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mercredi 17 novembre 2010

Surprise, surprise - Clermont-de-l’Oise (2)



162e jour - Mercredi dernier, je suis allé visiter Clermont-de-l’Oise parce que deux personnes dont je me sens proche y avaient vécu. Je voulais voir à quoi ressemblaient les lieux de leur enfance.
Ces deux personnes, depuis, se sont manifestées.

La première, honneur aux dames – même s’il s’agit ici d’une demoiselle –, s’appelle Annabelle. Elle a publié, en réaction, un texte que je trouve personnellement très émouvant sur La Vie Paisible, son blog (un blog qui est à son image : léger et aérien). Ce texte a pour titre Là d’où je viens… Et je ne peux que vous encourager à aller voir (je suis fier quelque part d’être à l’origine d’une pareille plongée dans le temps)…



La seconde personne, c’est Martin Angor, un type capable d’écrire des chansons qui me soufflent comme me soufflaient, au cœur des années 80, les bombes lâchées par Taxi Girl. Martin Angor, lui, a choisi de m’envoyer un message – touchant/édifiant – dont voici l’essentiel du propos (merci à lui de m’avoir autorisé à le publier).

Clermont de l’Oise...
D’un œil, ça ressemble à la Pologne sur Google Maps, et c’est un peu ça Clermont, mais c’est aussi d’autres choses, mieux, pires, que les photos que tu as choisies.
Clermont, c’était le plus grand hôpital psychiatrique d’Europe pendant assez longtemps. Tous nos parents y travaillaient, mon père était surveillant, ceux de Vadim et Philippe, psychiatres. Dans Clermont, il y avait plein de «fous», ils faisaient vivre les commerçants. Pour nous c’était normal. La fête foraine leur réservait une journée. Il y avait «Fernandel» qui nous chantait «marguerite donne moi ton coeur» en enlevant son dentier , «Clochette» qui courrait après les camions, une clochette accrochée à son béret. Ca se passait bien avec eux.
On était Punk dès qu’on le pouvait, ma génération en tout cas, et puis celle d’avant aussi. Je répétais en face de la photo que tu montres «declic, coiffure masculin», dans un garage appartenant aux pompiers, dans un groupe qui s’appelait DC10.
L’héroïne en injection était un sport local. Les trottoirs étaient verts de boîtes de Néo-Codion. Clermont a pris le sida en plein dans la gueule. Un bar entier du centre ville s’est vidé.


Clermont c’est aussi la ville du Comte de Clermont, fils du prétendant au trône de France, le Comte de Paris. Il a été déshérité. Mon grand père m’emmenait le voir quand il faisait des discours. Il fallait lui dire «son Altesse». Beaucoup de jeunes scouts royalistes. Ils n’avaient pas le droit de chanter la marseillaise...avec eux aussi ça se passait bien. Il y avait des soirées où nous étions tous ensembles, parce que c’est petit Clermont. Paris n’était pas loin, le RER s’arrête à Creil, à 20 km, mais c’est assez pour ne pas y aller tous les week-ends quand même. Je ne pense pas que je rêvais d’ailleurs, de grands espaces. Il y avait les gens que j’aimais, un certain vent de folie, une fantaisie, de jolies filles. Je suis parti pour faire mes études ailleurs, sans penser quitter cet endroit. J’ai oublié d’y revenir, c’est tout.

Voilà. Le premier album de Martin Angor est achetable/commandable/téléchargeable sur le site du label Depuis la Chambre. Sinon, si vous ne connaissez pas sa musique, ses chansons, vous pouvez visiter son site – c’est, me semble-t-il, une honnête entrée en matière. Le clip de Sombre Disco mérite lui aussi, me semble-t-il, le détour.