçait d’assurer une façade.
Dans l’avion de retour, j’ai rencontré Sumiko. Cette rencontre a été un véritable coup de foudre, réciproque.
J'ai oublié Atsuko bien plus vite que ce que nous l’avions imaginé nous promenant dans Fukui.


Quand j’ai appris qu’elle était hospitalisée, je ne me suis pas manifesté. Je ne me suis pas particulièrement inquiété. Il faut dire que j’étais en train de vivre une période insensée, incroyablement heureuse.
J’ai découvert sa mort plus d’un an après qu’elle soit survenue, presque par hasard, par un ami commun de passage à Paris. C’était un dimanche après-midi ensoleillé. Je venais d’apprendre, le matin même, que j’allais devenir papa.
J’ai été attristé, bien sûr, mais dans le maelström qui m’emportait (un enfant, un livre à paraître, un nouveau boulot…), je n’ai pas vraiment fait de place pour l’information.



Cette nuit, pour la première fois, j’ai rêvé d’elle – nous revivions notre traversée du Japon, nous étions heureux. Je me suis réveillé en sursaut. Je me suis mis à pleurer. Je n’ai pas réussi à me rendormir. Depuis, je suis complètement noué.
Ce matin, j’ai longuement regardé les quelques photos que je possède d’elle.
En réalité, je crois que je commence seulement à comprendre. Il m’arrive d’être long à la détente.

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