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mercredi 29 août 2012

Lettre à Paula Hounslea - Liverpool


784e jour - C’est sur un quai de gare que j’ai fait votre connaissance. Parce que votre visage était net sur un panneau d’avis de recherche, je me suis approché. J’ai lu votre prénom et j’ai tenté de déchiffrer votre nom.
Plus tard, dans Google, j’ai tapé “Missing Paula Liverpool”.
Et je suis tombé sur vous, Paula Hounslea – sur vous et votre tragédie.


Vous avez disparu le 22 août 2009. La veille au soir, avec frère et sœurs, vous aviez fêté l’anniversaire de Moira, votre mère. C’était au Phoenix Palace, un restaurant chinois dans Merseyside.
Ensuite, vous êtes rentrée chez vous. Votre entourage n’a rien remarqué de spécial. Vous habitiez Culme Road, West Derby.
Au petit matin, il semblerait que vous soyez entrée dans la chambre de Lois, votre fille encore adolescente à l’époque, pour lui signaler que vous alliez partir quelques jours chez un ami.
Vous aviez l’habitude d’appeler vos parents plusieurs fois par jours mais à partir de cette date vous ne l’avez plus fait.
Durant dix jours, des retraits ont été opérés avec votre carte bancaire. Et puis, les retraits se sont arrêtés.
Il semblerait aussi que vous ayez réservé une chambre dans un hôtel du coin mais vous ne vous y êtes jamais présentée.
Les semaines et les mois ont commencé à s’écouler.
La police a mené son enquête. Elle n’a rien trouvé.
Des avis ont été diffusés. On vous y décrivait : femme de 37 ans à sa disparition, blanche de peau, 1,72 mètres, corpulence moyenne, cheveux mi-longs châtain clair. On indiquait également la tenue que vous étiez supposée porter lors de votre disparition : un cardigan rose par dessus un pull gris, un jean foncé et une chaîne à votre cou à laquelle était suspendue une vierge en médaillon. On supposait que vous aviez emporté avec vous trois petits sacs contenant des vêtements.


En décembre 2009, votre fille a lancé un appel déchirant dans les médias :
“I just want mum home for Christmas. It is the only Christmas present I want, that any of us want. I was the last person to see my mum. She told me she was going out to see her friend Vicky which wasn’t unusual.
I didn’t think she would disappear, there was nothing to indicate she wouldn't come back. She texted me to say that she would be staying at Vicky's and texted Vicky to say she needed to go away for a couple of days.
It has now been four months. I am living on my own in our house until she comes back. I miss her so much and want her to come back home for Christmas and New Year. It can be a new start.”
L’enquête s’est poursuivie. La police vous a un temps imaginée possiblement barmaid à Benidorm. Mais la piste s’est avérée une impasse.
Les semaines et les mois sont devenus des années.
Lois a donné naissance à une petite fille – elle s’appelle Erin et elle est née début 2012. Par la force des choses, vous êtes devenue sa grand-mère virtuelle.


En mai dernier, vos parents ont, à leur tour, lancé un vibrant appel. Ils ont promis une récompense à qui les aiderait à vous retrouver (ils étaient prêts à des sacrifices pour payer).
Mais trois jours plus tard, le 5 mai, des ossements calcinés ont été découverts par un homme qui promenait son chien en contrebas d’une voie ferrée désaffectée. C’était du côté de Fazakerley Road dans le nord de la ville.
À proximité du corps, il y avait une chaîne en or, un médaillon avec une vierge.
Vos parents, découvrant la photo du médaillon le lendemain dans le journal, ont tout de suite compris. Ils ont appelé la police.
Les légistes, après analyse de la dentition, ont confirmé : c’était bien vous qui étiez allongée dans le fossé. D’après leurs estimations, votre corps avait été placé là cet hiver seulement, sans doute en février – avant d’y être brûlé. Refusant dans un premier temps de se prononcer sur l’origine criminelle de votre décès, ils ont évoqué une mort “inexpliquée”.
Le 13 juin, rebondissement : la police, qui soupçonnait votre fille Lois et Kevin Kavanagh son petit ami d'être les auteurs du meurtre, les a placés en garde à vue.
Ils ont été libérés sous caution dès le lendemain. Mais votre maison, dans laquelle vivait Lois, a été mise sous scellées. Des investigations y ont été menées.
La police, semble-t-il, ne désespère pas de trouver bientôt qui vous a tué.
Il y a huit jours à peine, Phil McEwan, inspecteur chargé de l’enquête, a organisé une conférence de presse. Il désirait lancer un nouvel appel à témoin. Il cherche notamment toute personne qui aurait assisté à des mouvements suspects du côté de Fazakerley ces derniers mois.
Voilà. On en est là.
Enfin non, pas tout à fait.
Il faut que je vous dise, Paula : je caressais un rêve secret lorsque j’ai découvert l'avis de disparition placardé dans la gare, c’était que la diffusion de votre portrait via Dreamlands aide à vous retrouver. Je sais maintenant que cela ne se fera pas.
Sachez cependant que régulièrement je chercherai à savoir ce qui vous est arrivé – et que régulièrement aussi j’aurai des pensées pour vous.

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