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samedi 15 juin 2013

L'histoire de Shirley - Reno

1066e jour - Et puis, il y a cette fille. Disons qu'elle s'appelle Shirley. Elle a travaillé un peu plus de dix-huit mois au Men's Club. Elle dit :
J'étais une de celles qui allaient au piano…
Je me suis toujours dit que la classe, ça aurait été que ce soit un vrai piano. Avec une fille – une fille à poil – qui joue pour de vraie. Là, ça a un côté… C'est un peu ridicule, quoi. Mais bon…
C'est une attraction.
Il y a des accros, des types qui viennent de L.A. rien que pour ça ! Je ne sais pas pourquoi, le piano fait rappliquer tout un lot de drôles de loulous. Avec les filles, on les appelaient les givrés du piano !

À l'époque, il y avait aussi ce vieux bonhomme avec sa drôle de moumoute frisotante. Il vivait à Sparks si je me souviens bien. Il venait de temps en temps. Il avait été, à ce qu'il paraît, le compositeur de musiques de films célèbres. on disait même qu'il avait eu un Oscar – je n'ai jamais cherché à vérifier.
Lui, on lui installait un siège juste devant le clavier. Et dès que la fille dansait, il se mettait à “jouer” : il laissait courir ses doigts sur la planche, sur les touches peintes… Il gardait la plupart du temps les yeux fermés. Je crois qu'il s'en foutait de mater. Il disait que ce piano ça lui rappelait la folie de sa jeunesse quand les fêtes hollywoodiennes battaient leur plein. C'est peut-être le seul pour qui j'ai aimé danser.

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