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samedi 8 juin 2013
C'est tout ce que j'ai vu de Chihuahua, dit-elle
1059e jour - Elle dit : Je n'ai vu Chihuahua que l'espace d'une nuit.
On traçait vers Tucson. Pablo a voulu s'arrêter pour claquer la bise à sa cousine Maria.
Nous sommes arrivés vers onze heures du soir. Il soufflait un vent glacial. Elle n'était pas chez elle. Alors on a fait la tournée des bars du centre – à l'époque, les téléphones portables n'existaient pas encore. À chaque fois, Pablo prenait un verre.
On s'est retrouvés dans des endroits de plus en plus glauques.
Impossible de mettre la main sur la cousine.
Au bout d'un moment, Pablo s'est mis à tituber. Mais il ne voulait pas lâcher le morceau, l'enfoiré.
Allez, un autre bar…
Vers trois heures, j'ai réussi à convaincre Pablo d'abandonner, et de remonter dans la voiture. Je l'ai installé à l'arrière pour qu'il puisse cuver tranquille.
Il parlait tout seul, la tête en arrière – elle dodelinait dans le rétroviseur.
On ne pouvait plus l'arrêter : et la famille c'est sacré, et je t'aime mon amour, et je veux t'épouser… que des conneries dans le genre.
Comment pouvais-je vivre avec un homme pareil.
Au bout d'une demi-heure, il m'a demandé de m'arrêter soi-disant pour pisser. Mais quand il est descendu de la voiture, il s'est mis à vomir, et pas qu'un peu. Il s'en est collé plein les bottes. Mais ça n'a pas eu l'air de le gêner plus que ça. Il est retourné s'effondrer sur la banquette arrière.
Après, je ne l'ai plus entendu.
J'ai baissé les vitres malgré le froid.
Et puis, j'ai roulé.
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