244e jour - Billy Wilder, cité dans Life at the Marmont : “Je préfère dormir dans les toilettes du Château Marmont plutôt que dans un autre hôtel.” Tout est dit.
Construit en 1929 sur des plans librement inspirés du château d’Amboise ou mourut Leonard de Vinci, le Château Marmont est surtout, et avant tout, l’hôtel (le lieu de résidence, en fait, tant les séjours y sont souvent longs) le plus prisé, et de loin, par les stars du cinéma (Greta Garbo, Robert Mitchum...), les réalisateurs (Fritz Lang, Jim Jarmusch...), les écrivains (Gore Vidal, William Faulkner...), bref par tous les créateurs attirés par Hollywood.
Au départ – en 1929 –, l’Hôtel se trouve au milieu de nulle part. Sunset strip n’est encore qu’un no man’s land. Le bâtiment compte 8 étages (ce qui est énorme pour Los Angeles à l’époque). Bientôt s’ajouteront, autour, pavillons et bungalows. Fred Horowitz, son initiateur, envisage d’abord de le baptiser Château Sunset ou Château Hollywood.
On y voit Humphrey Bogart y soigner les parterres autour de son pavillon.
On y voit les membres de Led Zep’ – entrée pour le moins fracassante – pénétrer dans le hall à moto.
“Résider au Château, c’était manifester qu’on était branché, blasé et détaché de tout.” (Jay McInerney).
Le lieu a la réputation (fondée) d’être discret. Nul potin ne s’en échappe sans consentement des personnes concernées. Il n’empêche, à force, les anecdotes, les histoires s’accumulent.
Exemple : Jim Morrison saute du toit de l’hôtel pour atteindre la fenêtre de sa chambre. “J’ai grillé la huitième de mes neuf vies”, déclare-t-il après s’en être tiré avec une vilaine blessure au dos.
En mars 1982, John Belushi y meurt d’une overdose.
En janvier 2004, Helmut Newton trouve la mort en percutant, au volant de sa Cadillac, l’un des murets de l’allée d’accès à l’hôtel.
Le Château vit les drames, les faits divers mais il ne tremble pas. Il faut dire que c’est le premier édifice de la ville à avoir été rigoureusement construit selon les normes antisysmiques. Alors…
Voilà. Sinon, le Château Marmont est bien sûr, à sa façon, l’un des personnages centraux de Somewhere, le dernier film – léger, profond – de Sofia Coppola.