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lundi 1 novembre 2010

Un visage de l’Amérique - Detroit


145e jour - Alors voilà. Je débarque à Detroit (et je compte y rester un peu). Cela faisait longtemps que ça me titillait. Je suis même déjà venu roder juste en face – à Windsor, au Canada, de l’autre côté de la rivière qui a donné son nom à la ville. Mais cette fois-ci, je plonge. je veux dire vraiment.



Je sais deux ou trois choses sur la ville – j’ai une petite idée de ce qui m’attend. Je sais par exemple que du temps de sa splendeur, la ville était surnommée Motor City ou Motown (pour Motor Town). L’industrie automobile y était alors florissante. Essor, expansion – Detroit a même un temps connu l’honneur d’être la cinquième plus grande ville des États-Unis.



Et puis sont venues les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix. La crise, les crises. Puis les subprimes. Deux millions d’habitants dans les années cinquante, 800 000 seulement au dernier recensement. Là où la voiture était reine, il n’y a plus guère d’embouteillages aujourd’hui – la ville est devenue fantôme.



Les bâtiments, en nombre, se délabrent, les bâtiments brûlent, ils s’écroulent. Les friches gagnent du terrain et, vue d’avion, Detroit est de plus en plus verte.



30% des logements de la ville sont aujourd’hui inoccupés. Le nombre des saisies immobilières, ici, est cinq fois supérieur à la moyenne nationale. Le révérend démocrate Jesse Jackson en est venu à déclarer le 29 septembre dernier : “Detroit, Michigan, c’est Ground Zero.” La formule a marqué.



Les chiffres sont choses parlantes. En vrac : 28,9% des adultes sont officiellement au chômage – ils seraient, en fait, près de 45 % ; on compte 1220 crimes violents par an pour 100 000 habitants (le FBI a classé Detroit ville la plus dangereuse des États-Unis) ; les afro-américains représentent 80 à 85% (selon les sources), de la population intramuros – les blancs, eux, ont fui en banlieue ou plus loin encore.

Un site mérite l’attention de ceux que ce chaos touche, il s’appelle 100 abandoned houses et c’est une galerie des maisons de la ville laissées à l’abandon. Les photos y sont, triste ironie, vraiment très belles.