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samedi 27 avril 2013

Lettre à une amie allemande - Berlin

1017e jour - C'était un début d’été, une fin de soirée. Nuit noire. Nous avions marché à travers la ville. Pour éviter les correspondances tu m'avais mené jusqu’à cette gare improbable de Betriebsbahnhof Rummelsburg. je devais prendre un train pour retourner du côté de Köpenick, là où je logeais.
Sur le trajet, j'avais failli prendre ta main dans la mienne. Je n'avais pas osé.
Il faisait chaud.
Il n'y avait pas grand monde sur le quai. La ville n'était qu'une rumeur lointaine.
Tu m'as parlé de ton grand-père qui avait entendu à la télé qu'il était bon pour la santé de sauter sur place et qui, du coup, chaque matin, sortait dans la forêt derrière chez lui pour faire des bonds un quart d'heure durant. Nous avons imaginé la tête des animaux. Nous avons ri.
Et puis il y a eu un silence – nous nous sommes regardés.
Et puis nous nous sommes embrassés.
Voilà. J'ai quitté Berlin trois jours plus tard. Nous pensions que nous allions très vite nous retrouver.  Mais j'ai rencontré une autre femme à Paris. Tout est allé très vite. J'ai différé puis déprogrammé mon retour à Berlin. Tu as pensé venir à Paris. Je t'en ai dissuadée.
Nous ne nous sommes jamais revus.
Il faut que tu sache. Souvent, je me demande : Que se serait-il passé si, plutôt que de monter dans le train, j'étais resté sur le quai ?

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